Les histoires de Bucarest racontées par Domenico Casselli..
Vers le milieu du 19-e siècle, le processus de modernisation des principautés roumaines s’est visiblement intensifié. Un nombre croissant de bâtisseurs italiens ont commencé à arriver en Valachie et en Moldavie, s’ajoutant aux Italiens venus s’y établir pendant les siècles antérieurs et qui s’étaient fait remarquer en tant qu’intellectuels ou hommes de sciences. Il convient de mentionner, parmi eux, le secrétaire florentin du prince régnant Constantin Brancovan, Antonio Maria del Chiaro, auteur d’importants mémoires sur la Valachie. Au 19e siècle, de nouveaux édifices commençaient à être érigés, dans les styles architecturaux en vogue à l’époque. Or, pour les bâtir, il fallait des architectes et des ingénieurs qui connaissent les nouvelles exigences, ainsi que des maçons familiarisés avec les matériaux utilisés.
Christine Leșcu, 16.06.2015, 14:14
Vers le milieu du 19-e siècle, le processus de modernisation des principautés roumaines s’est visiblement intensifié. Un nombre croissant de bâtisseurs italiens ont commencé à arriver en Valachie et en Moldavie, s’ajoutant aux Italiens venus s’y établir pendant les siècles antérieurs et qui s’étaient fait remarquer en tant qu’intellectuels ou hommes de sciences. Il convient de mentionner, parmi eux, le secrétaire florentin du prince régnant Constantin Brancovan, Antonio Maria del Chiaro, auteur d’importants mémoires sur la Valachie. Au 19e siècle, de nouveaux édifices commençaient à être érigés, dans les styles architecturaux en vogue à l’époque. Or, pour les bâtir, il fallait des architectes et des ingénieurs qui connaissent les nouvelles exigences, ainsi que des maçons familiarisés avec les matériaux utilisés.
Certains de ces maçons sont venus d’Italie, ils s’y sont adaptés, ont fondé des familles et s’y sont établis. Une partie de leurs descendants ont continué leur métier, d’autres se sont orientés vers d’autres domaines. Ce fut le cas du journaliste et historien Domenico Caselli, un Italien né en 1875 à Bucarest dans une famille de bâtisseurs et tellement épris de sa ville natale, qu’il devint un de ses historiens.
Emanuel Bădescu, bibliothécaire travaillant au cabinet des estampes de la Bibliothèque de l’Académie roumaine, poursuit l’histoire de Domenico Caselli : « Il a été l’étudiant préféré de l’historien et homme politique Vasile Urechia, qui a voulu l’orienter vers l’archivage. D’où sa facilité à aborder les documents anciens, à les lire, les traduire et les commenter. Ses parents étaient originaires du nord de l’Italie, étant nés près de Venise. Ils sont arrivés à Bucarest vers la moitié du 19e siècle. Son père était bâtisseur. Les bâtisseurs italiens étaient très recherchés en Valachie, où ils avaient commencé à arriver dès le 17e siècle, à l’époque du prince régnant Constantin Brancovan. Domenico Caselli a fait ses études primaires et secondaires à Bucarest. Selon un de ses biographes, il est possible que Caselli ait vu le jour et passé son enfance dans le quartier de l’église Visarion. Une fois le lycée terminé, il s’est orienté vers l’histoire. Grand admirateur de l’éminent homme de lettres Bogdan Petriceicu Haşdeu, Caselli a repris sa méthodologie de travail dans ses articles d’histoire. En quoi consistait cette méthodologie ? Haşdeu commençait par une brève présentation du thème, il exposait le document, ensuite il le commentait et en tirait les conclusions. »
Intéressé également par l’histoire politique de la ville de Bucarest, Domenico Caselli s’est surtout distingué par son intérêt pour les événements quotidiens, pour les documents anciens illustrant la vie de tous les jours des Bucarestois. Ces documents, Caselli les racontait ou les commentait dans les publications de l’époque. Nous repassons le micro à Emanuel Bădescu : « Il a commencé par publier ses articles dans les revues périodiques de l’époque. Il a été l’adepte d’une histoire scientifique de vulgarisation, pour que le lecteur soit captivé, d’une histoire thématique et des documents. Dans ses articles destinés aux différents journaux – bien nombreux, d’ailleurs – Caselli a essayé de cultiver l’intérêt pour les documents authentiques. Il a également publié 2 ou 3 livres, pourtant ce n’était pas là sa vocation. »
Un de ces livres, à savoir « Le massacre des Bucarestois au temps de Kehaïa-bey et autres histoires merveilleuses de la ville de Bucarest au début du 19e siècle » vient d’être publié aux Editions « Vremea ». Dans ses pages, le lecteur peut savourer des articles de Domenico Caselli publiés en 1936 – 1937, dans l’hebdomadaire La revue municipale sous la rubrique « A quoi ressemblait le Bucarest de jadis ». Il y parle de l’année 1821 et de la révolution de Tudor Vladimirescu, qui a touché la future capitale roumaine. Pour écrire ces articles, Caselli a utilisé des informations fournies par un témoin de l’époque, le colonel Dimitrie Papazoglu, un des premiers cartographes et géographes roumains. A ces informations, il en ajoute d’autres, provenant de sources différentes. Une des figures dont Caselli donne une description pittoresque est celle de Bimbaşa Sava, commandant des troupes de mercenaires qui défendaient à l’époque la ville de Bucarest. Domenico Caselli s’est éteint en 1937. Ses articles méritent bien d’être publiés et redécouverts. (Trad. : Dominique)