La Journée de l’Auditeur 2013
Quel avenir pour les radios internationales ?...
România Internațional, 03.11.2013, 16:29
Le 1er novembre 1928 était diffusée la première émission radiophonique de Roumanie. Cette année, RRI marque donc son 85e anniversaire, une occasion pour donner la parole à ses auditeurs dans le cadre de l’édition 2013 de « La Journée de lAuditeur sur RRI ».
Chers amis, c’est un moment dont nous sommes fiers, que nous célébrons avec une certaine nostalgie et qui nous pousse à nous interroger sur l’avenir. Cet anniversaire est aussi pour RRI l’occasion de vous appeler à réfléchir ensemble à l’avenir des radios internationales. On vous a donc invités, chers auditeurs, à nous faire part de vos réflexions en ce qui concerne l’évolution future des radios internationales et de vos attentes à leur égard!
A quoi ressembleront et quelles seront les dimensions globales des émissions pour l’étranger? Quels en seront les moyens de diffusion ? Quel sera le rôle des radios internationales dans un monde où l’information est de plus en plus accessible? Vous avez été bien nombreux à répondre à nos questions, merci à vous et maintenant, le temps est venu de vous donner la parole : nous nous faisons un plaisir de présenter des extraits de vos participations, très nombreuses, il faut le dire. En voici quelques-unes, qui nous ont particulièrement retenu lattention…
Philippe de Caen – France
Déjà, je vous félicite pour la qualité de vos programmes que jécoute avec intérêt (en anglais et en français). Le bon niveau de réception, ici, près de Caen en Normandie, me permet de synchroniser parfaitement vos émissions en DRM. Votre station est une des rares à proposer ce mode avec un tel niveau. Pour moi, cela représente un confort appréciable.
Pour parler plus généralement, une radio internationale contribue au rayonnement de la culture du pays quelle représente. Ce rayonnement seffectue par des informations sur les évènements locaux ainsi que des reportages pour faire connaître le pays et susciter lenvie de venir le visiter et de rencontrer ses habitants. Des cours de langue peuvent aussi être proposés mais ceux-ci sont plus efficaces si lon peut lire en même temps.
Bien sûr, il existe dautres moyens comme lInternet, les réseau sociaux, etc mais la radio garde une dimension de performance, de confidentialité et de chaleur inégalée par tous les moyens modernes : lorsque je vous écoute en ondes courtes, au casque, nous sommes ensembles, vous et moi. La relation humaine existe par la transmission de la voix alors quelle ne passe par à travers la froideur des écrans. Il marrive aussi découter via linternet mais dans ce cas, je suis moins attentif car je fais autre chose en même temps.
Je souhaite longue vie à RRI !
Christian Ghibaudo – France
A partir des années 50 et jusqu’au milieu des années 90, les radios internationales avec la diffusion sur les ondes courtes étaient très populaires avec de nombreuses langues utilisées donc un grand auditoire. Depuis les choses ont changées, peut être pas dans le bon sens à mon avis.
Dans les années 80, j’écoutais très régulièrement Radio Canada Int., R. Suède, Radio RSA., R. Japon. Avec la chute du Communisme, dans les années 90 j’ai changé mes habitudes : j’ai continué à suivre R. Canada et de nouveaux horizons se sont ouverts à moi, comme Radio Prague et Radio Taiwan Int. La Suède et l’Afrique du Sud ayant mis un terme à leur excellent service international en français…
Au début des années 2000, j’ai redécouvert RRI à qui je suis resté fidèle depuis ces années et j’ai pris d’autres habitudes avec R. Slovaquie, la Corée, l’Argentine tout en continuant avec les autres stations.
Et nous voilà dans la deuxième décennie du 21ème siècle, les crises économiques et le désintéressement des élites politiques pour les émissions internationales amèneront beaucoup de pays à fermer leurs stations internationales.
Je pense en particulier à Radio Canada Int. et à Radio Nederland qui avaient d’excellents programmes, et qui en disparaissant ont laissé beaucoup d’auditeurs sur le carreau…
Maintenant avec la diffusion sur Internet, j’ai pris d’autres habitudes. J’écoute toujours très régulièrement RRI (environ 4 fois par semaine), R. Slovaquie, Prague, Taiwan, la Corée, le Japon et toujours l’Argentine. Bien sur pour certaines stations, c’est seulement 1 fois par semaine faute de temps…
Pour en revenir au sujet de cette Journée de l’auditeur, quel est l’avenir des radios internationales ?
Les « grandes » stations internationales comme la VOA, la BBC, R. Chine Int., RFI… ont encore un avenir, avec beaucoup d’auditeurs fidélisés. Bien sur petit à petit il y aura des changements dans le mode de diffusion, abandon progressif des ondes courtes pour se tourner vers Internet, les relais locaux et aussi la télévision. Car il ne faut pas oublier que la télévision prend de plus en plus de place dans les moyens de s’informer des populations. Personnellement, je n’écoute que très rarement le BBC World Service, par contre je suis très régulièrement la chaine de télévision BBC World. Donc pour ces stations, tant que leurs Gouvernements respectifs auront les moyens financiers et la volonté de les maintenir, je ne me fais pas de soucis pour la continuation de leurs émissions.
Par contre pour les autres stations plus « petites », comme RRI cela sera plus difficile. Cela en raison du coût de diffusion et de réalisation des émissions. Les budgets ayant tendance à se resserrer de plus en plus, les autorités politiques auront peut être moins envie de financer des émissions internationales. Surtout si l’auditoire se rétrécit faute de nouveaux auditeurs. L’abandon (inévitable à mon avis) des ondes courtes au profit de l’Internet, est l’un des raisons de la perte des auditeurs. Beaucoup de stations, comme la Slovaquie, la Moldavie, Prague ont abandonné les ondes courtes et une très grande partie de l’auditoire n’a pas suivi sur Internet. Résultat, Radio Moldavie à disparu complément, les dirigeants de la radio moldave ayant estimé que les frais financiers pour maintenir RMI étaient trop élevés pour le petit nombre d’auditeurs.
C’est là la clef de la continuité des émissions de radios internationales. Tant qu’il y aura un auditoire important, les dirigeants des stations mères ou les politiques seront enclins à ouvrir les cordons de la bourse.
C’est pour cela que la qualité des programmes est un moyen important de retenir les auditeurs. Il faut aussi une diversité des moyens de diffusion, le « tout Internet » ne suffit pas à mon avis. Malgré ce que l’on pense de très nombreux habitants de la planète, dont de nombreux français n’ont pas accès à Internet. Dans certains pays c’est pour des raisons techniques mais en Europe c’est de plus en plus pour des raisons économiques. La diffusion sur les ondes traditionnelles est gratuite, alors que l’écoute sur Internet nécessite l’achat de matériel et l’abonnement à un fournisseur d’accès….
Il faut aussi penser à la perte d’intérêt des populations pour l’écoute des radios internationales, en raison des nouvelles offres comme Internet.
J’ai bien peur que pour toutes ces raisons, le nombre de stations de radios internationales se réduira encore dans les années à venir. Disparitions totales ou diffusion réduite à une peau de chagrin. Mais comme je veux rester optimiste, je pense que les ondes courtes seront encore utilisées pour une dizaine d’années surtout par les stations ayant comme objectif de conserver un auditoire en Afrique et en Asie.
Par expérience, il faut savoir que quand un pays ferme sa radio internationale (hormis bien sur les grandes puissances), on n’entend plus parler de ce pays, et son influence en est fortement réduite.
J’espère aussi, que RRI et son service français seront encore longtemps sur les ondes pour nous informer et nous divertir sur la Roumanie.
Philippe Marsan – France
En ce qui me concerne, je vois lavenir de la radio très positif. Toutefois, ce moyen de diffusion change en fonction des outils de transmissions du 21-ème siècle, notamment Internet. Quel bonheur pourtant que cela est passionnant avec un récepteur fonctionnant avec des lampes, âgé souvent de plus de 60 ans découter RRI. Au fil de laiguille et du cadran qui se déplace au grès dune onde claire, soudain, nous recevons comme par magie, notre radio préférée. Les émissions sont très intéressantes, culturelles, lactualité, les thèmes abordés. Avec lInternet, un simple clic suffit; cest de linstantané, du rapide, de limmédiat. Où est le charme de ce quon appelait autrefois la TSF ? Alors nostalgie dun monde qui sefface, ou bien passion de ce média toujours présent et futur.
Bezazel Ferhat – Algérie
Si quelquun me demandait croyez-vous quil arriverait un moment où londe courte va mourir, je répondrai que malheureusement oui. Parce que dans cette ère de haute technologie, le téléphone mobile est devenu maintenant le téléphone intelligent et la radio analogue est devenue une smart radio. Du coup, la radio classique risque de devenir comme le souvenir d’un passé heureux. Mais, je ne peux pas enterrer mon poste de radio, je ne veux pas le conserver comme un élément de mémoire ou comme un ornement sur mon bureau.
Pour moi, ce poste nest pas seulement un équipement électronique, il est un ami de longue date qui m’a accompagné depuis plus de 20 années maintenant. Il fait partie de ma vie, de ma jeunesse. Il est compact, portable, facile à utiliser et surtout pas cher – cest pourquoi jaime le prendre avec moi dans mes voyages, je peux dire que je ne peux pas imaginer ma vie sans mon poste de radio. La réduction des services en ondes courtes est une source de frustration et même de colère pour moi et pour des millions et des millions de gens comme moi, car pour nous, il ny a rien qui puisse remplacer la radio dans la vie. En Afrique, la radio et les ondes courtes sont la seule façon dapprendre des informations sur le monde.
Paul Jamet – France
Quel avenir pour les radios internationales ?
Il est clair que le sujet préoccupe tant les diffuseurs que les écouteurs.
Depuis plus dune dizaine dannées, le paysage radiophonique international se raréfie et régulièrement des stations internationales disparaissent des ondes courtes pour devenir des web radios, voire elles cessent totalement toute activité et disparaissent complètement. Selon le contexte économique, cela sest fait brutalement ou par étapes en réduisant progressivement le nombre de langues utilisées, la durée des programmes ou des heures dantenne. Exemple :
Après avoir émis sur des dizaines de fréquences en quelques 90 langues du temps de lURSS, Radio Moscou devenue la Voix de la Russie après la chute de lURSS va cesser ses émissions en OC !!!
Ainsi, le paysage des OC se précise : il y a ceux qui y croient toujours et qui investissent dans de nouvelles installations modernes et se préparent au numérique et ceux qui abandonnent le hertzien ou presque pour Internet et, cest le cas de la Russie, émettre sur des canaux DAB (Voice of Russia in English est sur le DAB à Londres) ou des relais FM (BBC, DW, RFI, VoA, etc.).
La Chine va encore récupérer des fréquences OC !!! La Chine a modernisé ses centres émetteurs et utilise de puissants émetteurs de 500 Kw par exemple depuis Urumqui.
Néanmoins, ce déclin nest pas valable pour toutes les stations. Par exemple, aujourdhui on observe donc que la Chine sempare rapidement des fréquences abandonnées par les stations occidentales ou que dautres pays, telle lInde, met en place une véritable stratégie de numérisation de ses émissions internationales et domestiques.
Au-delà de ces quelques exemples, il faut bien distinguer comme dans toute stratégie de communication, les contenus des techniques utilisées pour les diffuser, même sil existe indéniablement une interdépendance entre les deux et prendre en considération :
1 – les objectifs de la station internationale : informer, promouvoir un pays, promouvoir une religion, etc. Il appartient aux stations, en fonction de leur cahier des charges de préparer des programmes qui peuvent plaire à une audience internationale, ce qui nest pas toujours évident tant lhumanité est diversifiée sur le plan culturel et linguistique ;
2 – les moyens techniques : au cours des dernières années les diffuseurs se sont trouvés confrontés à larrivée de nouvelles techniques complétant voire remplaçant les ondes courtes. Le satellite puis Internet qui a ajouté une nouvelle dimension, celle de linteractivité avec lauditoire via le courrier électronique et les réseaux sociaux. Sans oublier le téléphone mobile qui offre lui aussi la possibilité découter les stations internationales via des applications spécifiques. Enfin, lauditeur peut écouter en direct ou en différé (podcast) ce qui lui permet découter ou réécouter une émission alors quil nétait pas présent lors du direct parfois avec des relais FM ou sur les réseaux câblés.
Certains diffuseurs ont réussi malgré tout, dans un contexte économique difficile, a mettre en oeuvre la quasi totalité de ces moyens de diffusion. En effet, selon les continents, les moyens découte utilisés et les habitudes des auditeurs sont différentes. La diffusion par satellite est très utilisée en Amérique du Nord. Les OC sont maintenant réservées le plus souvent aux régions les mois avancées telles lAfrique, lAmérique du Sud et lAsie du Sud-Est avec de nombreuses nuances il est vrai. Pour les autres pays, beaucoup de stations noffrent quInternet.
A tout cela, est venue sajouter le DRM, la numérisation de londe courte. Paradoxalement, ce sont les BRICS, pour linstant le Brésil mais surtout lInde qui y croient vraiment.
Un grand pays de lAsie du Sud a décidé de basculer toutes ses émissions radiophoniques en DRM dici la fin 2017. Il sagit de lInde !
Cest un vrai défi, car il faut changer à terme tous les récepteurs radio dans un pays oů celle-ci est encore très très écoutée et où les Ondes courtes sont utilisées, pas seulement pour linternational mais aussi pour le national. LInde va-t-elle fabriquer rapidement des millions de récepteurs DRM à bas prix ? Cest la question quil faut se poser.
Vous trouverez toutes les informations à cette URL :
Migration to Digital Radio
http://allindiaradio.gov.in/Services/Digital%20Transmission/Pages/simple.aspx
http://allindiaradio.gov.in/Oppurtunities/Recruitment/Documents/DRMcontent_Website.pdf
En Europe, la BBC WS croit au DRM et offre 4h démissions chaque matin. Il faut aussi citer la REE et bien entendu RRI qui propose des émissions en DRM dans plusieurs langues. Je me demande pourquoi ces trois stations ne se font pas plus entendre au sein de lUER – LUnion européenne de radiodiffusion.
Dautres stations séquipent pour le DRM, tels le Japon et Taiwan. A noter aussi que la Nouvelle-Zélande émet en DRM et en français pour les îles du Pacifique.
Enfin, il reste les nostalgiques des OC analogiques classiques !
Je vous fais suivre cet échange de message avec Radio Prague. Une partie de ce texte a été repris dans le dernier courrier des auditeurs de cette station du 17 juillet dernier :
http://www.radio.cz/fr/rubrique/courrier/les-ondes-courtes-toujours-au-coeur-de-linteret-de-nos-auditeurs
Voici pour ces informations, ces idées qui reposent sur ma propre expérience mais aussi sur mes lectures ou participation à des conférences telles celles de la journée mondiale de la radio à lUNESCO à Paris. A cette URL, vous trouverez des textes, des témoignages :
http://www.unesco.org/new/fr/unesco/events/prizes-and-celebrations/celebrations/international-days/world-radio-day/
tel celui-ci :
http://www.unesco.org/new/fr/unesco/events/prizes-and-celebrations/celebrations/international-days/world-radio-day/shortwave-radio/shortwave-article/
Le 13 février 2013, Mme Westcoot de la BBC a très bien défendu les OC lors de la journée internationale de la radio. Permettez-moi de vous donner cette référence :
http://www.publications.parliament.uk/pa/cm201011/cmselect/cmfaff/849/849vw18.htm
Seule lOC, analogique ou numérique, permet aujourdhui de toucher tout le monde sur le globe. Un pays peut couper de suite laccès à Internet ou le restreindre. Le brouillage des ondes coûte cher et nest pas totalement efficace.
Au-delà de toute nostalgie dans mes propos, je pense que la radio internationale a de lavenir. La diversité qui règne sur cette planète a besoin de se refléter dans les émissions de radios. La Radio est un médias facile à mettre en oeuvre et peu onéreux comparé à la télévision.
Dans un monde qui a de plus en plus tendance à se fragmenter, la radio internationale reste pour moi un trait dunion, un moyen daller vers lautre pour le découvrir, le comprendre et surmonter ses appréhensions.
En conclusion, lavenir des stations internationales repose à la fois sur :
a – la qualité des contenus : face à la télévision, face à loffre pléthorique, seuls les contenus originaux et de qualité seront appréciés ; Internet offrira un complément indispensable pour linteractivité avec lauditoire et pour la complémentarité avec les émissions. La possibilité de ré-écouter sera appréciée. Les podcasts doivent être proposés. Savez-vous quen France, la station la plus podcastée est… France-Culture qui vient de fêter ses 50 ans. Ses contenus restent accessibles en ligne durant 1000 jours ! A méditer.
b – la numérisation du signal pour offrir un confort découte auxquels les auditeurs sont aujourdhui habitués : selon les Régions du monde, les vecteurs varieront : relais FM et maintenant DAB+, satellite, réseaux câblés, Internet et DRM ; dailleurs cela contribuera à la visibilité des stations internationales.
Mais il reste encore beaucoup à dire sur lavenir des radios internationales ! Depuis plus de 110 ans, laventure de la radio est une aventure formidable. On ne peut demander quelle continue car cest très enthousiasmant.
Nouari Naghmouchi — Algérie
Je suis un ancien amateur des radios sur ondes courtes. Je dis ancien car depuis que jai découvert lInternet et les possibilités que ce média offre, lécoute des ondes courtes mest apparu tellement obsolète. Et je crois que le problème est là pourquoi encore diffuser sur ondes courtes vers lEurope alors que le nombre dauditeurs potentiels est tellement plus élevé sur le net ? Lécoute de radios sur ondes courtes est en effet une écoute bien aléatoire : lorsquon est en ville, il faut quon ait un horizon dégagé, quil ny ait pas dinterférences électriques, de plus, une telle écoute est tellement inconfortable ! En Europe – et pour avoir même été moniteur officiel dune radio Radio Corée International, pour la nommer -, on peut constater que les auditeurs européens non seulement se raréfient mais ont une moyenne dâge qui augmente.
Eric Laberge – Canada
Lorsque j’ai appris qu’il y avait une Journée des auditeurs et que le thème consistait à donner nos réflexions et nos attentes sur le futur des ondes courtes, je n’ai pu m’empêcher de vous écrire quelque chose, d’autant plus que, même si je vous écoute depuis plusieurs années, je ne vous ai pas encore envoyé de rapport d’écoute. Je vais donc tenter de racheter ma faute aujourd’hui !
Votre signal sur ondes courtes est généralement fort et très fiable, ce que je considère essentiel pour une station ondes courtes. En effet, bien que je sois radio amateur, que j’aie par le fait même de bonnes connaissances en radio et que je cherche souvent à recevoir des signaux faibles ( DXing ), ce n’est pas le cas de tout le monde ! Une station qui a un bon signal, donc qui peut être captée seulement avec l’antenne télescopique d’un récepteur ondes courtes, a une longueur d’avance pour attirer et garder ses auditeurs. C’est certainement une condition de sa survie.
Pour moi, la diffusion en ondes courtes est un moyen de diffusion fantastique. Même si on connaît les phénomènes physiques qui sont impliqués dans la propagation des ondes courtes, c’est toujours avec une grande fascination que je reçois des ondes qui parviennent du bout du monde sans être relayées ou amplifiées par un quelconque moyen. Et cela, c’est sans compter le plaisir de la découverte. En effet, les conditions de propagation étant changeantes, on peut souvent recevoir des stations dont on ne connaissait pas l’existence et découvrir ainsi de nouvelles cultures, de la musique d’ailleurs, etc.
Cependant, bien que je sois un grand amateur des ondes courtes, je constate aussi ce qui se passe depuis une quinzaine d’années, à savoir la diminution constante du nombre de stations. Les défis sont grands pour le futur de ce moyen de communication : les émetteurs sont à grande puissance et donc coûtent cher à opérer ; et dans l’insécurité économique actuelle, les gouvernements ont des choix budgétaires à faire. De plus, il y a aussi une question d’éducation : relativement peu de gens aujourd’hui, lorsque je regarde mon entourage, savent que les ondes courtes existent et connaissent leurs possibilités. Le nombre d’auditeurs est donc en conséquence, du moins dans certaines régions du monde, et peut ne pas justifier de continuer les opérations. Cependant, c’est aussi un cercle vicieux : si l’offre baisse constamment, les gens vont de plus en plus laisser tomber, ce qui à son tour va justifier des coupes supplémentaires dans le service, ce qui va décourager encore plus les auditeurs, et ainsi de suite. Il faut donc mettre un frein à cette spirale descendante, ce que vous faites en continuant à être présents de belle façon sur les ondes courtes.
Pour ce qui est du futur, je suis réaliste. Je pense que, malheureusement, nous assisterons à la fermeture d’autres émetteurs et que le glissement vers la diffusion par Internet va continuer, du moins à court terme. Il est indéniable qu’il y a une clientèle pour ce dernier médium, et que cela permet de rejoindre de nouveaux auditeurs qui ne vont pas spontanément vers la radio traditionnelle. Cependant, bien que la diffusion par Internet aie de bons côtés, tels que la possibilité d’écouter les programmes à n’importe laquelle heure du jour ou de pouvoir les emporter avec soi dans un baladeur numérique, elle a aussi des faiblesses. En effet, la censure et l’espionnage sont très faciles à faire par le biais d’Internet, comme nous le démontre les exemples de la Chine et de la NSA aux États-Unis… et comme peut nous le dire n’importe lequel informaticien ! Par contre, par la radio, c’est plus difficile. On ne peut pas censurer une personne qui parle sur les ondes dans un autre pays, à moins de brouiller le signal de la station. Et encore, il y a moyen de contourner le brouillage. De plus, pour écouter des contenus sur Internet, il faut avoir en sa possession un ordinateur qui est minimalement à jour au niveau des logiciels et aussi un abonnement à un fournisseur. Tout ceci entraîne des dépenses qui ne sont pas à la portée de tous, alors que la radio est gratuite pour les auditeurs et accessible partout, même au milieu du désert !
Donc, les ondes courtes continuent à offrir de grandes possibilités en termes d’accessibilité pour tous, de même que pour obtenir de l’information équilibrée et l’accès à une grande variété culturelle. La radio est très démocratique dans sa nature même. À cause de cela, je ne crois pas que ce moyen de diffusion va disparaître complètement, car il permet de rejoindre tout le monde peut importe l’endroit. Je pense que ceux qui continueront à offrir un service décent sur les ondes courtes en récolteront les fruits dans le futur.
Pour ce qui est du contenu, je pense qu’une bonne station ondes courtes permet de faire découvrir et apprendre des choses à ses auditeurs et à les faire voyager par la pensée. Comme je le disais plus haut, c’est important, par les ondes courtes, d’avoir accès à des informations de l’étranger qui nous parlent de sujets que ne traitent pas ou peu les médias locaux. Il est aussi important d’avoir une autre opinion et une autre perspective sur les événements mondiaux, environnementaux, économiques, etc. Aussi, après les choses sérieuses, il est intéressant de découvrir un pays ou une région du monde, d’avoir de la musique, peu importe le genre, des chroniques sur une foule de sujets, des concours, ou même du radio-théâtre ! La radio étant un médium qui favorise l’utilisation de l’intelligence et de l’imagination par ses auditeurs, tout programme qui va dans ce sens va susciter l’intérêt et la curiosité de ces derniers.
En bref, l’essentiel est, je crois, d’offrir une programmation variée, pertinente et dynamique, ce que vous faites très bien. J’en profite, en guise de conclusion, pour féliciter toute l’équipe pour son travail et une longue vie à votre station.