Projets d’infrastructure énergétique
Le gouvernement de Bucarest estime que la production de gaz en mer Noire pourrait commencer dici 5 ans, ce qui lui éviterait la dépendance à légard du gaz russe.
Florin Orban, 17.03.2015, 14:25
La Roumanie est engagée dans la réalisation d’interconnexions des réseaux d’électricité et de gaz naturel avec les pays voisins. Le projet de gazoduc Nabucco, qui aurait dû relier la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie à l’Autriche, a été abandonné à l’été 2012, n’ayant pas réussi à trouver des fournisseurs de gaz. Notons qu’en 2010 ont été jetées les bases de l’inter connecteur gazier Azerbaïdjan — Géorgie — Roumanie — Hongrie, mieux connu sous son sigle AGRI. Concrètement, les chefs d’Etats et de gouvernements des pays concernés ont signé, le 14 septembre 2010, la « Déclaration de Bakou », par laquelle ils exprimaient leur appui politique à la mise en place du projet. Ce dernier suppose plusieurs étapes: le transport du gaz azéri via la Géorgie et la construction dans ce pays d’un terminal de liquéfaction, l’acheminement du gaz par voie maritime, en traversant la mer Noire, la réalisation d’un terminal de re gazéification en Roumanie et le transport ultérieur du gaz par pipeline transitant par la Roumanie et la Hongrie pour arriver en Europe centrale.
Le ministre roumain de l’Energie, des PME et du Milieu des affaires, Andrei Gerea: « Manifestement, la Roumanie a intérêt à voir se matérialiser plusieurs projets importants, dont le corridor vertical Aegean Baltic qui devrait amener en Roumanie le gaz de la mer Egée et de Grèce. Je me réjouis de constater que la liste des projets d’intérêt commun comporte désormais un trajet très important, censé faire la liaison entre la zone de la mer Noire et la ville roumaine d’Arad, grâce au gazoduc qui sera construit. En fait, la moitié de ce pipeline, on peut la considérer comme étant le Nabucco – ouest. La construction de tous ces projets est prévue pour la période 2019 — 2020. Nous espérons nous mobiliser le plus vite possible, d’autant plus que nous avons déjà eu des discussions préalables à ce sujet avec les représentants des pays théoriquement intéressés par ce projet, à savoir la Bulgarie, la Grèce et la Hongrie. »
Le gouvernement de Bucarest estime que la production de gaz en mer Noire pourrait commencer d’ici 5 ans, ce qui lui éviterait la dépendance à l’égard du gaz russe.
Andrei Gerea: «Il faut dire avant toute chose que la Roumanie a une dépendance énergétique très faible, qui se manifeste notamment en hiver ou pendant les jours de froid extrême et qui crée des problèmes de nature technologique. La Roumanie dispose d’importantes réserves de gaz naturel, qui peuvent être mises à profit à une seule condition : avoir de la pression dans le système national du transport du gaz. Par conséquent, il faut tout d’abord investir dans un système de compresseurs pour faire augmenter la pression. En même temps, nous devons diversifier nos sources d’approvisionnement. Nous avons l’intention de finaliser le projet AGRI (Azerbaidjan-Georgia-Romania Interconnector), destiné à l’approvisionnement en gaz liquéfié depuis l’Azerbaïdjan. La Roumanie est déjà exportateur d’électricité ; nous souhaitons donc devenir aussi exportateurs de gaz. Cette dépendance de 10% des importations de Gazprom peut être facilement annulée au moment où les ressources de la mer Noire deviendront exploitables.»
La Roumanie pourrait même aider à renforcer le niveau de sécurité énergétique dans la zone, estime Andrei Gerea: «Nous sommes fournisseurs d’électricité, nous ne sommes pas trop importants, c’est vrai, mais nous avons déjà fait les premiers pas dans cette voie. Nous continuons à œuvrer sur les connexions avec les pays voisins. Peu à peu nous souhaitons devenir fournisseurs de gaz. D’ici 5 à 7 ans, la Roumanie deviendra un nœud important en tant que fournisseur d’énergie et de stabilité.»
Notons aussi que le 5 mars, la Roumanie a commencé à exporter du gaz en République de Moldova, par le gazoduc reliant la ville roumaine de Iasi et moldave d’Ungheni, officiellement inauguré en août dernier. Cette année, la République de Moldova importera plus d’un million de mètres cubes de gaz roumain, au prix de 255 dollars le millier de mètres cubes, par rapport à 332 dollars, le tarif du gaz russe. Selon le premier ministre moldave, Chiril Gaburici, des pourparlers avec des partenaires étrangers sont actuellement en déroulement dans le but d’élargir le gazoduc Iasi — Ungheni jusqu’à Chisinau, la capitale moldave. Cela couvrira presque entièrement le nécessaire énergétique de la République de Moldova.
Chiril Gaburici: « Nous menons déjà des débats au sujet du pipeline Ungheni — Chisinau, qui nous permettra de fournir du gaz roumain partout dans le pays, et créer une concurrence loyale sur le marché du gaz de République de Moldova. »
Pour ce faire, un investissement de 60 millions d’euros est nécessaire. 10 millions d’euros de cette somme proviendront de l’UE. La capacité du nouveau gazoduc sera de 1,5 milliards de mètres cubes par an, ce qui dépasse la consommation de la République de Moldova. (Trad. Mariana Tudose, Valentina Beleavski)