Theodor Pallady
Né en avril 1871 et éteint le 16 août, il y a 61 ans, Theodor Pallady est un des grands noms de la peinture roumaine. Issu d’une famille d’aristocrates, qui l’avait destiné à une carrière d’ingénieur, il choisit l’art et mène une vie plus ou moins bohème à Paris.
Christine Leșcu, 29.08.2017, 15:26
Né en avril 1871 et éteint le 16 août, il y a 61 ans, Theodor Pallady est un des grands noms de la peinture roumaine. Issu d’une famille d’aristocrates, qui l’avait destiné à une carrière d’ingénieur, il choisit l’art et mène une vie plus ou moins bohème à Paris.
Mihaela Murelatos, curateur du Musée Th. Pallady de Bucarest, retrace en quelques mots son parcours: « Pallady était issu de la famille des boyards Palade, sa généalogie remontant en Moldavie jusqu’au 17e siècle. Sa mère était une descendante de la famille princière des Cantacuzène. Enfant, le petit Theodor étudie à la maison, avec un instituteur français. Il suit après les cours d’un lycée bucarestois. Il fait, toujours à Bucarest, des études d’ingénierie, qu’il poursuit à Dresde, où il prend, parallèlement, des leçons de peinture, avec le peintre allemand Erwin Oehme. Celui-ci lui conseille d’abandonner l’ingénierie, pour se consacrer à la peinture, ce que Pallady allait effectivement faire, risquant de contrarier ses parents et de se retrouver sans ressources. Peu après il allait quitter Dresde pour aller à Paris. Il commence par étudier avec le peintre symboliste Jean Arman, ensuite il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts, dans la classe du peintre Gustave Moreau où il aura, entre autres, pour collègue le peintre Henri Matisse. »
De retour en Roumanie, Pallady ouvre en 1904 une première exposition à l’Athénée roumain de Bucarest. Il expose ses œuvres à plusieurs reprises à Paris, où il allait passer la plupart de l’entre-deux-guerres, jusqu’en 1939, année de son retour définitif au pays.
A Paris, il habite Place Dauphine, dans le même bâtiment qu’un autre Roumain épris d’art : Gheorghe Răut, pendant l’entre-deux-guerres directeur de la banque Marmorosch Blank. Collectionneur passionné, Gheorghe Răut achète plusieurs œuvres de Th. Pallady, pour sa collection, dont il allait faire don à l’Etat roumain. Il s’agit de quelque 800 ouvrages d’art graphique et de quelques toiles dont les portraits des comédiennes Maria Ventura et Marioara Voiculescu. D’ailleurs, bien qu’il ait vécu à Paris, pour être plus proche de la communauté artistique de la Ville Lumière, Pallady ne s’est jamais trop éloigné de ses sources d’inspiration roumaines.
Mihaela Murelatos nous parle de l’amitié qui a lié Theodor Pallady et Henri Matisse : « Pallady a insufflé à son ami Matisse l’amour de la blouse roumaine. La toile « La blouse roumaine » de Matisse a été peinte sous l’influence de Pallady. Matisse possédait également une collection impressionnante de blouses roumaines. Tout au long de leur vie, les deux artistes ont eu des controverses amicales sur la prééminence de la ligne sur la couleur ou de la couleur sur la ligne. Pallady, qui avait fait des études d’ingénierie et maîtrisait davantage l’art du dessin, estimait que la ligne était plus importante que la couleur. Matisse, au contraire, mettait l’accent sur les couleurs vives, puissantes, affirmant la primauté de la couleur. Chacun soutenait fermement son point de vue. Pallady estimait que la ligne représente l’esprit et la couleur – la matière. »
Les touristes de passage à Bucarest peuvent en juger eux mêmes, en visitant la maison Melik, qui abrite le musée Th. Pallady. Ils y découvriront la collection que les époux Serafina et Gheorghe Răut ont offerte en donation à l’Etat roumain. (Trad. : Dominique)