Quelle pisciculture en Roumanie ?
Ces 25 dernières années, la production de poisson de la Roumanie a chuté de 100.000 tonnes par an à moins de 10.000 tonnes.
România Internațional, 20.06.2017, 18:52
Bien développée pendant la période communiste, l’industrie roumaine du poisson classait à l’époque la Roumanie 3e en Europe, après l’URSS et la RDA. Dans les années ’60 déjà, la Roumanie possédait une immense flotte de pêche, dont les dizaines de bateaux, sur lesquels travaillaient 6 mille personnes, sillonnaient les océans du monde et en rapportaient des chinchards, des maquereaux, des sardines, des cabillauds et des harengs. Pendant cette même période, la Roumanie exploitait à des fins piscicoles 90% de ses 500 mille hectares de plans d’eau. S’y ajoutaient les rivières, totalisant 76 mille km, et le Danube, dont le cours mesure 1.075 km sur le territoire roumain. Les rivières intérieures assuraient 60 mille tonnes de poisson par an, auxquelles s’ajoutaient quelque 150 mille tonnes pêchées dans les océans. Une grande partie de ce poisson était vendu frais, mais des quantités importantes prenaient aussi la route des fabriques de conserves de Galaţi, Tulcea, Sulina et Constanţa. La quantité de poisson couvrait largement la consommation interne, 100 mille tonnes étant exportées annuellement.
De nos jours, soit après un quart de siècle, la production de poisson de la Roumanie a baissé à moins de 11 mille tonnes par an, représentant 8% de la consommation interne, bien que la Roumanie compte le plus vaste réseau hydrographique de l’UE, avec des rivières dont les cours totalisent plus de 8 mille km, le Danube et l’accès, par la mer Noire, à l’océan planétaire.
Marian Cuzdrioreanu, président de l’Association des Importateurs, Exportateurs et Fournisseurs de poisson de Roumanie, explique : « Du poisson assuré par l’industrie roumaine de la pêche, nous en avions beaucoup plus avant la Seconde Guerre mondiale. Dans les années ’20 et ’30, la Roumanie comptait des plans d’eau totalisant environ 1.800.000 hectares. Côté aquaculture, la Roumanie occupait la première place en Europe. Pourtant, après l’installation du régime communiste, les étangs ont été asséchés pour rendre ces terrains à l’agriculture. Pendant la période communiste, la consommation de poisson était beaucoup plus grande, soit 8-10 kilos par habitant, mais une très grande partie du poisson consommé provenait des océans. La Roumanie possédait une importante flotte de pêche, qui était la 3e grande flotte d’Europe et la 10e dans le monde. A l’époque, on exportait du poisson. A présent, on en importe. La pisciculture roumaine couvre 10-15% seulement de la demande interne, le reste, on l’importe. Entre temps, la consommation a elle aussi baissé à moitié – soit 4-5 kilos par habitant. La Roumanie ne possède plus de flotte de pêche, par conséquent on ne pêche plus dans les océans. Nous ne disposons plus des fameux bateaux Polar, où le poisson était tout de suite transformé, ce qui est le mieux. Depuis 27 ans que je travaille dans la pisciculture, j’ai appris que pour préserver la qualité du poisson, on doit le transformer tout de suite après la pêche. Or, ces bateaux Polar étaient aussi de véritables entreprises de transformation flottantes. »
Des centres d’élevage ont été créés ces dernières années, dans tous les départements du pays. La Roumanie compte actuellement des étangs totalisant 84.500 ha et 300 fermes piscicoles, dont 60 destinées à l’élevage des truites, qui couvrent 44 hectares. La production aquacole est dominée par les cyprinidés (tanche, carassin, carpe, brème). Dans les fermes de reproduction et les fermes aquacoles se retrouvent aussi la truite, la sandre, le brochet, la perche, le silure et l’esturgeon.
Marian Cuzdrioreanu: « En Roumanie vivent 7 espèces importantes de la famille des cyprinidés – famille qui compte plus de 2000 espèces dans le monde entier. Les principales espèces en sont pourtant la carpe commune – fréquemment élevée en aquaculture – et ses dérivés : la carpe argentée et la carpe à grosse tête. La Roumanie n’en exporte presque pas. Nous exportons, en revanche, une espèce d’escargots, appelés justement escargots de mer Noire. Ce gastéropode est arrivé dans eaux de la mer Noire collé aux carènes de bateaux, il s’est acclimaté et y a proliféré. Pas très grandes, les quantités exportées sont destinées à la Corée et au Japon. Quant au poisson, on n’en a pas assez pour exporter. »
Les poissons préférés des Roumains sont la sandre et le maquereau, dont les ventes ont progressé de 5% par rapport à l’année dernière, selon une étude réalisée par un des principaux importateurs et distributeurs de poisson et de produits à base de poisson de Roumanie. Cette étude montre aussi que les Roumains sont de plus en plus attirés par les fruits de mer, et les ventes chiffrées en 2016 à 35 millions d’euros pourraient augmenter de 5% cette année. Ce sont les crevettes qui occupent la première place dans les préférences des Roumains, suivies par les moules, les calmars et les pieuvres. Les ventes de poissons et de fruits de mer se chiffrent à 350 millions d’euros par an.
Le Programme Opérationnel relatif au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche offre aux personnes intéressées par l’aquaculture des fonds se chiffrant à 170 millions d’euros pour la période 2014-2020. Le petit nombre de bateaux de pêche en mer Noire dont la Roumanie dispose, le manque d’une flotte pour la pêche dans les océans, l’absence des ports de pêche rend le pays dépendant des importations, malgré son immense potentiel non exploité dans ce domaine. (Trad. : Dominique)