Atlas de la culture – établissements culturels du monde rural
Un « Atlas de la culture », récemment
publié, met en lumière un problème pressant : la remise en fonction des
établissements culturels dans le monde rural roumain, éléments essentiels de l’infrastructure
publique, de culture et d’éducation. Le volume en question procède à une
évaluation de la vie culturelle dans cet espace particulier, en prenant en
compte la distribution des éléments d’infrastructure, les évènements culturels
et autres.
Ion Puican, 27.08.2022, 08:37
Un « Atlas de la culture », récemment
publié, met en lumière un problème pressant : la remise en fonction des
établissements culturels dans le monde rural roumain, éléments essentiels de l’infrastructure
publique, de culture et d’éducation. Le volume en question procède à une
évaluation de la vie culturelle dans cet espace particulier, en prenant en
compte la distribution des éléments d’infrastructure, les évènements culturels
et autres.
L’Atlas a vu le jour grâce à l’Institut national de
recherche et de formation culturelle (INCFC), du ministère de la culture, et il
est réalisé avec la participation de l’Institut national de la statistique (INS),
a expliqué la directrice de l’INCFC, Carmen Croitoru : « C’est une
première démarche qui nous appartient, dans le cadre d’un programme lancé il y
a plusieurs années déjà. En fait, nous nous sommes proposé d’inventorier les
actions du secteur culturel et je dois dire que cette démarche n’aurait
probablement pas vu le jour en l’absence de l’aide précieuse de l’INS. Nous
avons donc commencé à faire des recherches et à cartographier ces
infrastructures culturelles, qui sont aussi bien la première barrière de
consommation que la première barrière d’accès à la culture en Roumanie. »
Parlant de la réalisation de l’Atlas de la culture, Carmen
Croitoru a aussi rappelé le nom de Dimitrie Gusti (1880-1955), fondateur de
l’école roumaine de sociologie : « Permettez-moi de vous
donner quelques informations techniques sur l’Atlas: il est le résultat d’une
recherche étalée sur deux ans, durant lesquels nous avons collecté des données,
des documents, des statistiques. Nous avons aussi fait un travail de terrain,
comme à l’époque de Dimitrie Gusti, une pure joie qui nous a permis de voir comment
l’on mène effectivement une recherche sociologique de ce genre. Le résultat
lui-même n’est pas vraiment réjouissant, puisqu’il met en lumière un état des
lieux plutôt inquiétant. Dans le milieu rural de Roumanie, nous avons des
institutions qui devraient livrer de la culture. Or, vous verrez dans ce volume
que ces institutions ne remplissent pas toujours leur tâche. Cet atlas est une
des plus amples initiatives d’établir de telles cartes, que nous essayons
d’appliquer à d’autres institutions aussi. Notre démarche a également voulu
avancer une proposition de politique publique relative aux établissements
culturels, car des solutions existent toujours. De très nombreuses ONG, qui ont
déjà des initiatives d’intervention culturelle, ont besoin de très peu d’aide
pour atteindre leurs objectifs. »
Le président de l’Institut national de la statistique,
Tudorel Andrei, s’est arrêté sur les avantages de cette recherche : « La
première chose à faire pour arriver au résultat escompté c’est de réaliser une
évaluation juste, d’avoir une image exacte de la réalité et une base de données
que l’on puisse mettre à jour quotidiennement. Sinon, à chaque fois, l’on
repartira à zéro, l’on construit sans savoir où nous en sommes et sans savoir
où nous voulons aller. En tant que statisticien, je peux vous dire ce que nous
constatons. Sur l’ensemble de la population de Roumanie, la population rurale a
très peu baissé depuis les années 1970. Elle se maintient dans la même
fourchette, entre 46% et 50%. Chez nos voisins, ce taux est de moins de 20%. Autre
vérité exprimée par les statistiques est celle du vieillissement de la
population rurale. Dans beaucoup de départements du pays, notamment autour des
grandes villes, dont Bucarest, l’âge moyen dépasse les 48-50 ans. Vu cette
réalité, quel service culturel la collectivité locale et l’État roumain
devraient-ils offrir à cette population ? Or, ça c’est un problème
difficile, car le service culturel doit prendre en compte l’âge des personnes
de la zone cible. »
Présent lui-aussi au lancement de l’Atlas de la
culture, le directeur du Musée national du Paysan roumain, Virgil
Nițulescu, a déclaré : « Il nous aurait fallu un tel ouvrage depuis plusieurs
années. C’est dommage d’avoir à peine maintenant une telle base de données et
une telle analyse, car ce que l’Institut national de recherche et de formation
culturelle fait c’est justement ça: réaliser des analyse et préparer le terrain
pour le lancement de politiques publiques. L’Institut a offert cet outil
accompagné d’un rapport exhaustif, je dirais, ou en tout cas bien structuré,
une analyse très appliquée de l’état des établissements culturels du milieu
rural. C’est le point de départ de notre activité future. Seules quelques
communautés rurales détiennent de tels établissements en bon état, avec une
activité remarquable, florissants, je dirais. Une majorité écrasante de ces
communautés n’a pas d’infrastructure culturelle fonctionnelle et il ne faut pas
oublier que leurs habitants sont eux-aussi nos concitoyens. Donc l’État roumain
et les pouvoirs locaux devraient offrir des conditions égales à tous les
citoyens roumains, quel que soit l’endroit où ils vivent. »
Le directeur de la Bibliothèque nationale de Roumanie,
Adrian Cioroianu, a rappelé les deux grandes causes à l’origine de la situation
actuelle, ainsi que l’activité du sociologue Dimitrie Gusti, qui devrait servir
de leçon à nos contemporains : « Je voudrais vous rappeler deux choses:
l’histoire nous montre qu’en règle générale, un effet peut avoir plusieurs
causes. Ce qui se passe aujourd’hui, cette situation désastreuse, liée à
l’involution de la culture dans le milieu rural, est le résultat de plusieurs
causes. D’une part, il y a des causes politiques, ou plutôt une politisation
excessive de certaines choses qui ne devraient pas être politisées, par exemple
l’éducation, la culture, la santé, la sécurité. Une autre cause est le
vieillissement de la population, dont les scientifiques et les statisticiens en
parlent ; mais non seulement nous ne prenons pas de mesures, nous ne
discutons même pas des éventuelles mesures à prendre. Nous parlons de Gusti et
de l’année 1921, lorsque la Roumanie souffrait à cause de beaucoup de manques,
mais elle avait une natalité florissante. Honnêtement, l’Europe entière
vieillit, ce qui est probablement le principal problème du monde moderne. Mais
le type-même de société dans laquelle nous vivons ne changera-t-il pas ? À mon
avis, la solution n’est pas de revenir à Dimitrie Gusti, qui a été un
visionnaire pour les années 1920. Nous, nous devons chercher les visionnaires
d’aujourd’hui pour le monde de demain. », a conclu le directeur de la Bibliothèque nationale de
Roumanie, Adrian Cioroianu. (Trad. Ileana Ţăroi)