Abbayes cisterciennes en Transylvanie
Les moines cisterciens, appartenant au très connu ordre catholique fondé en 1098 en France, à Citeux (Cistercium, en latin), sont arrivés au Moyen Age jusqu’en Transylvanie et au Banat, grandes régions situés dans le centre et l’ouest de l’actuelle Roumanie. Ils ont créé à Cârţa, à proximité de Sibiu, en Transylvanie méridionale, la plus orientale de leurs abbayes d’Europe. Le monastère de Cârţa n’a pas été la première construction cistercienne élevée sur le territoire actuel de la Roumanie. La première a été bâtie en 1179, à Igriş, dans l’ouest du pays, à proximité de la ville de Timişoara, sous le patronage du roi hongrois de l’époque et de son épouse, qui était d’origine française. Le monastère fut fondé comme une abbaye-filiale du monastère des moines cisterciens de Pontigny et il a accueilli la première bibliothèque attesté en Roumanie. Quelques décennies après sa construction a été érigé sa filiale de Cârţa, toujours sous le patronage du roi hongrois.
Christine Leșcu, 27.09.2015, 13:14
Les moines cisterciens, appartenant au très connu ordre catholique fondé en 1098 en France, à Citeux (Cistercium, en latin), sont arrivés au Moyen Age jusqu’en Transylvanie et au Banat, grandes régions situés dans le centre et l’ouest de l’actuelle Roumanie. Ils ont créé à Cârţa, à proximité de Sibiu, en Transylvanie méridionale, la plus orientale de leurs abbayes d’Europe. Le monastère de Cârţa n’a pas été la première construction cistercienne élevée sur le territoire actuel de la Roumanie. La première a été bâtie en 1179, à Igriş, dans l’ouest du pays, à proximité de la ville de Timişoara, sous le patronage du roi hongrois de l’époque et de son épouse, qui était d’origine française. Le monastère fut fondé comme une abbaye-filiale du monastère des moines cisterciens de Pontigny et il a accueilli la première bibliothèque attesté en Roumanie. Quelques décennies après sa construction a été érigé sa filiale de Cârţa, toujours sous le patronage du roi hongrois.
L’historienne de l’art Corina Popa décrit les particularités de ce deuxième monastère situé près de Sibiu : « Le monastère de Cârţa fut élevé dans une zone tout à fait à part, avoisinant le Pays de Făgăraş, habité à l’époque par une population majoritaire roumaine et qui a été soumise à une intense colonisation saxonne. Le monastère se trouve à la frontière des deux zones. Son domaine, accordé toujours par la royauté hongroise, comprend des villages saxons par excellence : Criţ, Meşendorf, Cloaşterf et même Cisnădioara. Tout près du monastère se trouvait le village roumain de Cârţa. Il est possible que le nom de celui-ci vienne du mot cierge. Le monastère avait pour patronne Santa Maria di Candelis (Marie entourée de chandelles). Or, le nom allemand de Cârţa est Kerz, qui signifie « cierge ».
On ne connaît pas avec précision en quelle année a commencé la construction du monastère de Cârţa. Corina Popa : « Suite aux fouilles archéologiques, on a pu établir que vers 1200 il y avait déjà là une petite chapelle ou église temporaire utilisée avant la construction du monastère, en 1205-1206, paraît-il. On ne le sait pas exactement, aucun document n’ayant été conservé. Pourtant on peut le déduire, en prenant en compte différentes donations. Peut-être sa construction est-elle liée aussi à l’année 1223, lorsqu’un moine a offert en donation au monastère une partie du village de Cisnădioara et son église, ce qui a signifié des revenus supplémentaires pour le monastère, de sorte que les travaux ont pu continuer. Il est possible que le monastère ait été achevé autour de l’année 1240. Malheureusement, les incursions tatares de 1241-1242 ont ravagé la Transylvanie, détruisant de nombreux lieux de culte et habitats. Le monastère de Cârţa s’est dépeuplé après 1241, mais il est repeuplé en 1260, lorsqu’il est reconstruit en grande partie, dans la forme que l’on peut voir de nos jours. »
Une partie des murailles, une tour et une partie de l’église – notamment l’autel – de l’abbaye d’autrefois ont été conservées. C’était suffisant pour que les spécialistes puissent la reconstruire et lui redonner son aspect initial, celui d’un monastère cistercien typique, dont les moines se guidaient d’après le dicton : « Priez et travaillez ».
Corina Popa: « Les fouilles archéologiques et les recherches historiques ont abouti à une image très claire de l’aspect initial du monastère : du côté nord se trouvait l’église, du côté est une partie du corps du monastère, avec, au rez-de-chaussée un auditorium et le dortoir à l’étage. Le dortoir communiquait directement avec l’église, pour permettre aux moines de descendre pour assister aux services religieux. Du côté sud se trouvaient le réfectoire et les annexes. C’était un monastère de grandes dimensions. La preuve : lorsqu’il fut fermé, son église – en fait le chœur, sa partie Est – est devenue l’église paroissiale du village saxon de Cârţa. L’église du monastère était si grande qu’elle excédait de beaucoup les besoins de la communauté saxonne. Aussi, les gens ont-ils utilisé son côté est, abandonnant les autres parties du bâtiment. L’église comportait également un autre élément propre aux cisterciens : le transept – vaisseau transversal s’étendant entre le chœur et la nef – aboutissait à l’Est à plusieurs chapelles rectangulaires où les moines pouvaient se retirer pour prier en silence. Le corridor qui se déployait sur les 4 côtés de la cour intérieure servait, lui aussi, de lieu de recueillement, de promenade et de prière. »
Ces constructions de Cârţa, c’est tout ce qui reste des monastères cisterciens de Roumanie. Celui d’Igriş a complètement disparu, peut-être dès le Moyen-Age, suite aux invasions tatares. (Trad. Dominique)