Artistes invités à « danse //pl – Hier. Demain.Aujourd’hui. »
Les journées de la danse polonaise ont été ouvertes par le Théâtre Dada von Bzdülöw de Danzig, fondé en 1992 par Leszek Bzdyl et Kataryna Chmielewska. Les deux ont présenté le spectacle « Duos inexistants », dont le sujet a été la rencontre entre l’homme et la femme, sous toutes ses formes. Nombre de leurs spectacles sont inspirés de la littérature, comme c’est le cas des « Duos inexistants ». Leszek Bzdyl : « Ce spectacle est basé sur le livre d’Italo Calvino, « villes invisibles ». Nous l’avons lu et il nous semble être une histoire intéressante. Marco Polo essaye de dire à Kublai Khan les histoires de certaines villes, qui n’existent pas. Chaque ville est pleine d’odeurs, de couleurs, d’idées, de philosophies. J’ai continué cette idée des villes invisibles dans notre spectacle et nous avons pensé qu’il serait intéressant de parler de la femme et de l’homme, tout comme Marco Polo parlait de ces villes à Kublai Khan. »
Luana Pleşea, 12.04.2014, 13:00
Les journées de la danse polonaise ont été ouvertes par le Théâtre Dada von Bzdülöw de Danzig, fondé en 1992 par Leszek Bzdyl et Kataryna Chmielewska. Les deux ont présenté le spectacle « Duos inexistants », dont le sujet a été la rencontre entre l’homme et la femme, sous toutes ses formes. Nombre de leurs spectacles sont inspirés de la littérature, comme c’est le cas des « Duos inexistants ». Leszek Bzdyl : « Ce spectacle est basé sur le livre d’Italo Calvino, « villes invisibles ». Nous l’avons lu et il nous semble être une histoire intéressante. Marco Polo essaye de dire à Kublai Khan les histoires de certaines villes, qui n’existent pas. Chaque ville est pleine d’odeurs, de couleurs, d’idées, de philosophies. J’ai continué cette idée des villes invisibles dans notre spectacle et nous avons pensé qu’il serait intéressant de parler de la femme et de l’homme, tout comme Marco Polo parlait de ces villes à Kublai Khan. »
Alors que les deux danseurs racontent des histories avec leurs corps, des textes racontant eux aussi des histoires sont projetés derrière eux. Ecoutons le chorégraphe Leszek Bzdyl : « De nombreux mots se trouvent autour de nous. Lorsqu’il s’agit d’une situation de vie, nous essayons de la décrire à travers les mots. Mais nous utilisons des copies des mots dans d’autres situations. C’est pourquoi nous avons décidé de présenter cette histoire entre un homme et une femme sans utiliser des paroles, mais uniquement par le biais de notre présence sur la scène, entourés par les paroles, le poème, le texte. Il s’agit-là du niveau de compréhension, de ce que nous voulons voir. Par exemple, le texte que nous projetons sur les écrans c’est la poésie d’un ami, mais il ne nous vise pas directement. C’est son histoire à lui sur un homme et une femme. Un autre texte appartient à un compositeur polonais et c’est en fait un autre genre de poésie. Il essaie de dire des choses sur une femme et un homme, mais finalement il arrive à parler de lui-même. C’est là le défi que nous lançons au public : qu’est – ce que vous voulez voir? Vous préférerez voir votre propre histoire ou bien être de nos côtés? Vous vous rapprochez des mots ou des gestes, de la sensibilité des artistes qui se trouvent sur la scène ? »
A l’invitation du collectif komuna//warszawa, le danseur et chorégraphe Mikołaj Mikołajczyk a fait revivre, dans le cadre du projet RE//MIX, une des légendes du théâtre polonais. Il s’agit de Henryk Tomaszewski, celui-même qui se trouve à la base de sa carrière de danseur. Le spectacle “RE//MIX Henryk Tomaszewski”a été présenté à Bucarest aussi, lors des Journées de la danse polonaise.
Mikołaj Mikołajczyk explique qu’à la différence de son mentor, qui mettait un accent particulier sur l’esthétique, sur la technique de la danse, lui, il mise sur le contact avec le spectateur et l’impact émotionnel du spectacle. “Dans ce spectacle, je me sens moi-même, mais sans Tomaszewski, mon père artistique, ce spectacle n’aurait pas existé. Ma vie artistique a commencé au moment où Tomaszewski m’a donné ce souffle. Je tente d’exprimer ce que cela a signifié pour moi. D’ailleurs c’est dans le même registre que je clos le spectacle: le souffle dont Tomaszewski m’a fait don et moi-même nous ne faisons qu’un. L’artiste que je suis actuellement doit tout à ce souffle. J’ai toutefois tenté de couper le cordon ombilical qui me liait à Tomaszewski. Il y a une vingtaine d’années, il m’avait invité dans son théâtre. Il m’avait pris la main, puis il l’avait lâchée. C’est ce que je fais moi aussi avec mes spectateurs. Je souhaite qu’il ressentent exactement la même émotion que j’ai éprouvée il y a vingt ans, quand Tomaszewski m’a invité dans le théâtre”.
Considéré comme un précurseur de la danse contemporaine, comme quelqu’un qui occupe une place unique et sans égal dans l’histoire de la danse, Vaslav Nijinsky notait dans son « Journal »: “ Je suis Dieu au plus profond de mon être. Tout le monde a le même sentiment, mais personne ne le met à profit”.
Ce « Journal » est à l’origine du spectacle “Nijinsky. La fête des rêves”, créé par une équipe de trois artistes. Il part de l’idée du metteur en scène Sławek Krawczyński, qui puise son inspiration dans la psychologie centrée sur le processus et développée par le Suisse Arnold Mindell. Voici ce qu’affirmait le danseur Tomasz Wzgoda à propos de la naissance de ce spectacle : “Cette méthode de la psychologie centrée sur le processus s’est avérée être très intéressante, car elle travaille davantage avec le psychisme. Quand il a cessé de danser, Nijinski, a commencé à être atteint de troubles psychiques, diagnostiqués comme étant de la schizophrénie. Moi j’ai travaillé surtout avec l’inspiration, avec les impulsions fortes, avec ses pensées. Il montait sur la scène pour transmettre aux gens de l’énergie vitale. Tant qu’il a dansé, il a été en bonne santé, mais dès qu’il a arrêté de le faire, il n’a plus utilisé cette énergie, ne l’a plus transformée et s’est éloignée de la vie. Il a été intéressant de suivre cette histoire et de trouver les mouvements capables de la rendre. En ce sens, la méthode que j’ai utilisée pour créer la chorégraphie, celle de la psychologie orientée vers le processus, cette méthode donc a été très intéressante. C’est moins de la chorégraphie et plus du processus psychique de Nijinski”.
Les journées de la danse polonaise à Bucarest se sont achevées par deux solos créé et interprétés par Agata Maszkiewicz et Agata Siniarska, deux jeunes chorégraphes représentatives de ce qui se passe actuellement dans la danse contemporaine de Pologne.
Il s’agit du fait qu’en raison des maigres financements, la plupart des chorégraphes choisissent de danser des solos créés par eux-mêmes. “dans//pl — Hier.Demain.Aujourd’hui” est un événement organisé par le Centre national de la danse de Bucarest en partenariat avec l’Institut culturel polonais, afin de mettre en relation la danse roumaine avec les cultures chorégraphiques de la région…(trad. : Mariana Tudose, Alex Diaconescu)