Clara Haskil
Ses contemporains ont admiré l’art et les qualités humaines de la pianiste Clara Haskil. Lorsqu’elle se mettait au piano, « la musique se matérialisait, comme venue de nulle part. Son bras semblait glisser sur le clavier sans le toucher, telle une pierre rebondissant à la surface de l’eau. Rien ne semblait commencer ou s’achever, tout devenait hors du temps », disait son bon ami, le pianiste roumain Dinu Lipatti. Il a décrit sa manière de jouer du piano comme « le summum de la perfection sur Terre ». Charlie Chaplin, soit Charlot, l’a considérée un génie : « Dans ma vie, j’ai rencontré trois génies », avait-il l’habitude de dire : « Clara Haskil, Einstein et Winston Churchill ».
Ana-Maria Cononovici, 13.06.2017, 14:46
Ses contemporains ont admiré l’art et les qualités humaines de la pianiste Clara Haskil. Lorsqu’elle se mettait au piano, « la musique se matérialisait, comme venue de nulle part. Son bras semblait glisser sur le clavier sans le toucher, telle une pierre rebondissant à la surface de l’eau. Rien ne semblait commencer ou s’achever, tout devenait hors du temps », disait son bon ami, le pianiste roumain Dinu Lipatti. Il a décrit sa manière de jouer du piano comme « le summum de la perfection sur Terre ». Charlie Chaplin, soit Charlot, l’a considérée un génie : « Dans ma vie, j’ai rencontré trois génies », avait-il l’habitude de dire : « Clara Haskil, Einstein et Winston Churchill ».
Née en Roumanie, à Bucarest, en 1895, dans une famille juive, Clara reçoit les premières leçons de piano de sa mère, et à 5 ans elle joue devant la reine Elisabeth de Roumanie, qui lui offre une bourse d’études. A seulement 6 ans, elle suit les cours du Conservatoire de Bucarest, puis, à 7 ans, elle fait des progrès avec le professeur Richard Robert à l’Académie de musique de Vienne, tant et si bien qu’à 10 ans, elle donne son premier concert public, sans partitions. C’est aussi l’année où elle s’inscrit au Conservatoire de Paris, devenant l’élève du célèbre Alfred Cortot. Elle remporte plusieurs concours d’interprétation, mais se voit malheureusement contrainte d’interrompre son activité pendant plusieurs années, étant immobilisée dans du plâtre à cause d’une maladie de la colonne vertébrale. C’est à peine en 1921 qu’elle est en mesure de faire son retour en public comme soliste de récitals de piano ou de concerts, accompagnant parfois des musiciens prestigieux tels George Enescu, Pablo Casals, Eugène Ysaye, Dinu Lipatti. Un autre problème de santé la tient loin de son public. Par peur du nazisme, elle se réfugie en France, en 1940 ; après beaucoup de pérégrinations en raison des persécutions, elle s’établit à Vevey, en Suisse, en 1942.
Pourtant, sa véritable consécration, avec des succès retentissants, elle allait la connaître après la Seconde Guerre mondiale. Clara Haskil joue dans des concerts de piano avec les orchestres les plus renommés, sous la baguette de chefs d’orchestre illustres, tels Leopold Stokowski, Thomas Beecham, Sergiu Celibidache ou en duo avec des instrumentistes célèbres. En 1950, elle rencontre le violoniste Arthur Grumiaux ; ils forment un duo célèbre et s’imposent devant le public. Entre 1952 et 1957, elle voyage à travers le monde, donnant 80 concerts par saison avec les orchestres et les chefs d’orchestre les plus renommés d’Europe, des Etats Unis et du Canada. Elle fait avec Herbert von Karajan une tournée de trois semaines qui lui apporte un succès bien mérité. Les 11 concerts accordés en 1956, dans l’Année Mozart, sous la direction du célèbre Herbert von Karajan la consacrent comme l’interprète parfaite des œuvres du génie de Salzbourg.
La Roumanie rend hommage pour la première fois à Clara Haskil en 2014 par un festival organisé à Sibiu, à l’initiative de la pianiste Alina Azario. Une année après le lancement du festival Clara Haskil, la jeune pianiste racontait dans une émission sur Radio Roumanie comment elle était arrivée à franchir ce pas :« L’idée de lancer le Festival international Clara Haskil en Roumanie m’est venue lorsque j’ai constaté que son nom était très peu connu dans son propre pays. Peut-être que les musiciens la connaissent très bien, mais le public ignore que Clara Haskil est née en Roumanie. C’st pourquoi j’ai pensé que c’était le moment que nous autres Roumains nous essayions d’honorer son nom, peut-être plus tard, mais il vaut mieux tard que jamais. »
Son nom est maintenu vif en mémoire par un des plus grands concours de piano du monde, le Concours International de Piano Clara Haskil, de Vevey, en Suisse, compétition organisée les années impaires, depuis 1963, trois années après son décès. Et c’est toujours là que se trouve une rue qui porte le nom de la pianiste d’origine roumaine.