La villa Darvas-La Roche
Parmi ceux-ci, la villa Darvas – La Roche, partiellement restaurée avant d’ouvrir ses portes au public. Son nom reprend celui de son premier propriétaire, Imre Darvas, un grand exploitant forestier à la tête de l’entreprise La Roche et Darvas, ouverte en partenariat avec le banquier suisse Alfred La Roche. D’ailleurs, les locaux de la société occupaient le rez-de-chaussée de cette villa, dressée entre 1911 et 1912, d’après les plans des frères architectes Vágó, József et László. L’édifice a changé plusieurs fois de propriétaires, notamment après la deuxième guerre mondiale quand, nationalisé par les communistes, il a été dévasté par les locataires relogés par l’État. Plus tragique encore, la plupart des membres de la famille des derniers propriétaires avaient trouvé leur fin dans les camps de concentration nazis. Nous avons invité la critique d’art Ramona Novicov, pour un tour guidé de la Villa Darvas- La Roche.
Ștefan Baciu, 21.10.2016, 14:05
Parmi ceux-ci, la villa Darvas – La Roche, partiellement restaurée avant d’ouvrir ses portes au public. Son nom reprend celui de son premier propriétaire, Imre Darvas, un grand exploitant forestier à la tête de l’entreprise La Roche et Darvas, ouverte en partenariat avec le banquier suisse Alfred La Roche. D’ailleurs, les locaux de la société occupaient le rez-de-chaussée de cette villa, dressée entre 1911 et 1912, d’après les plans des frères architectes Vágó, József et László. L’édifice a changé plusieurs fois de propriétaires, notamment après la deuxième guerre mondiale quand, nationalisé par les communistes, il a été dévasté par les locataires relogés par l’État. Plus tragique encore, la plupart des membres de la famille des derniers propriétaires avaient trouvé leur fin dans les camps de concentration nazis. Nous avons invité la critique d’art Ramona Novicov, pour un tour guidé de la Villa Darvas- La Roche.
Ramona Novicov: « La villa a été bâtie à la demande d’un entrepreneur fort aisé, Imre Darvas, qui a voulu se doter d’un édifice sur deux niveaux, avec un rez-de-chaussée occupé par des bureaux pour les hommes et leurs affaires et un étage pour son épouse et ses enfants. On est en 1910, dans une maison où la tendance architecturale privilégie les formes géométriques comme peut-on le remarquer au plafond ou aux fenêtres. Tout est conçu selon la rigueur des formes pures, comme l’exigeait l’avant-garde viennoise à laquelle les deux frères Vágo étaient tributaires. Imre Darvas meurt en 1913, un an après la fin des travaux. La maison sera vendue à la famille d’un riche avocat juif, Sor, dont la fille aînée allait épouser l’un des deux frères Simon, de Cluj. L’autre frère épousera, à son tour, une Juive, et les deux s’installeront à Oradea. Malheureusement, tous les membres de cette grande famille allaient trouver la mort à Auschwitz, à l’exception d’un des frères Simon qui finira par épouser une autre Juive. Leur fille, Judith, continuera à vivre dans la maison Darvas-La Roche, qu’elle a voulu faire inclure au patrimoine de la ville. D’ailleurs, elle a rejeté une offre plus substantielle de confier la villa à la municipalité. »
Malheureusement, nombre des décorations et des meubles d’origine ont disparus sous les communistes. D’autres, ont été retrouvés dans les caves. Par bonheur, on vient de remettre à leur place les vitraux d’origine, réalisés par les frères Vago et qui renvoient à l’Art nouveau viennois, affirme Ramona Novicov:
Ramona Novicov: «On y voit des oiseaux et tous les symboles qui nous font penser à la germination, à la vie irrépressible. Il est très beau, ce répertoire des frères Vago. Un des vitraux, on l’a trouvé dans la cave. Malheureusement, il y a un endroit où les vitraux ont été volés et un facsimilé a été installé pour permettre au public d’admirer les dessins originaux. Les cache- radiateurs sont aussi très beaux, tout comme le plancher d’origine de la cuisine, qui impressionne par ses carreaux et ses décorations florales. Le poêle aussi est authentique.»
Puisque la municipalité de la ville a racheté la villa directement à sa propriétaire, Judith Simon, les travaux de restauration se poursuivront afin d’ouvrir un musée consacré à l’Art Nouveau à l’intérieur de l’édifice. (Trad. Ioana Stancescu)