Une centaine d’années plus tard, Bucarest offrait déjà au visiteur étranger un mélange original de contrastes, où l’ancien et le nouveau, l’Orient et l’Occident se côtoyaient. Cet éclectisme est très bien mis en exergue par Paul Morand, diplomate et écrivain français, dans son étude monographique parue en 1935 et consacrée à la capitale roumaine. « Même si Bucarest n’est pas représentatif de la Roumanie toute entière, comme se plaisent à l’affirmer les Roumains qui cherchent et trouvent dans la vie rurale et l’art paysan la source unique du génie moldo-valaque, la ville se présente comme un merveilleux amalgame de visages, de mœurs et d’aventures. Hauts – de – forme ou bonnets en laine rappelant ceux des Scythes, voitures américaines ou bien chars des temps des Ostrogoths y défilent allégrement ».
En 1938, l’écrivain britannique Sir Sacheverell Sitwell écrivait dans son livre d’impressions « Voyage en Roumanie »: Ce qui interpelle au premier abord dans Bucarest c’est son étendue et la multitude de maisons entourées de jardins ! D’aucuns ne voient dans cette ville qu’une pâle copie de Paris. Au fait, Bucarest n’a rien à voir avec Paris, excepté quelques boutiques très prisées. Au charme de la ville contribuaient aussi les édifices majestueux, érigés à la fin du XIXe siècle, et témoignant des courants architecturaux très à la mode pendant la Belle Epoque, en France. Pour se mettre au goût du jour, les Bucarestois ont confié à des architectes français les travaux de modernisation de leur ville.
Détails avec l’architecte Sidonia Teodorescu : Durant les dernières décennies du XIXe siècle, de nombreux bâtiments seront construits d’après les plans d’architectes étrangers ou d’architectes roumains formés notamment à l’Ecole Des Beaux-Arts de Paris. Parmi les plus représentatifs, je mentionnerais Albert Galleron et Leonida Negrescu (créateurs de l’Athénée Roumain), Louis Pierre Blanc, dont le nom est lié au siège du ministère de l’Agriculture, Paul Gottereau, qui a conçu le Palais de la Caisse d’Epargne, Cassien Bernard et Albert Galleron, auteurs des plans de la Banque nationale, Alexandru Săvulescu, auquel nous devons le Palais des télécoms. Cette architecture, qui puise dans celle parisienne du Second Empire, on la retrouve aussi dans les édifices publics ou privés des grandes villes à travers la Roumanie. Sur la Place Carol Ier, actuelle Place de la Révolution, se trouve le siège de la Fondation universitaire Carol Ier, connue aujourd’hui sous le nom de Bibliothèque Centrale Universitaire. Elle a été construite entre 1891 – 1895, d’après les plans de Paul Gottereau, architecte du premier palais royal, qui se dresse juste en face. La construction de la deuxième aile de la bibliothèque, achevée en 1914, sera surveillée par l’architecte Roger Bolomey. Endommagé pendant les événements de décembre 1989, l’immeuble a subi des travaux de restauration entre 1990 et 2000.
Petit à petit, allait prendre contour le style roumain, qui renvoie à la fois à l’architecture traditionnelle et à celle brancovane. Le siège de la Municipalité de Bucarest en est un exemple. Sidonia Teodorescu : Un autre édifice important est celui appelé à l’époque « Le Palais des travaux publics » et qui abrite de nos jours la Municipalité de Bucarest. Erigé entre 1904 – 1911, en style néo-roumain, d’après les plans de Petre Antonescu, il a été restauré dans les années 1940. De 1916 à 1918, il a servi de quartier général aux troupes allemandes. On y retrouve des éléments spécifiques de la vieille architecture roumaine, tels les loggias aux arcs trilobés sur la façade principale, les colonnes basses et massives, les chapiteaux byzantins, les bandes ornementales d’encadrement aux motifs médiévaux, présentes aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, dans le hall d’entrée et sur l’escalier principal.’
L’esprit moderniste de l’entre-deux-guerres a par la suite mis son empreinte sur le centre-ville. Sidonia Teodorescu. : L’hôtel Lido, construit au début des années 1930, d’après un projet portant la signature d’Ernest Doneaud, a occupé une place à part dans le cœur des habitants du Petit Paris, tant par son aspect attrayant, que par sa portée dans la vie sociale de la ville. Le palace, dont la conception relève de la seconde période d’activité d’Ernest Doneaud, illustre le courant moderniste avec des éléments d’Art Deco.
Après les démolitions et les constructions datant de l’époque communiste, mais aussi au bout d’une longue période de transition, Bucarest est aujourd’hui en quête d’une nouvelle identité. Une tentative qui suppose aussi une relecture de son patrimoine architectural (trad. Mariana Tudose)
En 1938, l’écrivain britannique Sir Sacheverell Sitwell écrivait dans son livre d’impressions « Voyage en Roumanie »: Ce qui interpelle au premier abord dans Bucarest c’est son étendue et la multitude de maisons entourées de jardins ! D’aucuns ne voient dans cette ville qu’une pâle copie de Paris. Au fait, Bucarest n’a rien à voir avec Paris, excepté quelques boutiques très prisées. Au charme de la ville contribuaient aussi les édifices majestueux, érigés à la fin du XIXe siècle, et témoignant des courants architecturaux très à la mode pendant la Belle Epoque, en France. Pour se mettre au goût du jour, les Bucarestois ont confié à des architectes français les travaux de modernisation de leur ville.
Détails avec l’architecte Sidonia Teodorescu : Durant les dernières décennies du XIXe siècle, de nombreux bâtiments seront construits d’après les plans d’architectes étrangers ou d’architectes roumains formés notamment à l’Ecole Des Beaux-Arts de Paris. Parmi les plus représentatifs, je mentionnerais Albert Galleron et Leonida Negrescu (créateurs de l’Athénée Roumain), Louis Pierre Blanc, dont le nom est lié au siège du ministère de l’Agriculture, Paul Gottereau, qui a conçu le Palais de la Caisse d’Epargne, Cassien Bernard et Albert Galleron, auteurs des plans de la Banque nationale, Alexandru Săvulescu, auquel nous devons le Palais des télécoms. Cette architecture, qui puise dans celle parisienne du Second Empire, on la retrouve aussi dans les édifices publics ou privés des grandes villes à travers la Roumanie. Sur la Place Carol Ier, actuelle Place de la Révolution, se trouve le siège de la Fondation universitaire Carol Ier, connue aujourd’hui sous le nom de Bibliothèque Centrale Universitaire. Elle a été construite entre 1891 – 1895, d’après les plans de Paul Gottereau, architecte du premier palais royal, qui se dresse juste en face. La construction de la deuxième aile de la bibliothèque, achevée en 1914, sera surveillée par l’architecte Roger Bolomey. Endommagé pendant les événements de décembre 1989, l’immeuble a subi des travaux de restauration entre 1990 et 2000.
Petit à petit, allait prendre contour le style roumain, qui renvoie à la fois à l’architecture traditionnelle et à celle brancovane. Le siège de la Municipalité de Bucarest en est un exemple. Sidonia Teodorescu : Un autre édifice important est celui appelé à l’époque « Le Palais des travaux publics » et qui abrite de nos jours la Municipalité de Bucarest. Erigé entre 1904 – 1911, en style néo-roumain, d’après les plans de Petre Antonescu, il a été restauré dans les années 1940. De 1916 à 1918, il a servi de quartier général aux troupes allemandes. On y retrouve des éléments spécifiques de la vieille architecture roumaine, tels les loggias aux arcs trilobés sur la façade principale, les colonnes basses et massives, les chapiteaux byzantins, les bandes ornementales d’encadrement aux motifs médiévaux, présentes aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, dans le hall d’entrée et sur l’escalier principal.’
L’esprit moderniste de l’entre-deux-guerres a par la suite mis son empreinte sur le centre-ville. Sidonia Teodorescu. : L’hôtel Lido, construit au début des années 1930, d’après un projet portant la signature d’Ernest Doneaud, a occupé une place à part dans le cœur des habitants du Petit Paris, tant par son aspect attrayant, que par sa portée dans la vie sociale de la ville. Le palace, dont la conception relève de la seconde période d’activité d’Ernest Doneaud, illustre le courant moderniste avec des éléments d’Art Deco.
Après les démolitions et les constructions datant de l’époque communiste, mais aussi au bout d’une longue période de transition, Bucarest est aujourd’hui en quête d’une nouvelle identité. Une tentative qui suppose aussi une relecture de son patrimoine architectural (trad. Mariana Tudose)