La case en terre semi-enterrée appelée en roumain « bordei »
Les traces de ce genre dhabitation ont été retrouvées aussi dans les espaces géoculturels avoisinants, puisquil caractérise surtout les populations sédentaires. Sur plusieurs sites de Roumanie, les archéologues ont découvert des traces de cases en terre datant depuis la préhistoire. Jusquau début du 20e siècle, la population rurale a logé surtout dans ce genre dhabitation. Aujourdhui, de telles cases en terre, on peut en retrouver au musée du village roumain de Bucarest, au Musée de la viticulture de Golesti et au musée de la culture Boian consacré à une culture néolithique du comté dOlt, à environ 150 km à louest de Bucarest.Bien que jugée comme un symbole de la pauvreté, la case en terre a constitué le meilleur moyen de vivre des habitants de régions dominées par des vents forts, des précipitations abondantes et par dimportants écarts de températures entre lhiver et lété.
Steliu Lambru, 21.06.2016, 16:25
Les traces de ce genre dhabitation ont été retrouvées aussi dans les espaces géoculturels avoisinants, puisquil caractérise surtout les populations sédentaires. Sur plusieurs sites de Roumanie, les archéologues ont découvert des traces de cases en terre datant depuis la préhistoire. Jusquau début du 20e siècle, la population rurale a logé surtout dans ce genre dhabitation. Aujourdhui, de telles cases en terre, on peut en retrouver au musée du village roumain de Bucarest, au Musée de la viticulture de Golesti et au musée de la culture Boian consacré à une culture néolithique du comté dOlt, à environ 150 km à louest de Bucarest.Bien que jugée comme un symbole de la pauvreté, la case en terre a constitué le meilleur moyen de vivre des habitants de régions dominées par des vents forts, des précipitations abondantes et par dimportants écarts de températures entre lhiver et lété.
Dans un espace de léconomie rurale, souvent de subsistance, les ressources naturelles les plus accessibles ont été utilisées pour assurer des conditions minimales de vie. A lintérieur de vestiges de cases, les archéologues ont découvert des fragments de poterie, doutils, des os danimaux et des cendres. Vu que cette habitation était semi-enterrée, ses habitants bénéficiaient de stabilité, elle était plus chaude en hiver, et plus fraîche en été, bref ils profitaient dune protection contre les dangers extérieurs. Ce qui plus est, la case en terre était facile à construire et à entretenir. Une case était bâtie à une profondeur allant de 40 cm à 1 m 85 cm. Lempreinte au sol des plus petites était denviron 9 mètres carrés, alors que les cases plus généreuses allaient jusquà 35 mètres carrés. Leurs murs étaient construits en terre mélangée avec de leau ou bien avec de la paille et de leau et nétaient pas munis de fenêtres. Les finissages étaient eux aussi modestes et faciles à fabriquer. Les murs des cases en terre étaient plaqués avec des planches en bois alors que le plancher était tout simplement fait en terre battue. Une telle maison avait un toit incliné couvert de chaume, censée lui assurer lisolation hydraulique.
Lhabitation semi-enterrée avait une ou deux pièces. Cest dans la pièce principale que se trouvait le foyer où la famille faisait le feu et ou ses membres prenaient leurs repas. Laccès de et vers ce genre de demeure se faisait via une sorte de toboggan en terre battue qui navait pas de marches. Habitation paysanne par excellence, la case en terre a été identifiée avec lespace géo-culturel oriental. Les voyageurs étrangers de passage par les Principautés roumaines au 17e siècle décrivent la case en terre et ses habitants et la présentent comme faisant partie dun mode de vie spécifique à la zone rurale roumaine de plaine.
Les idées modernes de la fin du 18e siècle et de la première moitié du 19e siècle ont complètement renversé les opinions sur la case en terre et sur le mode de vie traditionnel des Roumains. Les valeurs occidentales ont remplacé celles orientales puisque les élites roumaines qui avaient fait leurs études ou tout simplement qui avaient voyagé à loccident, ont souhaité émanciper le monde rural de la pauvreté et remplacé les anciennes pratiques économiques et sociales. La case en terre est devenue du coup un symbole de la pauvreté et de la misère.
Les adversaires les plus radicaux de cette habitation, ce furent les médecins pour lesquels la précarité signifiait maladies mais aussi manque de perspective. Finalement lambition des réformateurs sociaux roumains déradiquer la misère du monde rural avait porté ses fruits. Avec la création dun Etat et lintroduction des réformes, lalphabétisation et léducation des habitants du pays, le taux de maisons modernes construites à travers le pays augmente au détriment de celui des cases en terre. Ce sont surtout les Tsiganes qui arrivent à habiter des logements semi-enterrés puisquaprès la libération de leur servitude séculaire ils se sont retrouvés marginalisés. Vers la fin du 19e siècle, en raison la dynamique de léconomie, la majorité de la population rurale habitait de vraies maisons et les cases en bois ne sont que sporadiquement rencontrées dans les villages de plaines.
De nos jours, la case en terre est plutôt une curiosité, que lon peut retrouver au musée ou dans le patrimoine de quelques excentriques, qui souhaitent vivre de la façon la plus éco possible. Dans la ville de Giurgiu, à une soixantaine de km au sud de Bucarest, il existe une case en terre bâtie en 1884 et qui na pas pu être démolie puisque déclarée monument historique.
Hormis quelques pièces exposées dans des musées à travers le pays et quelques références linguistiques qui illustrent la pauvreté extrême, la case en terre appelée « bordei » a laissé aussi des traces dans le nom propres de la langue roumaine. Hormis un nom de famille très répandu, Bordeianu, sachez quun des parcs du nord de la capitale roumaine sappelle Bordei. Ironiquement, ce quartier est un des plus chic et des plus chers de Bucarest.