Les relations de la Roumanie avec le FMI.
Le plus récent accord de la Roumanie avec le Fonds monétaire internationale a été de type préventif : linstitution financière internationale a mis à la disposition Bucarest un crédit que les autorités roumaines pouvaient utiliser en cas de difficulté.
Florin Orban, 05.04.2016, 15:06
A l’époque de l’expiration de cet accord, en septembre 2015, les principales divergences entre les autorités roumaines et les représentants du FMI portaient sur l’opportunité et l’ampleur de l’allègement fiscal que l’Exécutif de Bucarest souhaitait mettre en œuvre. Entre temps, la TVA a été réduite de 24 à 20% et les autorités roumaines envisagent de la porter à 19% à partir du 1er janvier 2017. A Bucarest, une délégation de l’institution financière internationale dirigée par le responsable de la mission du FMI pour la Roumanie, Reza Baqir, a réalisé une analyse de l’économie roumaine, connue sous le nom de « consultation », prévue à l’article 4 du règlement du Fonds.
Cette analyse est réalisée annuellement dans le cas des pays membres du Fonds monétaire international qui ne déroulent aucun accord avec celui-ci. Ecoutons l’analyste économique Constantin Rudnitchi : « A l’heure actuelle, nous sommes soumis à un examen post-programme, une supervision utilisée dans le cas des pays ayant eu des accords passés avec le FMI et la Commission européenne. Nous avons compris que cet examen devrait s’étendre jusqu’en 2018, lorsque, selon les estimations, deux tiers du crédit contracté en 2009 seraient déjà remboursés à la Commission européenne. A mon sens, la présence des représentants du FMI à Bucarest est positive puisqu’ils suivent les indicateurs macroéconomiques de l’économie roumaine et transmettent un signal de confiance aux investisseurs étrangers et aux marchés internationaux. Une telle coopération est également bénéfique parce qu’hormis les rapports envoyés par la Roumanie à l’Eurostat, l’office européen des statistiques, et à d’autres organismes européens et internationaux, ce genre de coopération identifie aussi les problèmes de l’économie roumaine ainsi que les problèmes auxquels elle pourrait se heurter à l’avenir. Le point faible de ce genre de coopération avec le FMI est, dans mon opinion, le fait qu’en l’absence d’un accord proprement dit, le Fonds notamment, mais aussi la Commission européenne n’ont pas de leviers pour influencer certains objectifs que le gouvernement roumain a annoncés il y a un certain temps, au cours du précédent accord. Autrement dit, le FMI n’a pas de leviers concrets pour faire continuer les réformes de l’administration, des salaires, de la fiscalité, les mesures visant les indicateurs macro-économiques et fiscaux. Le gouvernement a proposé dans son programme de mener à bout toutes ces réformes inachevées à la fin de l’accord avec l’institution financière internationale. Certes le rythme des actions sera plus ou moins rapide, plus ou moins résolu, en fonction des intérêts électoraux de l’année en cours. »
Pour sa part, Ionut Dumitru, le président du Conseil fiscal, organisme fonctionnant auprès du gouvernement, a également parlé du déficit budgétaire prévu pour l’année en cours : « Si on analyse les engagements assumés dans les précédents accords avec le FMI et la Commission européenne, l’objectif d’atteindre, cette année, un déficit budgétaire de 2,95% du PIB s’éloignera massivement des engagements assumés. D’ailleurs, le dernier accord que la Roumanie a déroulé s’est achevé sans évaluation, ce qui n’est pas positif. Le déficit fiscal est le sujet le plus brûlant, tout comme d’autres aspects relatifs aux réformes structurelles qui avaient également été négligées dans le plus récent accord avec le FMI et la Commission et je pense notamment à la réforme des entreprises publiques où les progrès réalisés ces dernières années sont plutôt réduits. L’exécutif visait notamment à faire progresser les performances du management de ces entreprises, mais cette mesure n’a pas produit les résultats escomptés. » A la fin de la mission d’évaluation en Roumanie, le chef de la délégation du FMI, Reza Baqir, a précisé que la réduction des taxes prévue par le nouveau Code Fiscal menaçait la capacité de la Roumanie à réagir aux prochaines périodes de recul économique. De l’avis des experts du FMI, dans l’actuelle conjoncture, le déficit budgétaire devrait dépasser les 3% du PIB l’année prochaine. Le Fond recommande aux autorités de Bucarest de réduire le déficit pendant les trois années à venir. L’équipe du FMI s’est également exprimée au sujet de la majoration du salaire minimum et a mis en garde le gouvernement sur les dangers d’une majoration excessive. Les experts de l’institution financière internationale recommandent aussi au gouvernement de renoncer aux mesures d’allègement fiscal prévus pour 2017. Le FMI recommande aux autorités roumaines d’adopter au plus vite une législation visant à améliorer la gouvernance corporative dans les compagnies d’Etat et d’établir une liste des sociétés qui seront éventuellement cotées en bourse ou bien privatisées. Ce qui plus est, les représentants de la mission ont loué les efforts des autorités de lutter contre la corruption et les ont encouragés à poursuivre sur cette voie. « L’amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption ne sont pas uniquement des questions socio-économique-clé, mais elles jouent un rôle crucial du point de vue macro-économique. La baisse de la corruption aidera à combattre l’évasion fiscale et à réduire les pertes d’argent des contribuables, mais aussi à améliorer le milieu d’affaires et à attirer des investisseurs étrangers », a dit Reza Baqir, le chef de la mission du FMI pour la Roumanie. (trad. Alexandru Diaconescu)