Les moulins de Cheile Rudariei
L’ensemble de moulins à eau de Cheile Rudăriei, (Les gorges de la Rudaria), le plus grand en son genre dans l’Europe du sud-est, est mis en marche par les eaux de la petite rivière, Rudărică, un des affluents de la rivière Nera. Le nom ancien de la commune, Rudăria, renvoie aux mots du vieux slave « ruda » et « reka », signifiant « minerai » et respectivement « rivière » ou désignant la pierre des meules.
Christine Leșcu, 09.10.2015, 15:20
L’ensemble de moulins à eau de Cheile Rudăriei, (Les gorges de la Rudaria), le plus grand en son genre dans l’Europe du sud-est, est mis en marche par les eaux de la petite rivière, Rudărică, un des affluents de la rivière Nera. Le nom ancien de la commune, Rudăria, renvoie aux mots du vieux slave « ruda » et « reka », signifiant « minerai » et respectivement « rivière » ou désignant la pierre des meules.
La première attestation documentaire de ces moulins remonte au XVIIIe siècle. Ces systèmes hydrauliques auraient été amenés dans la région dès les XIIe – XIIIe siècles par les moines cisterciens. Certains de ces moulins ont été restaurés, d’autres ont été entièrement reconstruits, tout en gardant les plans originels. Mihai Otiman, administrateur à la mairie de la commune Eftimie Murgu, nous en dit davantage : Les premiers moulins datent de 1772. Certains ont disparu avec le temps. Nous en comptons à présent 22, en état de fonctionnement. Malheureusement, les crues de septembre dernier en ont abîmé deux, mais avec l’aide de la Compagnie nationale d’investissements, on a réussi à les reconstruire. On a également refait quatre barrages et on espère qu’une fois achevés les travaux de reconstruction d’un cinquième, tout reviendra à la normale. Cette année, on n’a pas non plus été épargnés par les ennuis. A cause du manque de précipitations, le débit de la rivière a diminué ce qui empêche le bon fonctionnement des moulins.»
Les moulins sont disposés le long du cours d’eau. Faute d’un assez grand débit, les habitants ont construit des barrages pour retenir le maximum d’eau nécessaire. Chaque moulin a son nom. Ils sont baptisés d’après le constructeur, le lieu d’emplacement ou la famille qui les gère sur demande des autres copropriétaires.
Mihai Otiman explique comment fonctionne la copropriété : « Les moulins appartiennent aux villageois. Chacun a une trentaine de propriétaires, qui se chargent de le maintenir en bon état et qui viennent y moudre leurs blés selon un calendrier bien établi. Le maïs et le blé sont transformés en farine ou en nourriture pour le bétail. Ces moulins ne sont pas des objets de musée, car ils sont fonctionnels.»
L’architecture vernaculaire des moulins à eau des Gorges de Rudăria a été restaurée au début des années 2000, sous la houlette des spécialistes du Musée d’ethnographie Astra de Sibiu. Ces travaux de restauration ont été financés via EUROART, le fonds culturel alloué par l’UE à la Roumanie. Mihai Otiman: « Les moulins sont construits entièrement en bois. Avec le temps, ils ont perdu certains de leurs éléments spécifiques. Par exemple, les roues à aubes originelles étaient en bois, mais comme les artisans maîtrisant les techniques de construction de ces roues se sont faits de plus en plus rares, on est passé aux roues métalliques. Pourtant, tout le reste est en bois, même les toits. »
L’ensemble de moulins à eau des Gorges de la Rudăria figure sur la liste des monuments historiques de Roumanie et reçoit des centaines de visiteurs annuellement. (trad. Mariana Tudose)