Grigore Gafencu
Une place à part au sein de la diaspora roumaine pour la plupart anticommuniste est occupée par Grigore Gafencu, ancien ministre des Affaires étrangères et important militant anticommuniste. Né en 1892 à Bucarest, Grigore Gafencu était titulaire dun doctorat en droit à lUniversité de Bucarest, officier de lAviation roumaine pendant la première guerre mondiale, puis journaliste dans les années 20. Entré en politique en 1926, en tant que membre du Parti national paysan, il est nommé ministre des Affaires étrangères en 1938, puis ambassadeur à Moscou en 1940. Durant cet été de tous les dangers de 1940, Grigore Gafencu quitte la Roumanie et sinstalle, dabord à Genève, puis à Paris, en 1946. En 1949, il figure parmi les membres fondateurs du Comité national roumain, qui se voulait une sorte de gouvernement roumain en exil, le gouvernement dune Roumanie tombée entre temps sous la coupe des communistes. Pour le régime communiste de Bucarest il devient le mouton noir.
Steliu Lambru, 17.07.2018, 15:02
Une place à part au sein de la diaspora roumaine pour la plupart anticommuniste est occupée par Grigore Gafencu, ancien ministre des Affaires étrangères et important militant anticommuniste. Né en 1892 à Bucarest, Grigore Gafencu était titulaire dun doctorat en droit à lUniversité de Bucarest, officier de lAviation roumaine pendant la première guerre mondiale, puis journaliste dans les années 20. Entré en politique en 1926, en tant que membre du Parti national paysan, il est nommé ministre des Affaires étrangères en 1938, puis ambassadeur à Moscou en 1940. Durant cet été de tous les dangers de 1940, Grigore Gafencu quitte la Roumanie et sinstalle, dabord à Genève, puis à Paris, en 1946. En 1949, il figure parmi les membres fondateurs du Comité national roumain, qui se voulait une sorte de gouvernement roumain en exil, le gouvernement dune Roumanie tombée entre temps sous la coupe des communistes. Pour le régime communiste de Bucarest il devient le mouton noir.
En exil, Grigore Gafencu se fait remarquer à plusieurs égards. Il reprend avant tout sa plume de journaliste, pour dénoncer les exactions du régime instauré à Bucarest à lombre des chars soviétiques. Il écrit, mais il parle aussi au micro de Radio Free Europe, diffusée dans les différentes langues des pays captifs de lEurope Centrale et Orientale. En 1956, suite au célèbre « discours secret » prononcé par Nikita Khrouchtchev, dans lequel il dénonce les crimes de lépoque stalinienne, Grigore Gafencu se fend dun commentaire, adressé aux sympathisants communistes des pays occidentaux, qui frappera la mémoire des contemporains. Le Centre dhistoire orale de la Radiodiffusion roumaine a retrouvé la trace du célèbre enregistrement de Grigore Gafencu. Ecoutons-le: « Le document secret signé par Khrouchtchev, qui na dailleurs plus rien de secret vu quil a été publié dans son intégralité dans toutes les langues et dans tous les grands journaux du monde occidental, a mis le dos au mur les partis communistes des pays libres. Les charges orchestrées par le nouveau secrétaire-général du Parti communiste de lUnion soviétique contre la mémoire de son prédécesseur, Staline, les accusations lancées contre celui-ci, les preuves de linimaginable cruauté de Staline, qui, 25 ans durant, incarna le visage pur du communisme soviétique, tout cela a fait trembler la bâtisse brinquebalante du bolchevisme international. Déconcertés par lattaque rangée en provenance de Moscou et dirigée contre Staline, les leaders communistes des pays occidentaux ont commencé par se poser des questions quant au pourquoi et aux objectifs poursuivis par Nikita Khrouchtchev et par ses camarades. Mais ils nont pas fait long feu. Ils ont bien vite commencé à sentir le sol se dérober sous leurs pieds. Des années durant, ses leaders ont porté des louanges dans toutes les langues et sur toutes les voix à linégalable génie, au grand Staline, le « père des peuples » et le « bienfaisant de lhumanité. Cest sur la foi inébranlable en cet homme quils avaient bâti leurs églises communistes. Et puis, dun jour à lautre, ils voient la terre se dérober, lidole renversée, mise en terre et, sur son tombeau encore frais, ses plus proches camarades jetant des tas dimmondices. Ils se voient donc ridiculisés aux yeux du monde, obligés dabhorrer aujourdhui ce quils avaient élevé hier au ciel. Des bouffons… », concluait celui qui avait été, à linstar de Nicolae Titulescu, non seulement un grand démocrate, mais aussi une des consciences européennes les plus lucides de son temps, et un précurseur de lidée de lunité européenne.
En 1946, Grigore Gafencu publie à Paris son ouvrage fondamental, « Les dernières jours de lEurope », traduits en plusieurs langues. Il meurt le 30 janvier 1957, à 65 ans, dans la Ville-lumière. ( Trad. Ionut Jugureanu)