Réduire les décalages entre les différents Etats et régions de l’UE
De nouveaux pas ont été faits dans cette direction.
Florin Orban, 24.10.2017, 12:39
Des différences significatives se font jour entre les Etats et les régions de l’UE en matière de développement. A l’Est du continent, en Roumanie ou en Bulgarie, par exemple, les salaires sont plus bas qu’en Allemagne ou dans les pays nordiques et l’accès de la population au système de santé, à l’éducation ou à une infrastructure moderne de transport est plus difficile.
C’est pourquoi, l’UE a mis au point des politiques censées réduire les décalages entre les différents pays ou régions, dont la plus importante est celle dite de cohésion. Son principal but est de promouvoir des stratégies de développement, par une intervention dans des domaines clés : infrastructure, recherche et innovation, emploi, éducation, milieu d’affaires, protection de l’environnement, changements climatiques, efficacité énergétique. Il s’agit d’un paquet de politiques à appliquer au niveau régional ou même local, par le biais des investissements publics dans ces domaines essentiels.
Au-delà de son aspect financier, la mise en place de la politique de cohésion dépend surtout de la capacité des Etats et des régions à absorber les fonds disponibles – un sujet qui s’est trouvé au centre des manifestations organisées récemment à Bruxelles, dans le cadre de la Semaine européenne des régions et des villes. En ouverture de l’événement, la commissaire européenne à la politique régionale, Corina Creţu, et le président du Comité des régions, Karl-Heinz Lambertz, ont présenté le 7e rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale dans l’UE.
En analysant la situation actuelle, le document montre que l’économie de l’Europe est en train de se redresser, mais que des disparités continuent d’exister entre les Etats membres ou à l’intérieur de ces Etats. Depuis une vingtaine d’années, la politique de cohésion a donné des résultats dans toutes les régions de l’UE, ayant été une source importante d’investissements – affirme le document. Durant les 10 dernières années, elle a créé 1,2 millions d’emplois, alors que les investissements publics favorisant la croissance économique ont chuté dans beaucoup d’Etats membres.
Corina Creţu : « Depuis 2015, les décalages entre les régions se réduisent à nouveau, pourtant des citoyens de l’UE vivent encore dans des régions où le PIB est inférieur à celui enregistré avant la crise. Ces dernières années, les régions plus pauvres de l’Europe ont progressé vers la moyenne européenne, mais le chemin à parcourir est encore long jusqu’à ce qu’elles puissent offrir les mêmes opportunités à leurs citoyens. Par contre, les régions plus riches de l’Union ont enregistré une croissance plus rapide, même si elles sont confrontées à la pression migratoire, à l’exclusion sociale, à la pauvreté, à la pollution et aux inquiétudes liées à la sécurité. Les régions classées au milieu, que nous appelons « régions en transition », ont enregistré un ralentissement de la croissance du PIB par habitant et une stagnation des salaires ; le secteur industriel n’a pas progressé et ces régions demeurent les plus vulnérables aux défis de la mondialisation. »
En l’absence de la politique de cohésion, la crise économique que le monde vient de traverser aurait touché davantage l’Europe – a estimé Corina Creţu : « Les investissements financés par la politique de cohésion ont joué un rôle essentiel pendant la crise économique et après. Ils restent, pour nombre de pays, la seule source d’investissements stables à long terme. Comme on le sait déjà, soumis à une pression financière, beaucoup de budgets nationaux renoncent d’abord aux investissements. Dans l’UE, plus de 8% des investissements publics – voire 15% dans certains pays – sont financés par la politique de cohésion. Dans ces Etats, plus de la moitié des connexions Internet à haut débit, des travaux de rénovation des écoles ou des kilomètres de route construits ou réhabilités est financé à travers la politique de cohésion. Les investissements ont fait progresser le PIB des 12 pays ayant intégré l’UE en 2004 et 2007. Grâce à la politique de cohésion, leurs PIB ont augmenté de 3% en 2015 et de 6% actuellement, soutenant une convergence réelle ».
Selon les statistiques officielles, pour la période 2014-2020, la Roumanie s’est vu allouer quelque 23 milliards d’euros provenant des fonds de cohésion, soit 10% de plus par rapport à la période 2007-2013. Elle a pourtant des difficultés à absorber ces fonds, notamment en raison de la faible capacité administrative enregistrée au niveau aussi bien national que régional ou local. Soit les possibilités de co-financement ou la compétence nécessaire pour mettre en œuvre des projets manquent, soit il n’y a tout simplement pas de volonté politique.
Des solutions existent, pourtant, selon la commissaire européenne à la Politique régionale, Corina Creţu : « J’ai toujours affirmé que l’argent, ce n’est pas tout. C’est la capacité administrative qui compte le plus. Pour la période 2014-2020, nous avons introduit un certain nombre de préconditions, ainsi que des recommandations spécifiques pour les différents Etats membres et, à mon avis, certains d’entre eux ont fait des progrès. Nous offrons également des instruments, des plateformes, des conseils, un dialogue direct – il y a plus de 3 mille personnes qui travaillent sur le terrain. A mon avis, les échanges de bonnes pratiques sont importants, car il faut voir de ses propres yeux pour savoir ce que l’on doit faire. »
Selon la Commission Européenne, début 2018 sera lancée une consultation publique concernant la future politique de cohésion. En mai prochain, la Commission présentera sa proposition pour le cadre financier pluriannuel, suivie de propositions concrètes pour la politique de cohésion après 2020. (Trad. : Dominique)