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Semences hybrides versus semences traditionnelles

Vu que de nombreuses variétés autochtones ont désormais disparu, quelques cultivateurs de légumes de Roumanie oeuvrent à les promouvoir devant les consommateurs.

Semences hybrides versus semences traditionnelles
Semences hybrides versus semences traditionnelles

, 28.07.2015, 13:10

Les variétés de légumes traditionnels représentent une source importante de profit pour ceux qui souhaitent ramener sur le marché le goût des légumes d’antan. Dans les conditions où les maraîchers et leurs légumes frais et bio se font de plus en plus rares sur le marché, bien des producteurs de légumes cherchent à collecter et à multiplier les semences produites par les paysans. Et ce parce que la plupart des cultivateurs ont remplacé les graines autochtones par des hybrides performants et donc beaucoup plus productifs. C’est la nostalgie des arômes des légumes de jadis qui a déterminé la création de l’Association EcoRuralis de Cluj. Cela fait plusieurs années déjà qu’elle s’investit dans la sauvegarde des variétés roumaines de légumes. Les membres de cette association recueillent chez les paysans et les maraîchers les variétés locales de graines, après quoi ils les multiplient et les offrent à titre gracieux à tous ceux qui souhaitent les cultiver.



Vali Cucu est un des membres de l’Association EcoRuralis de Cluj. Soucieux de préserver les variétés anciennes, il cultive depuis une trentaine d’années sur une superficie de 500 mètres carrés les graines qu’il collecte du monde entier.



Vali Cucu: « J’ai commencé à amasser toutes sortes de variétés de légumes lorsque j’ai constaté que le marché était envahi par des légumes sans goût. Ces graines, que j’ai procurées aux anciens, je les multiplie d’une année à l’autre. J’en offre à ceux qui veulent les cultiver, mais je vends aussi une partie de ces semences pour pouvoir entretenir ma propre exploitation. L’an dernier, j’ai eu 80 variétés, dont une cinquantaine pour les tomates. Toutes ces variétés ne sont pas roumaines et je les rebaptisées. Les semences de tomates géantes, c’est un ingénieur qui me les a données, il y a 35 ans. Je les cultive depuis lors et elles sont vraiment très savoureuses et juteuses. Je cherche des variétés du monde entier. J’ai réussi à trouver y compris des graines de tomates Poma, une variété obtenue en 1937 en Italie. J’ai aussi trois variétés de tomates dites Cœur de bœuf”: rouge, rose et une variété ancienne, très productive et savoureuse, que je tiens d’une vieille paysanne de République de Moldova. J’ignore si cette dernière variété est roumaine. »



Le cultivateur de graines est très recherché surtout par les jeunes agriculteurs et maraîchers. Les graines qu’il leur vend sont moins chères que les hybrides. En plus, comme on ne récolte pas les graines issues des hybrides, les agriculteurs se voient obligés d’en acheter chaque année aux grandes corporations. Les agriculteurs roumains vendent le sachet de 150 graines contre 10 lei, alors que le sachet contenant 100 semences hybrides peut coûter jusqu’à 180 lei.



Vali Cucu : « Je suis content que de plus en plus de gens recherchent les semences potagères de variétés anciennes, qu’ils soient prêts à renoncer aux hybrides, ces bombes à eau que l’on trouve aujourd’hui sur les marchés. Et je vois que bien des jeunes s’y intéressent. La Grèce accueille une foire annuelle destinée aux échanges de semences, qui se tient dans la première semaine après la fête de Pâques. Y participent des gens venus de toute l’Europe, mais aussi d’Inde, pour faire le troc de graines. Les graines que j’en ramène, je les soumets à différents tests pour voir si elles s’acclimatent bien aux conditions de chez nous et si les légumes respectifs ont du goût. Puis, je commence à les cultiver pour en produire des graines, soit 100 à 300 sachets pour chaque variété. A la fin, j’en envoie à mes collègues de l’Association EcoRuralis, j’en fais don et j’en vends aussi. En février-mars, je n’ai déjà plus de graines. »



A présent, il est de plus en plus difficile de trouver sur le marché des produits agricoles vendus par les producteurs et issus de semences préservées d’une génération à l’autre. Le maître de conférences Aurel Maxim, spécialiste dans la conservation de la diversité biologique à l’Université des Sciences agricoles et de médecine vétérinaire de Cluj, affirme que les gîtes ruraux pourraient devenir des marchés locaux pour les agriculteurs qui utilisent les semences traditionnelles, parce que les touristes étrangers préfèrent les produits du terroir.



Aurel Maxim : « En Roumanie, on a encore une grande variété de plantes cultivables qui sont pourtant menacées parce que ceux qui les détiennent sont des personnes âgées pour la plupart. Et une fois ces personnes disparues, ces variétés disparaîtront également. On pourrait faire un vrai business avec ces espèces paysannes utilisées comme ingrédients dans des plats traditionnels roumains. Certains légumes, on peut les consommer frais, comme c’est le cas des tomates roumaines dont le goût est meilleur qu’à celles des supermarchés. C’est une opportunité importante, puisque les gens commencent à choisir tout ce qui est produit traditionnel et éco, des produits beaucoup plus sains d’ailleurs. »



En Roumanie il ne reste que quelques institutions d’Etat qui produisent des semences de légumes roumains. La banque de gènes de Suceava, dans le nord du pays, conserve depuis une quarantaine d’années des semences traditionnelles qu’elle offre gratuitement aux fermiers pour les réintroduire dans l’agriculture. Vu qu’en Roumanie, plus de 90% des plants proviennent de semences hybrides produites à l’étranger, les spécialistes exhortent les paysans à conserver les variétés autochtones et à échanger des semences entre eux. Aurel Maxim affirme qu’il n’existe pas d’intérêt pour la recherche et le classement des variétés traditionnelles, parce que les grandes entreprises souhaitent monopoliser la production de semences et que personne ne lutte pour protéger le patrimoine de semences paysannes.



Le professeur Aurel Maxim : « Il convient de mentionner la concurrence qui existe entre les petits producteurs et fermiers et les géants de l’agriculture mondiale. Ces 20 dernières années, les corporations spécialisées dans toute sorte de produits chimiques pour l’agriculture ont accaparé cette activité qu’est la production et la vente de semences pour l’agriculture. Ces entreprises font tout pour éliminer les petits producteurs de cette équation. Le ministère de l’Agriculture devrait mettre à profit les opportunités qu’offrent une série de directives européennes et de traités internationaux et d’accorder plus d’importance à ces variétés locales. Mais voilà que nous préférons encore cette agriculture de grandes dimensions, cette agriculture industrielle, où les multinationales sont le plus à l’aise. Voilà donc que c’est aussi une question de mentalités dépassées par ce qui se passe actuellement en Occident. L’Occident a redécouvert la valeur de ces variétés et de véritables batailles sont actuellement menées entre les multinationales et les petits fermiers, mais ils sont mieux organisés. En France, par exemple, il existe de nombreuses confédérations paysannes qui ont une force extraordinaire et qui peuvent influencer les responsables politiques… Imaginez seulement le fait que les étrangers qui se rendent en Roumanie pour exploiter des dizaines de milliers d’hectares de terrain agricole ne sont pas intéressés par nos variétés locales. Il veulent faire de l’agriculture industrielle, en ignorant le paysage, la contamination des eaux et du sol. Ce qui compte pour eux, c’est le profit. »



Le marché des semences est donc ouvert à tout type de culture. Ceux qui souhaitent obtenir des productions record et des produits qui se portent bien dans les étals des supermarchés utilisent presque exclusivement des hybrides. En échange, les semences traditionnelles, obtenues par pollinisation libre, sans intervention humaine, produisent des fruits et légumes délicieux, pleins de vitamines que les consommateurs adorent. (Trad. Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

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