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L’élevage ovin en Roumanie

« Les Roumains ne savent pas distinguer un produit bio d'un autre, habituel », affirment les producteurs.

L’élevage ovin en Roumanie
L’élevage ovin en Roumanie

, 11.04.2017, 14:15

Avec un cheptel ovin de 9,5 millions de têtes, la Roumanie se classe troisième parmi les pays de l’UE pour ce qui est de l’élevage de moutons, après le Royaume-Uni, avant le Brexit, et l’Espagne, révèlent les chiffres rendus publics par Eurostat. En plus, comme les Roumains ne mangent de la viande d’agneau qu’à Pâques, on exporte près 4,5 millions d’ovins par an. Par ailleurs, environ 8000 agneaux sont exportés chaque année en Espagne et en Italie.

Les éleveurs de moutons de la commune de Vurpar, dans le comté de Sibiu, qui font partie de l’Association EcoMioriţa, se sont spécialisés depuis quelques années dans l’élevage écologique.

Florin Dragomir, président de l’Association EcoMioriţa, explique en quoi consiste l’élevage ovin écologique : «Nous avons voulu obtenir des produits sains, bio. Notre association réunit 40 éleveurs, avec un cheptel ovin de 14 000 têtes. Tant les animaux que les prairies sont certifiés bio. Nous nourrissons nos moutons sur des prés où l’on n’utilise plus ni engrais chimiques ni pesticides. On préserve la fertilité du sol en changeant l’emplacement des enclos tous les trois jours. Cette mesure permet également d’éviter une trop grande accumulation d’azote dans le sol. Pour nourrir nos moutons, nous cultivons en système bio du maïs, du blé et de la luzerne. Le sol est engraissé avec des fumiers animaux. Nous pratiquons le fauchage manuel ou mécanique et le foin qui en résulte est naturel à 100%. Enfin, nous veillons à ce qu’il n’y ait pas plus de 13 moutons qui paissent en même temps sur un hectare de prairie.»

Bien sûr que la quantité de produits bio est inférieure à celle obtenue normalement, puisque l’on n’a pas recours aux substances chimiques censées accroître la production. Ainsi, une brebis donne-t-elle 70 litres de lait par ans. En 2016, la production totale a été de 500 mille litres. Florin Dragomir, président de l’Association EcoMioriţa, espère ouvrir une laiterie pour pouvoir transformer tout ce lait bio. Malheureusement, la plupart des Roumains ne sont pas attirés par les produits écologiques et puis le prix de ces derniers n’est pas correct, sachant que l’élevage bio nécessite des coûts plus élevés que celui habituel.

Florin Dragomir: « Les Roumains ne savent pas distinguer un produit bio d’un autre, habituel. Dès que le prix est élevé, le produit ne se vend pas. On ne nous a jamais demandé des agneaux bio. Personne n’est venu les acheter tous et nous offrir un meilleur prix justement parce qu’ils sont écologiques. Nous en avons vendu occasionnellement à des connaisseurs. Depuis quelques années, la majeure partie des agneaux, nous la vendons à des Italiens, qui connaissent la qualité de la marchandise. »

Cela fait plusieurs années que Daniela Demian et son mari, qui habitent dans la contrée de Bihor, s’occupent de l’élevage ovin. Au début, l’affaire a bien marché, mais, il y a quelques années, des problèmes sont apparus, comme dans la plupart des fermes de Roumanie.

Daniela Demian : Nous avons aussi acheté des terrains agricoles et des prairies, pour nourrir nos moutons. A présent, nous avons une ferme plus grande, installée dans une ancienne coopérative agricole communiste. A un moment donné, notre cheptel s’élevait à 1500 têtes. Il ne nous en reste que 600 et nous envisageons d’abandonner cette activité. Cela fait trois ou quatre ans que nous n’arrivons plus à couvrir les dépenses de la ferme. Les petits fermiers se heurtent aux mêmes difficultés. Une d’entre elles découle de l’embargo sur les produits alimentaires destinés à la Russie. C’est ainsi que tout a commencé. En plus, le marché interne est envahi par des produits bon marché, très demandés par les consommateurs. Nos ventes ont fortement chuté. La demande de viande d’agneau, y compris sur le marché intérieur, est très faible, ce qui n’est guère encourageant. Cela s’explique avant tout par la législation, qui impose certaines conditions à l’abattage de l’agneau. Même cas de figure pour la législation qui régit la vente de produits fromagers. En clair, l’éleveur doit se munir de toute sorte d’autorisations et les coûts sont de plus en plus élevés, alors le fermier constate que son activité n’est plus rentable. En plus, le prix des moutons a beaucoup baissé. Il y a quelques années, on payait l’équivalent de 100 euros pour un mouton, tandis qu’aujourd’hui on en paie 25 euros. Il y a peu de chances de réussite, en l’absence de lois qui protègent le marché roumain et le producteur local. Toutes nos fabriques de produits laitiers ont été rachetées par des compagnies multinationales. »

Daniela Demian a exporté en Belgique des agneaux de race Turkana, une race rustique pour laquelle elle a obtenu un bon prix. A présent, elle exporte aussi en Bosnie, Croatie, Grèce et dans les pays arabes, et attend la reprise des exportations vers Israël.

Côté prix, cette année, un agneau vivant se vend à environ 2 euros le kilo, alors que pour un agneau sacrifié il faudra payer environ 4 euros pour un kilo de viande. Enfin, précisons que dans plusieurs régions de la Roumanie, les éleveurs de moutons vendent des agneaux obtenus du croisement de races locales avec des races françaises ou allemandes. Leur viande, plus tendre et moins grasse, a une saveur particulière. (Trad. Mariana Tudose)

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