Revitaliser l’industrie aéronautique roumaine, une priorité
La Roumanie a une tradition centenaire dans la production davions. Avant la première guerre mondiale déjà, lingénieur roumain, Aurel Vlaicu avait lancé plusieurs prototypes.
Florin Orban, 17.04.2018, 14:57
Dans la production aéronautique, la Roumanie a une tradition de plus de cent ans. Avant la Première Guerre mondiale déjà, l’ingénieur roumain Aurel Vlaicu avait lancé des prototypes d’appareils volants à moteur. Il a réussi même à s’imposer avec l’un de ses modèles lors d’une démonstration internationale renommée, qui avait lieu à Aspern, en Autriche. Roland Garros, l’as de l’aviation française de l’époque, avait été de la partie.Toujours avant la première guerre mondiale, le roumain Henri Coandă avait construit le premier appareil de vol sans hélice. Le modèle créé à l’époque par Henri Coandă a par la suite ouvert l’ère des appareils à réaction, mode de propulsion encore et toujours en vigueur dans l’aviation moderne, comme chacun le sait.C’est en 1925, à Brasov, qu’a été fondée la première société roumaine censée fabriquer des avions, société qui s’appelait « l’Industrie aéronautique roumaine », en bref, IAR.
La première série d’avions fabriqués, sous licence française, par cette usine, a franchi ses portes en 1928. Le premier avion arborant fièrement l’emblème d’IAR a été fabriqué en 1930. Il s’agissait d’un avion de chasse réalisé d’après les esquisses de l’ingénieur roumain Elie Carafoli, suite à sa collaboration avec l’ingénieur français Lucien Virnoux. C’était, paraît-il, un des avions de chasse les plus performants de l’époque. Progressivement, l’usine passa à la production de série, gagnant ses galons et sa renommée à travers toute l’Europe.
La fin de la Seconde Guerre mondiale a provoqué en revanche l’arrêt de l’aventure industrielle aéronautique roumaine. La production de l’usine est ainsi passée des avions aux tracteurs… Ce n’est qu’en 1960 que les autorités, communistes cette fois, ont décidé de reprendre la production d’avions dans la zone de Brasov, plus précisément à Ghimbav, petite ville située à une dizaine de km de la ville de Brasov. Mais la production aéronautique n’avait plus jamais atteint son envergure d’avant la guerre. Après les années ’90, c’est à Ghimbav qu’ont été fabriqué les hélicoptères IAR 330 Puma et IAR 316B Alouette, sous licence française de Sud Aviation, société devenue ultérieurement, d’abord Aérospatiale, puis Eurocopter, et actuellement, Airbus Helicopters.
L’usine de Brasov cessa par la suite de fabriquer des appareils de vol, poursuivant néanmoins l’entretien et la modernisation des hélicoptères militaires. Malgré tout, le site de Ghimbav est resté un repère dans l’industrie aéronautique européenne, et les majeurs de cette industrie se sont montrés de plus en plus intéressés par ses capacités de production. Aussi, récemment, une délégation franco-roumaine de haut niveau a visité le site de Ghimbav, dans le but déclaré de revitaliser la coopération avec la société européenne Airbus. A la suite de cette visite, Michèle Ramis, l’ambassadrice de France en Roumanie, avait déclaré : « Le site est le résultat de 46 années de coopération entre Airbus et la Roumanie. C’est la preuve qu’ensemble on peut construire des capacités industrielles puissantes, à la pointe au niveau mondial, parce que l’on voit des hélicoptères de différentes armées du monde qui viennent ici pour remettre à jour leurs capacités ».
Pourtant, dans le domaine militaire, les autorités roumaines ont dernièrement été plutôt enclines à acquérir de l’armement américain, une politique qui n’a pas manqué de faire des mécontents parmi les managers européens du domaine. Serge Durand, le directeur général de la société Airbus Helicopters Roumanie soulignait: « Airbus est installée depuis longtemps dans votre pays, et notre désir est de le rester encore pour longtemps. En revanche, nous voulons être consultés, nous souhaitons participer à des appels d’offres transparents, nous souhaitons qu’à l’avenir Airbus soit consultée, en tant que compagnie, parce que nous sommes persuadés que nous disposons de toutes les technologies de pointe nécessaires qui répondent aux besoins de votre pays ».
Suite aux engagements pris au sein de l’OTAN, la Roumanie alloue chaque année 2% du PIB à ses capacités de défense. Une bonne partie du montant va dans la modernisation de nos capacités militaires. On préconise d’évidence à ce que le renouvellement de la technique militaire roumaine ne se fasse pas exclusivement à travers les importations, mais que le processus d’acquisition mette à contribution aussi la production intérieure. Sur le site de Ghimbav, le président du Sénat, Călin Popescu Tăriceanu, n’a pas mâché ses mots : « Je souhaite que l’on puisse réellement revitaliser l’industrie roumaine… Nous disposons de ces capacités formidables, et je ne pense pas que l’Armée roumaine puisse les ignorer. Nos capacités sont en mesure d’assurer tout ce dont l’Armée a besoin pour réussir ses missions d’une manière efficace », avait conclu le président du Sénat roumain, Calin Popescu Tariceanu. (Trad Ionut Jugureanu)