Bucharest Fringe – le marathon du théâtre indépendant
La capitale roumaine accueille, jusqu’au 20 octobre, le festival Bucharest Fringe — le marathon du théâtre indépendant, qui a proposé au public, depuis le 11 octobre, une sélection des meilleures productions du théâtre indépendant de Roumanie réalisées depuis un an. Durant les 8 années de son existence, Bucharest Fringe a réuni quelque 2000 artistes indépendants, qui ont présenté plus de 200 spectacles devant 20 mille spectateurs.
Corina Sabău, 19.10.2019, 13:10
La capitale roumaine accueille, jusqu’au 20 octobre, le festival Bucharest Fringe — le marathon du théâtre indépendant, qui a proposé au public, depuis le 11 octobre, une sélection des meilleures productions du théâtre indépendant de Roumanie réalisées depuis un an. Durant les 8 années de son existence, Bucharest Fringe a réuni quelque 2000 artistes indépendants, qui ont présenté plus de 200 spectacles devant 20 mille spectateurs.
Une cinquantaine de spectacles ont été inscrits pour la sélection de cette année du festival et malgré les difficultés financières auxquelles le théâtre indépendant est confronté en Roumanie, les organisateurs ont réussi à offrir au public un éventail diversifié de spectacles et d’événements. Au fil des années, le festival a réussi à contribuer au développement du théâtre indépendant — estime Radu Popescu, directeur de Bucharest Fringe : « Il y a contribué notamment par les prix accordés lors des 8 éditions déjà déroulées. Ils ont attiré l’attention des consommateurs de théâtre sur des artistes, des metteurs en scène, des scénographes, qui ont gagné une notoriété par la suite. Ainsi, parmi les lauréats de Bucharest Fringe figurent les metteurs en scène Horia Suru, Bobi Pricop et Andrei Măjeri, les comédiennes Nicoleta Lefter, Ana Ularu et Florina Glezne, les scénographes Tudor Prodan et Vladimir Turturică, dont certains se sont affirmés tout d’abord dans le secteur indépendant. Lors des premières éditions, nous avons pu accorder jusqu’à 8 prix chaque année et nous estimons que cette reconnaissance des talents est importante. Cette année, en raison de circonstances tout à fait particulières, les spectacles et les événements figurant à l’agenda du festival se sont déroulés au Théâtre Apropo ; pourtant, au fil du temps, pour les petits espaces dont bénéficie le théâtre indépendant, le festival a été une véritable bouffée d’oxygène. Seulement, cette bouffée d’oxygène ne suffit pas ; de toute façon elle n’a pas suffi pour qu’ils puissent survivre longtemps. Et malheureusement, à présent, certains ont fermé leurs portes. »
Deux premières et une avant-première ont figuré à l’affiche de cette 9e édition du festival. Il s’agit de la première de « L’Expérience Shakespeare», un spectacle-performance proposé par Andreea Radu et les comédiens Raisa Ane et Teodor Ghiță. « L’Expérience Shakespeare » met au premier plan le spectateur, elle l’emmène sur scène, aux côtés des artistes, selon un concept original et nouveau pour le public bucarestois.
La deuxième première du festival Bucharest Fringe est « LO-LI-TA a LO-VE Story » (LO-LI-TA une histoire d’AMOUR), un spectacle monté par Monica Pop. A cette édition du festival, le public peut également assister à l’avant-première des « Cercles de la confiance », dont la mise en scène est signée par Radu Popescu. Mention spéciale pour le spectacle « Hissé sur l’échafaudage », de Robert Bălan, et joué par Virgil Aioanei, Nicușor Rotaru et Robert Bălan lui-même. Il s’agit d’un spectacle introspectif sur le rôle du père dans la société contemporaine et sur l’attitude de l’homme face à ce rôle. Le scénario du spectacle utilise des fragments adaptés d’interviews réalisées durant la période de documentation, des informations reprises aux médias ou à certaines études, ainsi que des textes que les écrivains Andrei Doșa, Robert Șerban, Radu Pavel Gheo, Vasile Ernu et Igor Mocanu ont créés pour ce spectacle. Robert Bălan : «J’ai réalisé ce spectacle sans intention précise. A présent il me semble que c’est un spectacle sur les rôles des différents membres dans une famille, sur la nécessité que le père assume des responsabilités, aux côtés de la mère, pour élever l’enfant, sur la façon dont ces rôles ont changé depuis une dizaine d’années. J’étais en quête de frustrations masculines pour en parler dans mon spectacle. Après quelques représentations, je me suis rendu compte que ce mot, frustration, y apparaît très souvent. Mon intention était de trouver les aspects désagréables, disons, dont les hommes ne souhaitent pas parler d’habitude : échecs, moments où ils se sont sentis mal dans leur peau, où ils ont manqué d’argent, mais ils n’ont pas eu la force de le reconnaître ou ils ont eu honte de se présenter ainsi devant le monde. J’ai voulu développer le sujet dans cette direction et j’ai été très content d’entendre plusieurs femmes me dire par la suite que ces choses-là ne concernaient pas nécessairement les hommes, que mon spectacle aurait tout aussi bien pu être un spectacle sur les mères, il ne représentait pas uniquement le point de vue masculin. »
Et puisque 2019 est une année du livre, cette édition du festival Bucharest Fringe — le marathon du théâtre indépendant a également comporté des événements qui concernaient la littérature : le spectacle-performance de Nicoleta Lefter « An-Tan-Tina », d’après le livre de la poète Ana Blandiana « Faux traité de manipulation » et « (J’ai) aimé l’amour » — un spectacle de poésie, de prose et de chansons tirées de l’œuvre de Nina Cassian. S’y sont ajoutées des rencontres avec des auteurs importants dans le cadre du projet « Apropos de littérature »– allusion au théâtre Apropo qui a accueilli les événements du festival — et des projections de films documentaires sur les plus grands écrivains roumains. (Trad. : Dominique)