L’élevage de moutons, une affaire de famille
Trois frères de Brasov fabriquent des produits du terroir selon des méthodes traditionnelles.
România Internațional, 14.03.2017, 15:01
Trois frères de la localité de Rotbav, comté de Brasov, dans le centre de la Roumanie, fils de deux grandes familles de bergers de la contrée de Bârsa, ont mis sur pieds une belle affaire familiale dans le secteur de l’élevage. Après avoir grandi à la ferme familiale, avec des vacances scolaires passées constamment à la bergerie, à la fin des études universitaires, ils ont décidé de continuer la tradition et d’élever des moutons.
Dans la fratrie Cățean, Silviu est médecin vétérinaire, George est économiste et s’occupe de la promotion et de la commercialisation des produits de leur ferme, alors que Ionuț est responsable des chevaux de la famille. Ils sont déjà très connus dans la région puisqu’ils emploient plusieurs dizaines de leurs concitadins, étant ainsi un exemple de bonnes pratiques pour les investisseurs dans l’agriculture roumaine, affirme George Cățean, l’économiste de la ferme.
George Cățean : « Ce fut une continuation du travail des générations antérieures. A la fin de nos études, nous avons commencé à mettre davantage l’accent sur les activités que déroulait notre famille. Ce fut le début de notre affaire. Nous avons grandi dans cet environnement et nous avons voulu mettre à profit tout ce que nous avons appris. En 1998, lorsque notre grand-père maternel est décédé, notre grand-mère nous a donné 30 moutons, une vache et un cheval. Au début, nos parents nous ont conseillé de vendre les animaux, car on n’avait pas le temps de nous en occuper. Nous avons refusé et voilà que, 20 ans plus tard, le nombre d’animaux a bien augmenté. A l’heure actuelle, notre ferme compte une centaine de vaches laitières, plus les veaux et les bovins à viande, et aussi plus de 2500 têtes d’ovins. »
Les trois frères ont également continué la fabrication de produits du terroir selon des méthodes traditionnelles. Ils élèvent uniquement des races indigènes de moutons, telles la ţurcana et la ţigaie, et de vaches telle la balţata roumaine. Les frères Cățean fabriquent pas moins de neuf variétés de fromages traditionnels roumains, frais ou maturés, salés et moins salés. La viande de mouton est utilisée pour fabriquer du pastrami et des saucisses fumées. Si l’année est bonne, la production peut arriver à 12 kilos de fromages par tête de mouton et à 25 litres de lait cru par vache.
George Cățean: « C’est une ferme intégrée, où tant la production végétale que celle animale se retrouvent dans un produit fini. Cela veut dire que les animaux se nourrissent sur les terrains que nous détenons et que nous exploitons dans le cadre de contrats de métayage. La production de lait et de viande est ensuite transformée en produits à grande valeur ajoutée. Nous obtenons des fromages traditionnels attestés par les autorités roumaines, tandis que, pour la viande, cela fait une vingtaine d’années que nous avons une boucherie, qui nous permet de commercialiser toute notre production. »
Leurs produits, très appréciés sur le plan local, sont déjà présents dans les réseaux de grande distribution et aux menus de plusieurs restaurants à cuisine traditionnelle roumaine. La ferme a déjà démarré les procédures administratives afin d’obtenir des certifications européennes pour le fromage de burduf de la contrée de Bârsa, une spécialité attestée dans des documents datant de 1412 et fabriqué avec du lait de brebis élevés en haute montagne.
Pour cette ferme, les prix obtenus aux foires et aux compétitions internationales sont également importants, affirme George Cățean : « Nous essayons de promouvoir notre identité. Chaque année nous déroulons de nombreuses activités et nous participons à toute sorte de compétitions. Cette activité, nous l’avons commencée en 2012, avec la participation à un événement consacré au mouvement « slow food », déroulé en Bulgarie, où nous avons reçu une mention comme « meilleur fromage des Balkans ». En 2013, nous avons déroulé des collaborations avec des partenaires de Pologne, alors que deux années plus tard, en 2015, nous avons obtenu une étoile pour notre fromage de burduf de la part de l’Institut International du goût et de la qualité de Bruxelles, une sorte d’étoile Michelin pour les produits agro-alimentaires. Pour 2017, nous envisageons de participer à deux importantes compétitions culinaires, Great Taste Award, la plus importante compétition du genre du Royaume Uni, et International Cheese Awards, une compétition de fromages tenue au même pays. 90% de notre production est commercialisée sur le marché roumain. Malheureusement, chez nous, de telles compétitions n’existent pas et c’est ce qui nous oblige à participer à des évènements à l’étranger. Depuis 2013, nous collaborons avec un important réseau d’hypermarchés de Roumanie. Au début, nous avons commencé localement, à Brasov, mais peu à peu nous avons élargi l’aire de distribution et désormais nos produits se trouvent sur les étals de six hypermarchés du pays. Nos produits sont commercialisés dans des espaces séparés, consacrés aux produits du terroir, où la vente assistée est assurée par notre personnel. Ces produits sont très appréciés par les consommateurs. »
Vu qu’ils n’ont pas hérité de vastes superficies de terrain agricole, les jeunes propriétaires de la Ferme Cățean sont constamment à la recherche de terrains agricoles à vendre ou à louer. Et les investissements ne s’arrêteront jamais, tout le profit sera réinvesti, pour que cette affaire puisse se développer, affirme George Cățean.
George Cățean : « Notre priorité c’est d’acheter des terrains agricoles, mais nous envisageons aussi des projets internationaux, notamment avec des partenaires polonais ; nous allons lancer un nouveau produit et fonder un centre de promotion de la culture pastorale. Le grand public aura l’occasion de découvrir comment on fabrique le fromage, de contacter directement les producteurs, de voir comment la laine est exploitée et transformée. Nous souhaitons organiser des ateliers pour la promotion de cette activité. »
En 2013, les trois frères ont également récréée la transhumance que leurs ancêtres pratiquaient, il y a plusieurs siècles. Ils ont conduit 300 moutons le long de la route que les bergers d’antan empruntaient pour traverser l’Arc des Carpates, jusqu’en Pologne, prouvant ainsi l’origine commune des bergers des Carpates. A l’heure actuelle, les frères Cățean travaillent sur un autre projet similaire. (Trad. Alex Diaconescu)