Alexandru Tomescu

Un des plus grands violonistes roumains.

Olivia Sima, 20.10.2023, 14:19

Le monde entier connaît
les performances du violoniste roumain Alexandru Tomescu. Aujourd’hui nous vous
proposons un portrait musical de cet artiste hors pair qui a fêté son 46e
anniversaire le 15 septembre dernier.

Précisons dès le début
qu’il joue d’un violon Stradivarius de 1702 connu sous le nom de Elder Voicu, qui
lui a été prêté par le gouvernement roumain jusqu’à 2023.

Né
le 15 septembre 1976 à Bucarest, dans une famille musicale, Alexandru Tomescu
bénéficie d’une éducation solide, commençant à étudier le violon à l’âge de 6
ans, avec sa mère. Ses qualités musicales remarquables sont font vite
remarquer, si bien qu’à 8 ans seulement il remporte le Premier Prix du Concours
de Stresa, en Italie et la Télévision nationale italienne qui consacré une
émission qui lui prévoyait déjà une belle carrière internationale. Une année
plus tard, le très jeune Alexandru Tomescu faisait ses débuts aux côtés de l’Orchestre
Symphonique de Constanta et entamait sa première tournée en Autriche et
Allemagne. La presse allemande le remarque tout de suite dans un article
intitulé « Sur les traces de Paganini ». Après avoir terminé le Lycée
de Musique George Enescu de Bucarest, Alexandru Tomescu suit une formation
supérieure à l’Université nationale de Musique de la capitale, pour se
perfectionner par la suite à Strasbourg, Berlin, Freiburg, Los Angeles, Bergen
et Dresde guidé par des professeurs de renom. Il remporte de nombreuses
distinctions, dont Le Premier Prix du Cocnour International George Enescu en
1999, le Deuxième Prix Yehudi Menuhin du Concours Marguerite Long -
Jacques Thibaud à Paris et le Prix spécial du meilleur récital de la même
compétition. Pour ne donner que quelques exemples d’une liste très, très
longue. Alexandru Tomescu veut partager sa musique avec le monde. Par
conséquent, il compte déjà à son palmarès 16 disques lancés en Roumanie.

Se tournant vers la
musique de chambre, en 2003 il forme un groupe avec le pianiste Horia Mihail et
le violoncelliste Răzvan Suma, intitulé «Romanian Piano Trio ». Ensemble
ils participent à de nombreux festivals de Roumanie et du monde et organisent
les tournées « MusicON», une première nationale.

Depuis
son début en 1985, Alexandru Tomescu a eu plus de 200 concerts et récitals dans
26 pays. Il a joué sous la baguette de chefs d’orchestre remarquables, tels
Garry Bertini, Philippe Entremont, Christoph Eschenbach, Kurt Masur, Jin Wang,
Valeri Gergiev et autres. Il est monté sur les plus grandes scènes du monde -
Concertgebouw d’Amsterdam, Théâtre des Champs Élysées et Théâtre Châtelet – à
Paris, la scène de la Philharmonie de Berlin, La grande salle du Conservatoire
de Moscou ou encore le Metropolitan Art Center
de Tokyo. Son répertoire est vaste, avec une préférence pour la musique
romantique, qui lui va très bien d’ailleurs. Il est soliste de l’Orchestre
national de la Radiodiffusion roumaine depuis 2002 et soliste invité de la
Philharmonie de Pitesti. Et depuis 2007 il joue du Stradivarius Elder-Voicu de
1702.

Notons
aussi qu’Alexandru Tomescu a toujours fait de son mieux d’apporter la musique
classique plus près du large public. En témoigne une expérience très
intéressante : le 10 avril 2009 il a joué dans une des plus grandes
stations du métro de Bucarest en vêtements très modestes. La musique de qualité
a tout de suite produit ses effets sur les Bucarestois pressés qui se sont
arrêtés pour l’écouter, voire pour lui offrir un peu d’argent. Mais à la
différence du musicien Joshua Bell qui a fait une expérimentation similaire
dans le métro de New York, Alexandru Tomescu a ramassé plus d’argent. Ajoutons que
la musique n’est pas la seule passion d’Alexandru Tomescu. La photographie l’est
aussi.

Alexandru
Tomescu n’est pas un musicien comme les autres. Nous avons déjà mentionné sa
préoccupation de ramener la musique au plus près du large public. En témoigne
aussi le fait qu’une bonne partie de ses tournées internationales, Alexandru
Tomescu les a financés exclusivement de ses propres fonds. Et ce parce qu’il
sait le non conformisme, doublé par le professionnalisme et l’innovation, et la
recette idéale pour attirer de nouveaux publics. Son récital dans le métro en
était un exemple. Un autre est un concert dans une forêt, organisé pour tirer
la sonnette d’alarme contre l’exploitation abusive de la nature ou encore un
récital donné devant une maison en ruine, pour exprimer sa position face à la
détérioration du patrimoine architectural national. Et ce n’est pas tout,
Alexandru Tomescu a joué de son Stradivarius pour collecter des fonds pour
l’Association des Malvoyants de Roumanie et pour racheter des appareils
auditifs pour les enfants malentendants. Et, aux côtés d’autres musiciens il ne
cesse de parcourir les petites villes de Roumanie qui ne sont pas dotées d’une
philharmonie et même pas d’une salle adéquate pour les concerts de musique
classique.

Avant
de terminer précisons aussi qu’Alexandru Tomescu n’est pas que soliste, il est
aussi maître de conférences à l’Université de l’Ouest de Timisoara et à
l’Université nationale de musique de Bucarest.