Les hélicoptères roumains
L’invention de l’hélicoptère appartient à un des plus brillants polymathes au monde : Léonard de Vinci. Dans un dessin datant de 1483, il avait imaginé une machine volante dotée d’une hélice et capable de s’envoler utilisant tout simplement la force physique d’un homme. Dès lors, de nombreux savants et ingénieurs ont cherché à construire une machine volante similaire à celle imaginée par Léonard de Vinci, mais sans succès. Le poids trop élevé des moteurs, les pales ou bien le moteur trop peu puissant ont été autant de difficultés impossibles à surmonter par les pionniers de l’aviation à voilure tournante.
Steliu Lambru, 06.03.2016, 13:06
Ce n’est qu’en 1906 que l’ingénieur français Paul Cornu a réussi à faire léviter pour la première fois un appareil de vol utilisant uniquement la puissance de son hélice. C’était pour la première fois qu’une machine s’est élevée du sol sans élan avec un homme à bord. La liste des inventeurs et des ingénieurs ayant contribué au développement des voilures tournantes s’est enrichie constamment, tout comme la liste des différentes configurations jusqu’au premier vol de l’hélicoptère conçu par Igor Sikorski aux Etats Unis en 1939. Ce fut le premier hélicoptère à rotor principal stabilisé par un rotor anti-couple, une configuration qui allait par la suite s’imposer chez la plupart des producteurs. Notons aussi que nombre d’ingénieurs roumains comptent également parmi les pionniers de ce genre de machines volantes. En 1911, Grigore Briscu réalisait la maquette d’un hélicoptère à deux hélices coaxiales et d’un dispositif qui contrôlait la variation cyclique de l’hélice. Ce dispositif conférait à l’hélicoptère de Briscu une stabilité accrue par rapport aux autres prototypes de l’époque.
En 1922, l’ingénieur roumain Gheorghe Botezatu a construit aux Etats-Unis un hélicoptère muni de quatre rotors à six pales. L’année suivante, soit en 1923, Stan Mateescu, professeur à l’Ecole Polytechnique de Bucarest, concevait un autogire à une seule hélice et à deux rotors de sustentation. En 1934, un autre ingénieur, Cristea Constantinescu, élaborait le premier projet d’un hélicoptère roumain appelé CO 1.
Mais c’est le secteur militaire qui a encouragé le plus le développement des hélicoptères. Les hélicoptères militaires sont devenus de plus en plus performants et de mieux en mieux armés. Vers la fin des années 1960 et le début des années 1970, la Roumanie essayait de mettre sur pied sa propre industrie militaire afin de réduire, sinon d’éliminer sa dépendance de l’Union Soviétique. La Roumanie cherchait des partenaires industriels étrangers et notamment occidentaux pour pouvoir construire son propre matériel militaire.
Dans le domaine de la production d’hélicoptères c’est la France et notamment la société Sud Aviation, transformée ensuite en Aérospatiale, qui allait collaborer avec la Roumanie. Le site de production en Roumanie a été érigé à Brasov, dans le centre du pays, une ville qui possédait une riche histoire dans le domaine aéronautique. Avant la Seconde guerre mondiale, les usines IAR soit Intreprinderea aeronautica romana, l’entreprise aéronautique roumaine, avaient construit à Brasov toute une série d’avions – chasseurs, bombardiers et appareils d’entraînement sous licence ou de conception autochtone.
Le premier hélicoptère à sortir des portes des usines aéronautiques de Brasov fut le IAR 316, une licence du fameux hélicoptère léger Sud Aviation 316 Alouette III. En Roumanie 250 unités furent construites entre 1971 et 1987 dont la moitié destinées à l’armée roumaine. Les autres furent exportés vers des pays tels le Pakistan, l’Angola et la Guinée. Certains appareils ont été même modifiés pour pourvoir lancer des roquettes de 57 mm ainsi que des missiles antichar. Dans les années 1980, les ingénieurs roumains ont même essayé de transformer l’Alouette roumaine en un hélicoptère d’attaque appelé IAR 317 « Airfox ». Avec sa configuration du cockpit biplace en tandem, étroit et blindé, les sièges étant décalés en hauteur comme sur les hélicoptères antichar contemporains, l’unique prototype de cet appareil fut présenté au Salon du Bourget en 1985.
Le grand frère de l’Alouette roumaine fut le IAR 330 Puma, une copie conforme du SA 330, un hélicoptère de transport moyen civil et militaire, conçu par Sud-Aviation et développé par Aérospatiale dans les années 1960. Le Puma est un des hélicoptères les plus répandus au monde, étant exporté dans une quarantaine de pays et produit outre la France en Angleterre, en Afrique du Sud, en Roumanie et même aux Philippines. A compter de 1974 et jusqu’en 1989, les usines aéronautiques de Brasov ont produit environ 160 hélicoptères Puma, dont 112 destinés aux forces aériennes roumaines, les autres étant exportés au Pakistan, en Côte d’Ivoire, aux Emirats Arabes Unis, au Soudan et en Equateur. Certains aéronefs étaient munis de flotteurs gonflables afin de remplir des missions aéronavales. Avec un équipage formé de trois personnes : pilote, copilote et technicien et une capacité de transport de 16 passagers, le Puma roumain peut atteindre une vitesse maximale de 263 km/h et un rayon de combat maximal de 550 km. Propulsé par deux turbopropulseurs de 1575 CV chacun, le Puma peut voler jusqu’à une altitude maximale de 4800 mètres. Il était également armé de canons, de mitrailleuses, de bombes, de paniers à roquettes et de missiles antichar guidés.
Après 1989, la modernisation de l’armée roumaine a atteint aussi le parc d’hélicoptères militaires. Alors que la vaste majorité des Alouettes ont été retirées du service, les Puma ont été soumis à un ample programme de modernisation appelé SOCAT (Système Optoélectronique de renseignements et lutte antichar). Les appareils furent dotés de systèmes électroniques de renseignements et de navigation performants et d’armement moderne. Notons en fait la capacité de lancer le missile antichar israélien Spike ainsi que la présence d’une tourelle armée d’un canon de 20 mm. Hormis les missions d’attaque, les Puma roumains peuvent remplir aussi des missions de recherche et sauvetage, d’évacuation médicale ainsi que des missions aéronavales. Environ 70 Puma et seulement six Alouette sont encore opérationnels aux sein des Forces aériennes, de la Marine et du Service de renseignements roumains.
Vu qu’aucun remplacement de ces aéronefs n’est envisagé pour l’instant, nombre d’hélicoptères ont été soumis à des programmes de remise en état. Pourtant sachez qu’Airbus Hélicoptères construit en ce moment une usine aéronautique à Brasov, tout près des usines IAR. Les deux entreprises collaboreront pour produire des hélicoptères Super Puma, le successeur de l’ancien Puma, qui a fêté 4 décennies de service aux sein des Forces aériennes roumaines.