Les plantes médicinales
... un marché en plein essor en Roumanie.
România Internațional, 25.07.2017, 12:36
La filière des plantes médicinales est en plein essor ces dernières années, ce qui rend ce marché de plus en plus profitable. Les traitements à base de plantes sont fortement privilégiés et la consommation des tisanes est à la hausse. Dans ce contexte, le marché roumain des plantes médicinales et aromatiques affiche un chiffre d’affaires d’un milliard d’euro, un résultat susceptible de doubler dans les années à venir, selon les experts. Les cultures sont profitables, quelle que soit la superficie des terrains cultivés et un investissement initial de quelques milliers d’euros par hectare est amorti au bout d’un an et demi.
On ne saurait donc nous déclarer surpris que le marché des plantes médicinales recense déjà des dizaines de sociétés privées auxquelles s’ajoutent de plus en plus de fermiers qui abandonnent les récoltes de maïs ou tournesol au profit de la lavande ou de la camomille. Pour vous faire une idée, un kilo d’inflorescences de lavande rapporte au vendeur 1 euro et 70 centimes, tandis que pour un litre d’huile essentielle, il peut obtenir jusqu’à 250 euros. Or, un seul hectare de lavande permet d’obtenir une quarantaine de litres d’huile.
Cela fait plus de 15 ans que Iuliana Barbu remplit chaque année son grenier de plantes médicinales qu’elle cultive elle-même sur les rives du Siret. Depuis sept ans, elle s’est également investie dans des travaux de recherche dans ce domaine.
Iuliana Barbu : «Le pays a vraiment du potentiel pour la production des plantes médicinales et aromatiques. Parmi ses atouts, notons le microclimat tempéré et le relief. Depuis le bord de la mer jusqu’en haut des montagnes, il y a des milliers d’espèces qu’on peut cultiver ou d’autres, sauvages, qu’on peut juste cueillir. La Roumanie est connue partout dans le monde pour son potentiel dans la production des plantes médicinales. Et puis, mentionnons aussi le nombre impressionnant de chercheurs roumains -voir des milliers- qui ont mené des recherches dans ce domaine. Sur le nombre total des espèces rencontrées en Roumanie, il n’y a que 380 intensément cultivées. Il nous reste des milliers de plantes sauvages insuffisamment examinées, disent les experts. »
Soutenu par une forte demande de consommateurs sensibles à cette façon d’entretenir leur santé, le marché des plantes médicinales soit-il national ou international, est en quête de cultures bio. Du coup, les laboratoires européens ont les yeux rivés sur les pays moins industrialisés, comme la Roumanie, où le degré de pollution n’est pas aussi élevé qu’en Occident.
Iuliana Barbu explique : « Pour ma part, il est hors de question qu’une plante médicinale subisse un traitement chimique. La liste des plantes aux vertus médicinales est grande et parmi toutes ces espèces il y en a pas mal en voie de disparition que nous essayons de sauver, en encourageant leur production assistée. Et je pense, par exemple, au millepertuis ou encore aux orties. J’ai même écrit un bouquin intitulé «7 plantes bibliques» où je parle justement des principales plantes médicinales et aromatiques qu’on peut mettre facilement à profit. Il s’agit de plantes que tout le monde peut cultiver: le basilic, la sauge, le thym, la menthe, la mélisse ou encore l’hysope. A part le basilic, toutes les autres sont pérennes, donc on pourra en bénéficier plusieurs années de suite. Bien sûr que la production d’une espèce pérenne implique des coûts supplémentaires, mais à long terme, elle s’avère plus profitable et le profit ne tardera pas à venir. Je voudrais mentionner le fait que notre société détient le brevet d’un coussin thérapeutique rempli de plantes aromatiques dont les vertus sont évidentes. C’est une thérapie douce, très recherchée. »
De l’avis de Iuliana Barbu, la production des plantes aromatiques et médicinales est un domaine à succès. Du coup, elle se dit prête à soutenir les jeunes qui souhaitent se lancer sur ce marché : « C’est un domaine à fort potentiel qui pourrait représenter une alternative pour les ressortissants roumains qui voudraient regagner le pays, mais ne savent pas quoi y faire. Personnellement, j’ai connu pas mal de jeunes roumains vivant à l’étranger qui voudraient tenter leur chance dans cette branche. Je me souviens du cas d’un jeune proprio d’un lopin de terre, dans la région de Târgu Ocna, qui ne se prêtait pas aux cultures agricoles en raison d’une forte acidité du sol. J’ai examiné le PH de la terre et je lui ai conseillé d’y cultiver des myrtilles. A l’heure actuelle, il détient 6 hectares de myrtilles dont il arrive à peine à en faire la cueillette, tant les compagnies sont intéressées à les acheter dare-dare. »
Ces dernières années, la Roumanie est devenue le principal fournisseur de plantes médicinales pour pas mal de pays européens. Malgré des prévisions optimistes, les spécialistes avertissent que la Roumanie devrait s’efforcer à commercialiser non seulement la matière première, mais aussi les produits finis- crèmes, sirops ou encore huiles.
Iuliana Barbu : « La quantité de matière première exportée est immense, ce qui fait que, par la suite, des tonnes de plantes médicinales originaires de Roumanie reviennent chez nous, emballés et à des prix très élevés. Je m’adresse donc à tous les Roumains vivant à l’étranger et qui écoutent les programmes de RRI pour leur proposer d’ouvrir des magasins dans leurs pays d’accueil leur permettant de commercialiser les plantes de Roumanie. Personnellement, j’aimerais bien qu’un investisseur s’intéresse à mon affaire pour la lui vendre et la voir se développer. Les jeunes roumains ont du potentiel, mais ils manquent d’orientation professionnelle. »
Au terme du nouveau Programme national pour le développement agricole et rural 2014-2020, les jeunes roumains se voient mettre à leur disposition une enveloppe maximum de 15.000 euros, censée leur permettre de se lancer sur le marché des plantes médicinales. Le même programme offre 365 euros par an, pour chaque hectare de terre cultivée, selon les normes d’une agriculture écologique. (Trad. Ioana Stancescu)