L’industrie agroalimentaire roumaine …
... sous la loupe des spécialistes.
Newsroom, 26.04.2016, 14:06
L’année dernière, la Roumanie a exporté plus de 15 millions de tonnes de produits agroalimentaires – un chiffre supérieur de 4,6% par rapport à 2014. La valeur de ces exportations s’est montée à 5,73 milliards d’euros – progressant de 6% par rapport à 2014, selon le ministère roumain de l’Agriculture et du Développement rural. Après deux années d’excédent, le commerce extérieur enregistre pourtant de nouveau un déficit de produits agroalimentaires. En 2015, les importations d’aliments se sont montées à 8,5 millions de tonnes et se sont chiffrées à près de 6 milliards d’euros, par rapport à 6 millions de tonnes de produits alimentaires importés en 2014 pour environ 8 milliards d’euros. Par conséquent, le déficit de la Roumanie dans le domaine s’est élevé à 89 millions d’euros.
Le produit qui a rapporté le plus au commerce intra et extra-communautaire roumain a été le maïs, avec 960 millions d’euros pour 5 millions de tonnes exportées. Le maïs est suivi par les cigares et les cigarettes avec 917 millions et demi d’euros. Le blé occupe la 3e place des produits les plus profitables, avec 692 millions et demi d’euros pour 3 millions et demi de tonnes. De même, les graines de tournesol et de colza ont rapporté à la Roumanie 300 millions d’euros en 2015. Par ailleurs, la Roumanie est toujours «championne » côté importations de viande fraîche de porc, vu que près de 189.000 tonnes ont été importées l’année dernière, chiffrées à presque 296 millions d’euros. En 2015, l’UE a été le principal partenaire du commerce agroalimentaire de la Roumanie qui lui a livré 65% de ses produits. En même temps, la Roumanie s’est procuré 81% des produits d’autres Etats membres de l’Union.
Mais quels sont les défis concrets que l’industrie agroalimentaire roumaine doit relever ? Voici la réponse d’Emil Dumitru, président de la Fédération Pro Agro : « L’industrie agroalimentaire roumaine a fait des efforts considérables pour se doter de technologie de dernière génération, pour que les produits transformés dans nos fabriques s’élèvent aux normes les plus rigoureuses et pour produire des aliments de qualité. Tous nos produits sont vérifiés du point de vue sanitaire-vétérinaire. S’il y a des rumeurs concernant la concurrence déloyale ou la qualité douteuse de certains produits du commerce intra-communautaire ou avec des pays tiers, c’est à l’Autorité nationale sanitaire vétérinaire et pour la sécurité des aliments de la Direction d’inspections techniques et de contrôle du ministère de l’Agriculture de contrôler tous les produits concernés. A ce moment-là nous saurons précisément qui sont ces importateurs, et de quels produits il s’agit. Il n’est pas recommandable de généraliser et de dire que tous les produits sont d’une qualité douteuse parce que les consommateurs ne sauront plus quoi choisir. Je vous dis très clairement que, du point de vue de la qualité, la Roumanie se porte très bien et a une excellente traçabilité côté produits laitiers transformés, viandes et autres. Certes, vu que c’est une période de crise, il y a différents opérateurs économiques opportunistes qui tentent de mettre sur le marché roumain toute sorte de produits non conformes. S’ils sont non conformes, il faut les retirer du marché. Mais avant de les retirer il faut les découvrir».
Le président de la Fédération Pro Agro a également mis en question la manière dont sont calculés certains prix : «Nous ne comprenons pas quel est le mécanisme par lequel les prix sont calculés, alors que nous exportons une tonne de viande de poulet pour un certain prix, et que ce qui provient du commerce intracommunautaire coûte presque la moitié. Pratiquement, nous nous posons des questions sur la qualité de ces produits provenant du commerce intracommunautaire et la seule réponse correcte est à retrouver chez les autorités publiques chargées de la réglementation et du contrôle. Tout ce que nous faisons, c’est de tirer un signal d’alarme. »
Les producteurs roumains se confrontent aussi avec d’importants problèmes dans leur relation avec les hypermarchés. Emil Dumitru : « Les hypermarchés qui détiennent une position dominante, une position de force, ont réussi à imposer toute sorte de taxes et commissions qu’ils appliquent à nos producteurs de l’industrie agroalimentaire et c’est par ces canaux de vente modernes qu’est commercialisée 50% de la production agroalimentaire du pays. Il est clair qu’il faut trouver un équilibrLe produit qui a rapporté le plus au commerce intra et extra-communautaire roumain a été le maïs,e, rétablir certaines règles inéquitables à présent. Leur force de négociation est supérieure de beaucoup à celle de notre producteur autochtone, et les négociations devraient se baser surtout sur le principe du partage correct du profit par filière de produits, bref tant le producteur de matière première que celui qui la transforme et le commerçant doivent en égale mesure gagner de l’argent. Actuellement tout le profit va au commerçant et les autres arrivent à vendre à perte. »
A la mi-mars, le fromage du type « Telemea » de Ibanesti a été le premier produit roumain inclus dans le Registre européen des produits d’origine protégée. Le « telemea d’Ibanesti » est une spécialité de fromage obtenue à partir du lait des vaches élevées dans la région de la Vallée du Gurghiu, salée par l’utilisation de la saumure provenant des fontaines à eau salée de la localité d’Orsova. Elle peut être produite uniquement dans la région des localités Gurghiu, Hodac et Ibanesti du comté de Mures, qui font partie de la Vallée du Gurghiu. Cette méthode de fabrication du fromage a été transmise de génération en génération.
A la mi-février, la Roumanie avait réussi à enregistrer au niveau européen « le salami de Sibiu » en tant que produit à indication géographique protégée, celui-ci étant le deuxième produit à porter le label IGP après la marmelade de prunes de Topoloveni, certifiée en 2011. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)