Le mathématicien Gheorghe Ţiţeica
Il y a 120 ans, plus précisément à lautomne 1895, paraissait le premier numéro de la « Gazette mathématique ». Cette publication, qui sort aujourdhui encore, est un outil de référence à lintention des élèves et des étudiants roumains passionnés de mathématiques. Un des fondateurs de cette revue spécialisée a été Gheorghe Ţiţeica, un mathématicien roumain de renommée internationale. Titulaire dun doctorat à lUniversité de Paris-Sorbonne et membre de lAcadémie roumaine, Gheorghe Ţiţeica a également été grand mélomane et violoniste dilettante. Il a vu le jour en octobre 1873, à Drobeta Turnu-Severin, ville-port danubien du sud-ouest de la Roumanie, dans la famille dun chauffeur – mécanicien.
Christine Leșcu, 28.04.2015, 13:28
Il y a 120 ans, plus précisément à lautomne 1895, paraissait le premier numéro de la « Gazette mathématique ». Cette publication, qui sort aujourdhui encore, est un outil de référence à lintention des élèves et des étudiants roumains passionnés de mathématiques. Un des fondateurs de cette revue spécialisée a été Gheorghe Ţiţeica, un mathématicien roumain de renommée internationale. Titulaire dun doctorat à lUniversité de Paris-Sorbonne et membre de lAcadémie roumaine, Gheorghe Ţiţeica a également été grand mélomane et violoniste dilettante. Il a vu le jour en octobre 1873, à Drobeta Turnu-Severin, ville-port danubien du sud-ouest de la Roumanie, dans la famille dun chauffeur – mécanicien.
Wladimir Boskoff, le doyen de la Faculté de mathématiques de lUniversité « Ovidius » de Constanţa, nous fait un bref historique des années de jeunesse de Gheorghe Titeica : « Son père, Radu Ţiţei, chauffeur-mécanicien de son état, a travaillé aussi sur les bateaux du port de Turnu Severin. Sa mère était femme au foyer. Même si le nom de famille était Ţiţei, Gheorghe et ses trois sœurs en ont reçu un autre, légèrement modifié, à savoir Ţiţeica. Beaucoup dethniques allemands vivaient dans la ville natale de Gheorghe Ţiţeica, doù le grand nombre de maternelles et décoles où lenseignement était dispensé en leur langue. Gheorghe allait lui aussi fréquenter une telle école et se passionner pour le violon, létude dun instrument musical étant quasi obligatoire dans léducation des Allemands de souche. Lorsque les enseignants ont découvert que Gheorghe était très doué pour les sciences exactes, ils ont conseillé ses parents de lenvoyer étudier à lEcole centrale de Craiova. Pendant les années de lycée, il a signé bien des articles publiés dans des gazettes de science et de littérature. Son professeur de mathématiques lui recommande de faire des études supérieures à la Faculté de mathématiques de Bucarest. Il sinscrit à cette faculté, mais aussi à lEcole normale supérieure, pour laquelle il obtient une bourse. En 1896, une année après la fin de ses études universitaires à Bucarest, il part pour la France. Il étudiera à la Sorbonne et gagnera une bourse à lEcole normale supérieure de Paris. Licencié une seconde fois en mathématiques, Titeica élaborera, entre 1897 et 1899, sa thèse de doctorat, sous la direction du mathématicien français Gaston Darboux ».
De retour en Roumanie, Gheorghe Ţiţeica commence à enseigner à la Faculté de mathématiques de Bucarest. Durant les 33 années de carrière didactique, il a entrepris maintes recherches personnelles, qui lui ont valu la reconnaissance de la communauté scientifique internationale.
Wladimir Boskoff : « Ces recherches débouchent sur des résultats tout à fait originaux, après 1906, lorsque Ţiţeica découvre des invariants qui portent aujourdhui son nom. Ces invariants, ainsi que les surfaces et les courbes baptisées daprès son nom, allaient jeter les bases dun domaine nouveau, celui de la géométrie affine. Les mathématiciens du monde entier se penchent aujourdhui encore sur les travaux de Ţiţeica, essayant de pousser encore plus loin ce champ de recherche. Tiţeica sera élu président de la section de géométrie des congrès internationaux des mathématiciens accueillis par Toronto, en 1924, et Zurich, en 1932. Il est également invité, à plusieurs reprises, pour des démonstrations à Rome et à Bruxelles et tiendra une série de conférences à la Sorbonne, en tant que professeur titulaire à la Faculté des sciences de cette prestigieuse université. En 1928 il devient vice-président de lAcadémie roumaine, dont il était membre depuis 1913. Son fils, le physicien Şerban Ţiţeica, allait lui aussi exercer cette haute fonction. Le grand mathématicien Gheorghe Ţiţeica sera également secrétaire général de lAcadémie roumaine, de 1929 jusquà sa mort».
Gheorghe Ţiţeica est mort en 1939, à lâge de 66 ans. Peu de temps après la création de la « Gazette mathématique » le roi Carol Ier a fondé la « Société de la Gazette mathématique », ultérieurement rebaptisée « Société des sciences mathématiques » de Roumanie, dont Gheorghe Ţiţeica allait être le président pour une assez longue période de temps. (Trad. Mariana Tudose)