Le monastère Sainte Anne de Rohia
Réputée pour la préservation de ses coutumes et traditions ancestrales et pour son paysage inaltéré, la contrée de Maramureş, du nord de la Roumanie, est aussi un havre de paix propice au recueillement monacal. Parmi les lieux de culte de la région on retrouve le monastère Ste Anne, érigé en 1923 dans la commune de Rohia. Blotti au pied des montagnes, dans la dépression du Lăpuş, ce monastère a gagné en notoriété vers la fin des années 1980, pour avoir servi de lieu de recueillement au père Nicolae Steinhardt. Steinhardt, qui a purgé quatre années de prison pendant le régime communiste, est l’auteur du « Journal de la félicité », livre symbole de la survie spirituelle dans l’univers carcéral d’avant 1990. Après avoir endossé l’habit de moine, il a choisi de se retirer au monastère de Rohia, un lieu idéal pour cet intellectuel épris de nature et de simplicité.
Christine Leșcu, 22.04.2016, 13:04
Réputée pour la préservation de ses coutumes et traditions ancestrales et pour son paysage inaltéré, la contrée de Maramureş, du nord de la Roumanie, est aussi un havre de paix propice au recueillement monacal. Parmi les lieux de culte de la région on retrouve le monastère Ste Anne, érigé en 1923 dans la commune de Rohia. Blotti au pied des montagnes, dans la dépression du Lăpuş, ce monastère a gagné en notoriété vers la fin des années 1980, pour avoir servi de lieu de recueillement au père Nicolae Steinhardt. Steinhardt, qui a purgé quatre années de prison pendant le régime communiste, est l’auteur du « Journal de la félicité », livre symbole de la survie spirituelle dans l’univers carcéral d’avant 1990. Après avoir endossé l’habit de moine, il a choisi de se retirer au monastère de Rohia, un lieu idéal pour cet intellectuel épris de nature et de simplicité.
Père Macarie Motogna, prieur du monastère St. Anne, nous le décrit: « Le monastère Ste Anne de Rohia s’élève au cœur d’une nature mirifique. Hissé au sommet d’une colline, à 550 m d’altitude, il est entouré d’une futaie de chênes séculaires et de hêtres. Le visiteur remarquera la très belle église nouvelle du monastère avec son haut clocher, son exo narthex en style brancovan embelli d’éléments gothiques et son toit illustrant l’architecture moldave. Au demi sous – sol de ce joyau, on peut admirer l’icône faiseuse de miracles de la Vierge. Le monastère possède aussi une bibliothèque abritant 40.000 livres des domaines les plus variés: théologie, historie, art, médecine, philosophie, littérature. C’est Père Nicolae Steinhardt qui s’est occupé de l’aménagement de la bibliothèque et qui en a élaboré les catalogues de livres. On ne saurait manquer de visiter l’iconostase, unique dans le pays, car, hormis les figures et les scènes religieuses, elle présente aussi les portraits de certaines personnalités de la culture roumaine ».
Le monastère Ste Anne a également offert au père Nicolae Steinhardt la possibilité de s’adonner à son activité préférée, l’écriture. C’est là qu’il a écrit bien des articles et des livres, qu’il a reçu les jeunes désireux de mener des conversations intellectuelles et de recevoir des conseils censés leur montrer la voie de la croyance.
Père Macarie Motogna, supérieur du monastère St. Anne de Rohia : « Une autre attraction touristique et culturelle pour nombre de pèlerins et de visiteurs est l’ancienne cellule du moine Steinhardt. D’origine juive et originaire de Bucarest, Steinhardt a reçu une peine de prison ferme par les communistes. Pendant les années de détention, il s’et converti au christianisme, passant du mosaïsme à l’orthodoxie. Les 9 dernières années de sa vie, de 1980 à 1989, il les a passées à Rohia. Le plus connu de ses livres est Le Journal de la félicité, traduit en plusieurs langues. Je ne saurais oublier de mentionner aussi le musée du monastère, qui abrite des icônes sur verre et sur bois datées des XVIIe et XVIIIe siècles, des livres de culte rédigés en roumain, mais écrits en caractères cyrilliques et slavons. Ces livres de patrimoine sont très anciens. Certains d’entre eux remontent aux années 1643 et 1652. »
Le monastère convenait à merveille à la manière dont Nicolae Steinhardt entendait vivre sa foi. Le professeur des universités Virgil Ciomoş avait été un de ses hôtes à Rohia: « Ce qui m’avait interpellé, c’était sa conviction en la présence du Christ. Non seulement il avait vécu cette expérience spirituelle, mais il avait ce don de transmettre la foi à ses interlocuteurs. Il émanait une candeur et une douceur angéliques, qui n’étaient pas sans rapport avec sa bonté et sa générosité. Il était plus jeune que la plupart des gens avec lesquels il entrait en contact. Nicolae Steinhardt était d’une loquacité étonnante et d’esprit enjoué. Il agitait frénétiquement les béquilles contre lesquelles il s’appuyait, car il avait subi une fracture du col du fémur et offrait un véritable spectacle. Encore qu’il ne fût pas de ceux qui voulaient se faire remarquer, ses silences et sourires, parfois même la discrétion avec laquelle il répondait aux provocations faisaient voir en lui un véritable personnage ».
Pour s’imprégner de l’ambiance qui règne au monastère de Rohia, les visiteurs peuvent se loger dans l’enceinte même de ce lieu de culte. (Trad. : Mariana Tudose)