Les fonds européens, toujours essentiels pour le développement de la Roumanie
Les dernières statistiques économiques indiquent un classement peu flatteur pour la Roumanie qui se situe toujours dans les bas fonds des hiérarchies européennes.
Florin Orban, 11.09.2018, 01:14
Pour prendre un exemple, des 28 Etats de l’Union européenne, la Roumanie occupe l’avant-dernière place dans le classement rapporté au PIB par tête d’habitant, selon les dernières informations publiées par le Fonds monétaire international. Dans l’espace économique européen, seule la Bulgarie est derrière. Aussi, le FMI attribuait à la Roumanie un PIB de 10.372 dollars par habitant en 2017, soit 10 fois inférieur à celui du leader européen en la matière, le Luxembourg. Quant aux indicateurs de référence pour mesurer le niveau de vie, tels le niveau du salaire moyen ou encore le niveau du pouvoir d’achat, la Roumanie demeure encore à la traîne.
Pourtant, et en dépit de ces statistiques décevantes, le décalage entre la Roumanie et les autres pays européens ne cesse de diminuer, notamment grâce à la croissance économique soutenue enregistrée par la Roumanie ces dernières années Mugur Isărescu, le gouverneur de la Banque centrale ne manque pas de le souligner: « Nous nous sommes approchés de la moyenne européenne, mais cela n’est pas nécessairement vrai pour l’ensemble du pays, mais bien pour certaines régions. Malheureusement, le déficit en termes d’infrastructures freine le développement de certaines régions, et le risque de faire pérenniser ce décalage est bien réel. Le déficit d’infrastructures commence à poser un problème même en termes de sécurité nationale ».
En effet, les statistiques le montrent clairement : c’est bien Bucarest et sa périphérie qui tiennent le haut de l’affiche en matière de développement régional. Un progrès évident et bien marqué a été dernièrement également enregistré en Transylvanie et dans le Banat, toutes les deux situées à l’Ouest de la Roumanie, donc plus proches géographiquement du Centre de l’Europe. Les moins développées demeurent en revanche les régions situées dans la moitié Est de la Roumanie, et notamment la Moldavie. Ce sont les régions les plus touchées par la pauvreté, les moins dotées en infrastructures de santé ou d’éducation, les moins industrialisées aussi. Pire encore, ces régions bénéficient de très peu d’investissements étrangers.
En 2016, c’est la région de Bucarest et le département d’Ilfov tout proche qui s’étaient taillés la part du lion. En effet, ces deux régions voisines avaient engrangées près de 60% du total des investissements étrangers enregistrés au niveau national. Par comparaison, la Région Nord-Est n’avait alors bénéficié que d’un milliard six cent mille euros d’investissements étrangers directs, c’est-à-dire 25 fois moins.Dans ces conditions, les politiques européennes qui prônent la réduction des décalages entre les différents pays membres et entre les différentes régions, et on se réfère là à la politique de cohésion européenne, trouvent tout leur sens.
La politique de cohésion suit principalement la création et la mise en œuvre des stratégies de développement, intervenant dans des domaines précis, tels l’infrastructure, le niveau d’occupation, l’éducation, l’environnement d’affaires et bien d’autres domaines encore. L’intervention a lieu grâce aux politiques régionales, voire locales, basées sur des investissements publics dans les domaines mentionnés. Néanmoins, mener à bien ces politiques relève aussi de la capacité d’absorption des fonds européens de chaque Etat membre.
La région de Bucarest avait ainsi à sa disposition plus de 22 de milliards d’euros d’investissements pour l’exercice budgétaire européen 2014/2020, alors que, jusqu’à maintenant, elle n’a réussi à absorber qu’un seul milliard, c’est-à-dire moins de 5% du montant alloué, met en exergue Mugur Isărescu, le gouverneur de la Banque centrale roumaine. Il s’épanche notamment sur ce que représenterait une meilleure capacité d’absorption des fonds européens. Selon le FMI, un taux d’absorption de 95% des fonds européens mis à la disposition de la Roumanie équivaut à un plus de croissance de près de 1.7 % du PIB jusqu’en 2022, ce qui conduirait à un taux d’accroissement moyen en base annuelle de 5% ».
Mais avec la croissance économique soutenue des dernières années on a assisté à une croissance, cette fois peu désirable, du déficit de compte courant. Plus encore, la monnaie nationale a atteint au mois de janvier passé un plus bas historique par rapport à la monnaie unique européenne.Mugur Isărescu, à la tête de la Banque centrale, fait ainsi valoir l’importance des fonds européens dans tous ces domaines « Dans une perspective macro économique, attirer des fonds européens représente la manière la plus désirable de financer le déficit de compte courant, assurant ainsi la stabilité d’ensemble de l’économie roumaine, la stabilité du système financier et encore la stabilité du taux d’échanges, dont nous sommes tellement concernés, me semble-t-il ».
Mais, pour ce faire, la Roumanie a besoin d’un renforcement de sa capacité administrative. Et, même si l’Union européenne consent à faire des efforts réels pour soutenir les autorités roumaines dans ce domaine, tant au niveau central que local, la Roumanie demeure, semble-t-il, à la traîne.