Survol du secteur énergétique
Gaz, pétrole mais aussi sources renouvelables
Florin Orban, 11.10.2016, 14:56
Les travaux au gazoduc passant sous le Danube et censé relier la ville bulgare de Roussé à celle roumaine de Giurgiu touchent à leur fin, ont fait savoir les autorités des deux pays. Annoncée dans un premier temps pour 2012, la connexion gazière longue de 25 km a été reportée de plusieurs années en raison des difficultés à la traversée du Danube. Le pipeline permettra l’acheminement de 1,5 milliards de mètres cubes de gaz par an tout au plus depuis la Bulgarie vers la Roumanie et d’un maximum de 500 millions de mètres cubes de gaz par an depuis notre pays vers son voisin bulgare.
Le gazoduc, qui sera prochainement mis en service, servira aussi bien aux importations qu’aux exportations ; il a été financé à hauteur de 23 millions d’euros de fonds européens dont 10 millions versés à la partie roumaine et le reste de 13 à la Bulgarie. La réception de l’ouvrage est prévue pour la fin de l’année. La présente conduite s’inscrit dans un projet plus ample censé relier les réseaux gaziers roumain, bulgare, hongrois et autrichien et permettre l’acheminement du gaz naturel de la mer Noire vers l’Autriche.Aux dires de son ministre de l’Energie,
Victor Grigorescu, la Roumanie approche à grands pas de sa cible d’indépendance énergétique grâce aux importants gisements de gaz découverts en Mer Noire. Ecoutons le ministre Grigorescu au micro de Radio Roumanie : « Plus que son indépendance énergétique, la Roumanie devrait chercher à obtenir sa sécurité énergétique. Pour cela, elle devrait plutôt pérenniser son approvisionnement en gaz que de se doter d’un système fermé. Du coup, cela implique aussi bien de l’indépendance énergétique de sources propres que la possibilité, si nécessaire, d’un approvisionnement de ressources extérieures. Or, le meilleur exemple en ce sens s’avère justement le projet BRHA censé permettre d’utiliser de nouvelles sources de gaz à travers la construction d’un gazoduc reliant la Roumanie à la Bulgarie, la Hongrie et à l’Autriche. Le projet, qui s’étale sur 4 ans, se propose la construction de 528 km de gazoduc nouveau en Roumanie, ce qui ne fait que renforcer ce que je viens de dire, à savoir notre sécurité énergétique».
A son tour, le secrétaire général de l’Association roumaine des Compagnies d’exploration et de production pétrolière, Daniel Apostol, déclare : « Tout d’abord, il convient de préciser que le projet BRHA est plus qu’une hypothèse, qu’une simple théorie. Il s’agit d’une réalité puisque des éléments sont déjà mis en œuvre. Le projet suppose un investissement gigantesque de la part de la Roumanie avec l’appui de l’UE qui assurera presqu’un tiers de la somme totale dépassant les 500 millions d’euros. A partir du moment où le gazoduc deviendra fonctionnel, les réserves en mer Noire pourront être commercialisées, ce qui fera de la Roumanie un véritable acteur du marché énergétique européen ».
Pour assurer les travaux en terre roumaine, la société de transport du gaz naturel Transgaz a signé début septembre, à Budapest, un accord lui permettant de se voir financer de 179 millions d’euros à travers le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe. Pendant la première année de fonctionnement du gazoduc aux termes des accords conclus, Transgaz s’engage à assurer un débit de 0,5 milliards de mètres cubes à une pression de 29 bars à la frontière. Le projet BRHA est apparu suite à la nécessité d’une diversification des sources d’approvisionnement en gaz naturel des pays européens, d’un renforcement de la sécurité du ravitaillement en gaz naturel de la Roumanie et de l’acheminement des réserves en gaz de la Caspienne vers les marchés de l’Europe Centrale.
Dans son intervention radiophonique, le ministre de l’Energie, Victor Grigorescu, s’est également rapporté à la production énergétique des sources renouvelables : « Le rôle que les sources d’énergie renouvelable jouent à présent est déjà une évidence. Du coup, la Roumanie se dirige elle aussi vers des technologies à faible impact pour ce qui est des émissions de dioxyde de carbone. Pourtant, je crois que les technologies actuelles sont loin d’occuper une place significative dans les décennies à venir. Un seul exemple : à l’heure actuelle, en Roumanie, on fait ce que l’on appelle de l’équilibrage. Concrètement, il s’agit de compléter la réserve d’électricité quand le vent ne souffle pas ou quand le soleil n’est plus de la compagnie pour assurer le fonctionnement des panneaux photovoltaïques. Personnellement, je pense qu’à l’heure où l’on parle, on devrait repositionner correctement plusieurs éléments du paysage énergétique de sorte à le préserver équilibré et à même de nous assurer un approvisionnement en toute sécurité. On dispose d’une production de ressources d’énergie renouvelables qui se montre généreuse, ce qui nous permet d’affirmer avoir dépassé nos cibles énergétiques assumées au niveau européen. On a également un secteur minier en détresse, il est vrai, mais on a aussi du potentiel hydroélectrique ». Le document final de la Stratégie énergétique de la Roumanie pour 2016- 2030 paraîtra bientôt.