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L’artiste Miliţa Petraşcu et l’adaptation au communisme

Attirée par les arts plastiques, elle va faire des études d’art en Russie, alors tsariste, pour partir à Paris juste après la Première Guerre mondiale, où elle va continuer ses études en suivant les conseils de Constantin Brancusi. Son parcours professionnel l’amènera, donc, en contact avec les mouvements d’avant-garde européens et la proximité avec eux va s’accroître avec son établissement à Bucarest, en 1925.

, 29.12.2017, 15:15

Attirée par les arts plastiques, elle va faire des études d’art en Russie, alors tsariste, pour partir à Paris juste après la Première Guerre mondiale, où elle va continuer ses études en suivant les conseils de Constantin Brancusi. Son parcours professionnel l’amènera, donc, en contact avec les mouvements d’avant-garde européens et la proximité avec eux va s’accroître avec son établissement à Bucarest, en 1925.

Elle va intégrer le groupe affilié à la revue « Contimporanul », groupe qui, comme la plupart des courants d’avant-garde, se rapprochait de la gauche politique. Dans le cas de Miliţa Petraşcu, ces propensions sont évidentes depuis 1925 même, année quand Ana Pauker, la future ministre des Affaires étrangères pendant les premières années du régime communiste, apparaît photographiée dans son atelier. Miliţa Petraşcu était donc une artiste qui, apparemment, depuis 1948 – quand le communisme s’installe en Roumanie – aurait dû bénéficier pleinement des grâces du nouveau pouvoir politique. Mais cela n’a pas été le cas.

Après la Deuxième Guerre mondiale, sa carrière a eu beaucoup de hauts et de bas, car elle a été soit accablée par des honneurs et des commandes officielles, soit critiquée par le Parti communiste pour ses divers dérapages de la doctrine esthétique de ce dernier. Quel a été le contexte culturel et politique dans lequel Miliţa Petraşcu a continué sa carrière après la guerre ? On l’apprend de l’historien Cristian Vasile : « Le discours officiel d’après 1948, qui a été réitéré par l’Union des artistes plasticiens, nouvellement fondée, insistait sur l’idée qu’il n’y avait pas un cadre qui « exploite » plus les artistes, hommes ou femmes, comme il n’y avait plus de marché de l’art déformé, avec des commanditaires « onéreux ». Par contre, il y avait un Etat socialiste qui assumait et garantissait l’égalité entre les sexes, qui faisait des acquisitions d’art raisonnables et qui ne faisait pas de discriminations de genre, ni pour les commandes d’art, ni pour les achats. Il y a eu une période d’accommodation avec ce système, parce qu’au début, des noms prestigieux de l’ancienne génération de peintres et de sculpteurs, parmi lesquels des femmes artistes aussi, ont été attirés et convaincus d’accepter, tôt ou tard, ce nouvel ordre artistique et idéologique. Cela a engendré aussi des honneurs publics, d’acquisitions commanditées par l’Etat, des répartitions d’habitations et des avantages matériaux. »

Parmi eux, on a compté aussi, dans une première phase, Miliţa Petraşcu, artiste déjà reconnue et bien mise en valeur même depuis la période d’entre les deux guerres. Paradoxalement, dès 1950, elle allait entrer dans un cône d’ombre à cause même de son rapprochement d’Ana Pauker, une communiste répudiée à un moment donné par ses propres camarades du parti, en bonne tradition stalinienne. Cela n’a pas été la seule tache noire dans le « dossier » politique de Miliţa Petraşcu, d’après les propos de notre interlocuteur, Cristian Vasile : « Il y a eu aussi des créations artistiques controversées de Miliţa Petraşcu qui ne lui ont pas rapporté de gloire professionnelle du tout. Il est intéressant de voir que dans les monographies du temps dédiées à Miliţa Petraşcu, le buste a moitié nu de l’actrice Elvira Godeanu n’apparaît pas. Cela a alimenté la rumeur qui courait à l’époque, selon laquelle l’actrice et le dirigeant politique Gh. Gheorghiu-Dej étaient très proches. Une autre raison pour la disgrâce dans laquelle la sculptrice et peintre est tombée à un moment donné semble être le portrait du collectionneur d’art Constantin Doncea. Doncea était devenu une sorte de Némésis, d’adversaire politique numéro 1 du chef de l’Etat de l’époque, Gheorghe Gheorghiu-Dej lui-même. Pourquoi? Parce que Doncea aussi, comme Gheorghiu-Dej, était très lié aux ateliers ferroviaires de Griviţa et à la révolte de 1933 des ouvriers de là-bas, moment symbolique pour Dej et pour la création de son image de leader des prolétaires. En 1958, L’Institut de l’histoire du PCR a convoqué les anciens illégalistes de l’entre-deux-guerres pour enregistrer des témoignages oraux concernant la grève de Griviţa de 1933. Doncea, représenté artistiquement par Miliţa Petraşcu, a déposé une déclaration lui aussi, et par la suite, Gheorghiu-Dej a déclenché, en juin 1958, la répression contre lui et contre d’autres dirigeants du Parti communiste qui avaient l’air de défier son statut. Miliţa Petraşcu est entrée dans ce collimateur politique et elle allait tomber victime d’une soi-disant « exposition » qui a eu lieu en avril 1959 dans l’Auditorium de la Faculté de Droit où ont été apportés des ouvriers et des membres de la Securitate, l’ancienne police politique roumaine, pour faire honte aux artistes. Au-delà de l’exposition de 1959, Miliţa Petraşcu allait pourtant garder, dans les décennies suivantes, un certain esprit non-conformiste, en déclarant même: « Je suis une matérialiste imprégnée de mysticisme. »

Miliţa Petraşcu est morte en 1976, et pour le grand public son œuvre le plus connu reste la mosaïque sur la fontaine Mioriţa de Bucarest et qui a été créée au milieu de la troisième décennie du siècle dernier.

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