Prévisions économiques 2016
Selon les prévisions économiques dautomne de la Commission européenne, en 2016 léconomie roumaine doit progresser de 4,1%, contre 3,5% en 2015. Quelle est pourtant la réalité qui se cache dérrière ces chiffres?
Florin Orban, 12.01.2016, 14:17
Selon les prévisions économiques d’automne de la Commission européenne, en 2016 l’économie roumaine doit progresser de 4,1%, contre 3,5% en 2015. L’inflation devrait rester négative – soit moins 0,3% et le déficit budgétaire se chiffrer à 2,8% du PIB. D’ailleurs, lors de la publication des données sur la Roumanie, le vice-président de la Commission européenne chargé de l’Euro et du Dialogue social, Valdis Dombrovskis, a déclaré que les prévisions économiques indiquaient l’amélioration des performances économiques du pays. « Cela n’aurait pas été possible sans les mesures décisives favorables à la réforme des finances publiques. Pourtant, la poursuite des réformes structurelles demeure extrêmement importante et il est impératif d’assurer la soutenabilité des finances publiques et la croissance économique à court et à moyen terme par des politiques budgétaires responsables. », ajoutait Valdis Dombrovskis.
Le budget 2016 table, lui aussi, sur une croissance de 4,1% et sur un déficit de 2,95% d’un PIB nominal de 746,6 milliards de lei (soit environ 166 milliards d’euros). De son côté, la BERD prévoit pour la Roumanie une croissance de 3,7% en 2016. Selon un rapport de cette institution financière, « on s’attend à ce que la demande intérieure continue à soutenir la croissance économique, la consommation intérieure étant stimulée par les revenus en hausse de la population, en raison d’une TVA sur les produits alimentaires réduite de 24% 9% et des majorations salariales appliquées. Les investissements privés vont gagner du terrain suite à une plus grande confiance des investisseurs et à la baisse des coûts de financement, alors que les investissements gouvernementaux augmenteront suite à une meilleure absorption des fonds européens » – indique le rapport de la BERD.
L’analyste économique Aurelian Dochia : « La Roumanie connaît une évolution économique à la hausse et son économie compte actuellement parmi les plus performantes de l’UE, donc c’est un aspect tout à fait réjouissant. Il faut toutefois nuancer certains aspects, que la Commission Européenne a soulignés dans ses prévisions d’automne. Cette croissance est due notamment à la dynamique accrue de la consommation de la population et elle est une conséquence de la récente majoration des salaires et des revenus, tendance qui devrait se poursuivre à l’avenir aussi. Et pourtant, à un moment donné ces majorations, qui n’ont pas de fondement dans les recettes budgétaires, produiront une majoration du déficit budgétaire. Déjà, suite à la plus récente mesure adoptée par le Parlement, celle de majorer les salaires de 10% en 2016, il est possible que le déficit dépasse le seuil de 3% acceptée par l’UE. La Roumanie pourrait se voir donc confrontée à une procédure de déficit excessif. Pour 2017, le déficit devrait s’aggraver et nous risquons d’entrer dans une zone d’alarme. »
Le président du Conseil d’administration de la bourse de Bucarest, Lucian Anghel, affirme également qu’une croissance basée plutôt sur la consommation n’est pas souhaitable, puisque les effets positifs ne seraient pas de longue durée. « Cette croissance économique pourrait s’avérer risquée, puisqu’au bout d’un certain temps, elle est à même de produire des déséquilibres macro-économiques. Une croissance basée exclusivement sur la consommation n’est pas soutenable en Roumanie à long terme. Pourquoi ? Parce qu’il existe des déficits commerciaux, c’est à dire que nous consommons plutôt ce que les autres produisent. Si cette consommation était basée exclusivement sur des produits fabriqués en Roumanie, la croissance économique aurait été plus grande et l’économie aurait probablement pu se développer d’une manière plus saine. Grâce à la consommation, on pourrait vivre mieux un certain temps, mais finalement, il faut régler l’addition générée par ces déséquilibres extérieurs qui risquent peu à peu de s’aggraver. »
La Banque Mondiale s’attend, elle aussi, à une croissance de l’économie roumaine dans les prochaines années. L’économiste en chef pour la Roumanie, Cătălin Păuna, a présenté les prévisions pour 2016 et pour les années à venir: « Nous nous attendons à une progression de 3,9% – 4,1% en 2017. Les moteurs de la croissance économique, tout le monde les connaît : la consommation privée, mais aussi les investissements privés. Nous avons constaté des croissances importantes durant les 9 premiers mois de l’année et on constate également un dégel du crédit non-gouvernemental, notamment pour les personnes physiques, mais aussi des compagnies. Les chiffres pour les deux derniers mois sont bons. »
Quant à l’inflation, la Banque Mondiale prévoit un chiffre négatif jusqu’en juin prochain, pourtant elle dépassera les 2,5% en 2017.(Trad. : Alexandru Diaconescu, Dominique)