Ion Diaconescu
Le 11 octobre 2011, Ion Diaconescu, l’un des seniors de la vie politique roumaine de l’après 1989, meurt à 94 ans. Fils de prêtre, lui-même ingénieur, il commence son activité politique en 1936, à 19 ans, sous la bannière du Parti national paysan. Ce parti était né après la Première Guerre mondiale, de l’union entre le Parti national de Transylvanie, dirigé par Iuliu Maniu, et qui militait au nom de l’idée nationale au sein de l’empire d’Autriche-Hongrie, et du Parti paysan, dirigé par Ion Mihalache, et basé dans la petite Roumanie, celle formée avant la Grande guerre par la Valachie et la Moldavie. Jeune militant national paysan, démocrate dans l’âme, c’est entre 1944 et 1947 que Ion Diaconescu se distingue aux côtés de ses pairs de génération dans la lutte d’arrière-garde portée contre l’inexorable poussée des communistes roumains, épaulés par la présence du million de soldats de l’Armée rouge sur le territoire roumain. Condamné politique, il fera 17 ans de prison, entre 1947 et 1964, dans les geôles du régime.
Steliu Lambru, 31.07.2018, 13:57
Le 11 octobre 2011, Ion Diaconescu, l’un des seniors de la vie politique roumaine de l’après 1989, meurt à 94 ans. Fils de prêtre, lui-même ingénieur, il commence son activité politique en 1936, à 19 ans, sous la bannière du Parti national paysan. Ce parti était né après la Première Guerre mondiale, de l’union entre le Parti national de Transylvanie, dirigé par Iuliu Maniu, et qui militait au nom de l’idée nationale au sein de l’empire d’Autriche-Hongrie, et du Parti paysan, dirigé par Ion Mihalache, et basé dans la petite Roumanie, celle formée avant la Grande guerre par la Valachie et la Moldavie. Jeune militant national paysan, démocrate dans l’âme, c’est entre 1944 et 1947 que Ion Diaconescu se distingue aux côtés de ses pairs de génération dans la lutte d’arrière-garde portée contre l’inexorable poussée des communistes roumains, épaulés par la présence du million de soldats de l’Armée rouge sur le territoire roumain. Condamné politique, il fera 17 ans de prison, entre 1947 et 1964, dans les geôles du régime.
Une fois libéré, il essaye de retrouver certains de ses amis politiques et de reconstituer un début d’organisation, forcément opposée aux communistes. Après la fin du régime communiste de décembre 1989, avec Ion Puiu, Valentin Gabrielescu, Nicolae Ionescu-Galbeni, Constantin Ticu Dumitrescu, il épaule Corneliu Coposu pour faire revivre le Parti national paysan et pour aider à la renaissance démocratique de la Roumanie. Ion Diaconescu suit Corneliu Coposu à la présidence du Parti national paysan, devenu entre temps chrétien-démocrate, entre 1995 et 2001, et devient président de la Chambre des Députés entre 1997 et 2000.
Le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine a eu le privilège d’interroger en 2003 ce vétéran de la lutte politique pour la démocratie : « Nous avons réussi à faire renaître officiellement notre parti tout de suite après la révolution de décembre 1989. On a même été le premier parti officiellement enregistré auprès d’un tribunal après la chute du communisme, et tout cela parce que nous nous connaissions entre nous, nous savions qui nous étions, nous avions une idéologie, un programme. Ce parti n’est pas une construction artificielle. C’est l’héritier de la lutte nationale et pour la justice sociale du début du siècle, c’est l’héritier de la lutte anticommuniste de la dernière moitié du siècle passé. Nous venons avec notre passé de luttes, de souffrances, avec nos martyrs. Le désavantage, c’est que l’on était des gens qui, pour la plupart, avaient dépassé l’âge de 70 ans. Nous étions les survivants des Jeunesses national-paysannes, des jeunesses anticommunistes des années 44-47. Mais à 70 ans, c’est difficile de faire de la politique active, militante. A cet âge, c’est plutôt à un rôle de sage que les hommes politiques se dévouent. Mais nous n’avions pas le choix. Il fallait reprendre le flambeau de nos prédécesseurs, de Maniu et de Mihalache, et il fallait bien poursuivre leur combat. On avait ce devoir moral, envers eux et envers tous les autres martyrs du parti. »
Ion Diaconescu a fait partie de cette génération brisée, et tuée au sens propre du terme dans les camps de travail et dans les geôles du système concentrationnaire communiste roumain. Cette génération qui aurait pu faire renaître la Roumanie après la Deuxième Guerre mondiale, mais qui n’a eu l’opportunité d’investir la scène politique que sur le tard, 45 ans plus tard. Pour eux, comme pour la Roumanie, c’était, diront certains, trop tard.