Prévisions pour l’économie roumaine
Selon le FMI, la Roumanie affichera d'ici la fin de l'année la croissance économique la plus forte d'Europe.
Florin Orban, 25.10.2016, 14:37
Le FMI a relevé ses prévisions de croissance économique pour la Roumanie, en estimant une progression de 5% avant la fin de l’année, contre 4,2% en avril dernier. Selon ces estimations, la Roumanie affichera d’ici la fin de l’année la croissance économique la plus forte d’Europe, suivie par l’Irlande avec 4,9%. Pourtant, aux dires du grand créancier international, après ce pic de croissance, Bucarest freinera en 2017 les moteurs de son économie dont la croissance prévue ne sera que de 3,8%.
Le micro au gouverneur de la Banque centrale roumaine, Mugur Isarescu: «On a toutes les chances d’enregistrer un rythme de croissance économique encore plus soutenu. J’en suis sûr et certain. Je ne pense pas que la Roumanie devrait se contenter d’un 3 ou 4%. Mais pour que ce rythme soit soutenu et sans répercussions, il faut intervenir auprès de tous ces facteurs qui contribuent à la majoration du potentiel de croissance économique. Et comme celui-ci souffre en l’absence d’un redressement des investissements publics et des réformes structurelles, il faudrait faire une priorité du règlement de tous ces problèmes qui bloquent les progrès rapides dans ces deux domaines que je viens d’invoquer.»
Le président de la Commission nationale pour la prospective, Ion Ghizdeanu, a pour sa part précisé que par le nouveau Code fiscal adopté l’année dernière, les autorités ont pris non seulement des mesures de réduction de la TVA, mais aussi certaines censées appuyer le milieu des affaires.
Aux dires de Ion Ghizdeanu, il y a toute une série d’aspects qui font la preuve de la durabilité de la croissance économique: «Obtenir au deuxième trimestre une croissance de 6% par rapport à la même période de 2015, cela indique au moins trois facteurs de développement durable. Primo: une dynamique des investissements supérieure de plus de 10% à la consommation de la population. Il convient de mentionner que la plus grande croissance, on l’a enregistrée dans le domaine des investissements privés. Secundo: cela fait déjà deux mois que la dynamique des exportations dépasse celle des importations grâce au secteur privé. On importe donc moins et on exporte davantage. En troisième lieu on parle du niveau de confiance. Prenez n’importe quel indicateur local ou de Bruxelles et vous verrez que le niveau de confiance en le milieu des affaires de Roumanie figure parmi les plus élevés d’Europe. Un aspect qui se reflète aussi dans le marché de la main d’œuvre. Car je doute qu’en l’absence d’une perspective de croissance, les investisseurs souhaitent accroître le nombre de leurs salariés. Voilà pourquoi je me permets de parler d’une croissance durable qui peut approcher les 5% avant la fin de l’année. Quelle que soit la situation, une chose est certaine: à moyen terme, toutes les prévisions, y compris celles de la Commission, approchent le seuil de 4%. Un taux que moi personnellement, je pense que la Roumanie affichera plusieurs années d’affilée. »
L’agence de notation Standard and Poor’s vient de confirmer à BBB moins la note de la Roumanie par rapport à sa dette gouvernementale à court et à long terme exprimée en monnaie locale et en devises. Pourtant l’agence a averti que la politique de relaxation fiscale pratiquée par le gouvernement de Bucarest risquerait de conduire à une majoration du déficit fiscal et extérieur. « Suite à des mesures telle une nouvelle réduction de la TVA et des accises à mettre en œuvre à partir de l’année prochaine, on s’attend à une baisse du déficit jusqu’à 3,5% du PIB en 2017 », affirme Standard and Poor’s. Quant à la ministre des Finances, Anca Dragu, celle-ci conserve son optimisme et affirme que la Roumanie ne risque ni cette année, ni l’année prochaine, de dépasser le seuil de déficit courant de 3%. Ce qui plus est, notre pays a toutes les chances d’adopter un programme de baisse graduelle de cet indicateur.
Anca Dragu: « A en croire les prévisions pour l’année prochaine, le déficit général du budget sera ramené à moins de 3%, je dirais vers 2,8%. Il est vrai que pour cette année, il est établi à 2,95%, mais on se prépare à entamer un renforcement progressif. Je sais que Bruxelles table sur un déficit plus grand, mais la différence découle d’une perception différente de notre cadre macroéconomique. Selon nos estimations pour 2017, le déficit budgétaire sera de 2,8-2,85% après la mise en place des mesures stipulées par le nouveau Code fiscal, sans compter la baisse de 5% des contributions à la Sécu. Le déficit ne prend pas en compte cette mesure. »
La Roumanie retrouve un peu de grâce dans les yeux de Standard&Poor’s. L’agence se dit prête à relever sa note à condition que Bucarest reprenne sa consolidation budgétaire et fasse baisser la dette gouvernementale. En revanche, la Roumanie pourrait voir abaisser sa note si les politiques budgétaires mènent à la détérioration significative du déficit gouvernemental, de la dette et des coûts des crédits ou en cas de nouveaux déséquilibres majeurs. (Trad. Ioana Stancescu)