Le château de Peles…
A l’occasion du 150e anniversaire de la monarchie roumaine, on vous propose un petit tour guidé du château de Peles, un des grands symboles de la présence de la dynastie de Hohenzollern-Sigmaringen en Roumanie. Dressé à partir de 1873 dans la très belle station de montagne de Sinaia, Peles allait faire 100 ans plus tard sa gloire et sa renommée en y attirant chaque année des milliers de vacanciers. Inauguré en 1883 et ayant finalisé complètement sa construction en 1914, le palais s’est voulu dès le début une résidence royale authentique, unique en Roumanie. Considéré comme le monument architectural le plus représentatif de la fin du XIXe siècle en Roumanie, comme l’affirme la critique d’art Ruxandra Beldiman dans son livre « Le Palais de Peles, expression du phénomène historiste d’influence allemande », le monument est le fruit du travail de plusieurs grands architectes qui y ont œuvré.
Christine Leșcu, 20.05.2016, 17:20
A l’occasion du 150e anniversaire de la monarchie roumaine, on vous propose un petit tour guidé du château de Peles, un des grands symboles de la présence de la dynastie de Hohenzollern-Sigmaringen en Roumanie. Dressé à partir de 1873 dans la très belle station de montagne de Sinaia, Peles allait faire 100 ans plus tard sa gloire et sa renommée en y attirant chaque année des milliers de vacanciers. Inauguré en 1883 et ayant finalisé complètement sa construction en 1914, le palais s’est voulu dès le début une résidence royale authentique, unique en Roumanie. Considéré comme le monument architectural le plus représentatif de la fin du XIXe siècle en Roumanie, comme l’affirme la critique d’art Ruxandra Beldiman dans son livre « Le Palais de Peles, expression du phénomène historiste d’influence allemande », le monument est le fruit du travail de plusieurs grands architectes qui y ont œuvré.
Ruxandra Beldiman: « La première phase de la construction du palais a commencé d’après les plans du professeur viennois Wilhelm von Doderer et de son assistant Johannes Schulz qui s’installe à Peles jusqu’en 1881. Puis, à partir de 1895, ce fut à l’architecte tchèque Karel Liman devenu par la suite directeur du bureau royal d’architecture, de continuer les travaux. Comme le roi Carol Ier voulait faire instaurer en Roumanie un modèle politique et social d’inspiration allemande, le château de Peles allait en porter lui aussi l’empreinte. Loin d’imaginer le futur palais comme une résidence destinée aux vacances ou à la détente, le roi en a fait un symbole politique. Un véritable berceau de la dynastie, comme allait le confirmer la naissance en 1893 du prince Carol, futur roi Carol II, puis celle du prince Michel ».
La série des architectes venus travailler au château allait se compléter par l’arrivée, vers 1894, d’Emile André Lecomte du Nouÿ, déjà connu des Roumains pour avoir contribué aux plans de l’Église princière de Curtea de Arges. Du coup, le palais, tel qu’on le connaît de nos jours, on le doit à Lecomte du Nouÿ et à plusieurs artistes plasticiens venus vers la fin du XIXe siècle. Finalement, on se trouvera devant un monument spectaculaire, s’étalant sur 3400 mètres carrés, constitué d’un rez-de-chaussée, deux étages et mansarde, avec des intérieurs impressionnants voire même plus impressionnants que les extérieurs, selon la critique d’art Ruxandra Beldiman.
Ruxandra Beldiman: « Du point de vue du style, le palais devient représentatif pour les tendances européennes à la fin du XIXe siècle. Au niveau des façades extérieures, on remarque un mélange de styles allemands et italiens. La structure en bois encastrée utilisée dans la partie supérieure du palais renvoie à la néo-Renaissance allemande, tandis que les décorations de la partie inférieure sont d’inspiration italienne. A l’intérieur, l’éventail stylistique est beaucoup plus varié. On y retrouve des traces de la néo-Renaissance allemande très chère au roi Carol Ier aux côtés des éléments issus d’autres courants : la néo- Renaissance florentine, le néobaroque autrichien présent dans des salles telles celle maure-ottomane ou encore le style Art nouveau ».
En visitant le château, vous serez certainement surpris de découvrir des œuvres du peintre Gustav Klimt totalement différentes de celles qui lui ont apporté, plus tard, la célébrité.
Ruxandra Beldiman : « C’est avec son frère et un autre ami de faculté que Gustav Klimt allait ouvrir en 1879, à Vienne, un atelier de décorations. A l’époque, Klimt passait plutôt pour un inconnu. Ce ne sera que 16 ans plus tard que son étoile allait briller de toutes ses forces. Il est donc sous-traité pour réaliser des décorations au palais. Voilà comment par de petits aléas de l’histoire, le palais détient de nos jours un patrimoine d’une grande valeur puisqu’il s’agit de l’œuvre de jeunesse de Gustav Klimt. Un Klimt atypique, tributaire au style académique qu’il utilise dans ses décorations de la galerie des ancêtres du roi Carol que l’on peut admirer sur l’escalier d’honneur ou encore dans ses reproductions d’après les grands maîtres. Il convient de mentionner une troisième création, encore plus importante et renvoyant davantage à l’Art nouveau: la frise qui décore la Salle de théâtre du palais. Ornée de Muses, Masques et Allégories, cette frise réalisée en 1884 comporte certains éléments qui renvoient au style qui a fait, des années plus tard, la marque de Gustav Klimt ».
Nationalisé en 1948, transformé en musée entre 1953 et 1975, le Palais de Peles s’ouvre de nos jours encore à tous ceux qui souhaitent le visiter. Sous les communistes, une partie de son patrimoine a été transférée vers d’autres musées et les tentatives de la récupérer intégralement ont jusqu’ici échoué. N’empêche: le Palais est admirablement conservé grâce à des travaux de rénovation démarrés en 1975. De nos jours, il appartient aux descendants du roi Carol Ier de la Maison Royale de Roumanie. (Trad. Ioana Stancescu)