Résultats de l’économie roumaine
Le Fonds monétaire international indique pour cette année une croissance de léconomie roumaine de 2,8%.
Florin Orban, 02.09.2014, 14:00
Les données fournies par l’Institut National des Statistiques sur le deuxième trimestre 2014 font état d’une régression de 1% du PIB par rapport au trimestre antérieur, lorsque cet indicateur avait baissé de 0,2% par comparaison avec le dernier trimestre de 2013. Autrement dit, la Roumanie a plongé dans la récession technique, pour employer un terme du jargon européen.
Toutefois, une croissance de 2,6% a été enregistrée les six premiers mois de l’année courante par rapport à la même époque de 2013. La publication de ces données n’a pas été sans susciter des controverses. De l’avis de certains analystes et hommes politiques, dont le président Traian Băsescu, cette récession technique est la conséquence de l’application, à compter du 1er avril, de l’accise supplémentaire sur les carburants, de l’introduction de l’impôt sur les constructions spéciales et de la réduction des investissements publics. D’autres commentateurs économiques et politiques, le premier ministre Victor Ponta compris, affirment qu’avant la fin de l’année l’économie renouera avec la croissance.
Voici les propos de Cristian Socol, conseiller du chef du gouvernement sur les questions économiques: Pratiquement, les 2,6% de croissance économique d’un semestre à l’autre nous font compter toujours parmi les pays de l’UE à enregistrer la croissance économique la plus significative. D’autre part, on peut remarquer une perte de vitesse déterminée par des causes plutôt objectives. Parmi les secteurs qui ne sont pas bien portés, on peut mentionner l’agriculture, et ce en dépit des subventions européennes et publiques croissantes. Les précipitations abondantes ont retardé de beaucoup surtout la moisson des blés et la vendange. Le BTP est autre domaine en difficulté depuis un certain temps et qui exige des programmes gouvernementaux. Un exemple serait le passage du programme dit du « Premier logement », à celui connu sous le nom de « Logement nouveau». Le premier était conçu à l’intention des jeunes et offrait des facilités relatives aux intérêts des crédits et au montant de l’avance. Le second devrait faciliter la construction de logements nouveaux, de sorte à entraîner l’essor d’autres secteurs aussi, telle l’industrie du ciment, des matériaux de construction, du meuble et ainsi de suite”.
Cristian Socol a également évoqué les résultats, pas non plus très favorables, des principaux partenaires de la Roumanie en matière de commerce extérieur, dont l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et les Pays-Bas. Il essaie, pourtant, de voir la bouteille à moitié pleine : « La partie pleine du verre, c’est que nous avons eu une croissance économique de 2,6% au semestre précédent. Si l’on considère la structure de cette croissance, une grande partie est pratiquement issue de la hausse de la production industrielle, ce qui indique une croissance durable. Effectivement, nous avons eu des périodes nettement meilleures, même à la fin de l’année dernière, et même toute l’année dernière, mais nous disposons d’une marge de manœuvre fiscale assez importante pour la deuxième partie de l’année. Le déficit budgétaire s’élève à 0,3% fin juillet, or le chiffre convenu avec les créditeurs internationaux est de 2,2%. Pratiquement, les investissements publics, ajournés durant la première partie de l’année peuvent être accélérés et, d’autre part, d’autres programmes gouvernementaux peuvent être proposés, tels que de nouvelles aides d’Etat pour l’industrie. Dans la 2e partie de l’année, il y a des perspectives et un potentiel de croissance beaucoup plus important, si l’on pense que la réduction des charges sociales payées par l’employeur interviendra à partir du 1er octobre, et que les effets de l’exonération d’impôt sur le profit réinvesti prendront effet ».
A son tour, l’analyste économique Aurelian Dochia a parlé, pour Radio Roumanie, notamment de la baisse constatée au 2e trimestre par rapport au 1er trimestre : « Moi, je pense qu’au niveau des recettes budgétaires, une croissance moins importante que prévu pourrait mettre de la pression sur le déficit. Il est évident qu’elle met dans une toute autre lumière la possibilité de réduire certains impôts et taxes, tels que les contributions à la sécurité sociale. Et il existe, bien entendu, beaucoup d’autres conséquences. Cette baisse intervient sur la toile de fond d’un ralentissement de la croissance dans toute l’Europe. L’Allemagne, la plus grande économie de l’UE, a connu elle aussi une contraction au 2e trimestre. L’Italie est officiellement en récession. La France, la République tchèque sont des pays qui ont connu la stagnation, et l’UE dans son ensemble a enregistré une croissance très modeste, de seulement 0,2% au premier semestre de l’année en cours. Par comparaison, il est évident que la Roumanie compte parmi les champions de la croissance, mais à un niveau inquiétant pour beaucoup de nos calculs à l’interne. Cette hausse en-dessous des attentes, intervenue durant la première partie de l’année, est causée, d’une part, par la forte contraction de l’activité dans le domaine du bâtiment. Et cela a trait au fait que beaucoup de projets d’investissements publics n’ont pas été réalisés. Et aussi aux effets de plusieurs semaines défavorables du point de vue climatique sur l’agriculture. Il est possible que ces effets soient encore visibles au 3e trimestre et jusqu’à la fin de l’année. Je pense que le moment de croissance se poursuivra, même si les niveaux auxquels nous nous attendions ne peuvent pas être atteints ».
Selon les estimations les plus récentes, le Fonds monétaire international indique pour cette année une croissance de l’économie roumaine de 2,8%. A son tour, la Banque mondiale a amélioré en juin ses prévisions de croissance de 2,5 à 2,8%, et de 2,7 à 3,2% pour 2015. Quant à elle, la Commission européenne anticipe que le PIB de la Roumanie connaîtra une progression de 2,5% en 2014 et de 2,6% en 2015, après un bond de 3,5% l’année dernière. (Trad. Mariana Tudose, Ligia Mihaiescu)