Le trésor caché de la mer Noire
Le sous-sol de la mer Noire recèle dimmenses réserves dhydrocarbures. La Roumanie avait débuté ses premières prospections en mer Noire au cours des années 70 du siècle précédent.
Florin Orban, 04.09.2018, 13:00
Les premiers gisements de gaz et de pétrole ont été découverts en 1980 et le régime communiste en avait alors commencé l’exploitation par ses propres moyens, même si les résultats se sont avérés quelque peu décevants. Au début de l’actuel millénaire, les nouvelles technologies du domaine ont permis de mieux évaluer le potentiel de ces ressources naturelles, et les résultats ne se sont pas fait attendre, surtout pour ce qui est du gaz naturel. Les majeurs du domaine se sont rués sur l’aubaine, et l’on voit ainsi le premier joueur mondial, Exxon Mobil, scellant, en 2008, son partenariat avec OMV Petrom, la principale compagnie roumaine active dans l’extraction des hydrocarbures.
Le deuxième pas fut réalisé en 2009, lorsque la Roumanie a réussi à faire valoir ses droits sur le plateau continental de la mer Noire face à l’Ukraine, auprès de la Cour internationale de Justice de la Haye. La Roumanie a récupéré ses droits sur une superficie de 9.700 de kilomètres carrés, c’est-à-dire sur 80% de la zone convoitée. A partir de ce moment, les compagnies internationales ont commencé à s’impliquer massivement. Si on ne prenait que le partenariat Exxon Mobil/OMV Petrom, par exemple, on compterait déjà 1,5 milliards de dollars investis. Les années suivantes, les résultats se sont avérés spectaculaires. Le consortium annonçait en 2012 la découverte d’un gisement de gaz entre 42 et 84 milliards de mc, situé dans une zone de grande profondeur. Trois ans plus tard, un autre consortium, dirigé par le russe Lukoil cette fois, découvrait à son tour un gisement de près de 30 milliards de mc.
Il existe à l’heure actuelle dix concessions dans la partie roumaine du plateau continental de la mer Noire. Les sociétés impliquées ont constitué l’Association roumaine des concessionnaires offshore à la mer Noire. Exploiter au mieux le potentiel économique de la zone constitue le principal objectif de l’association, dans le respect, je cite, « des meilleurs standards en matière de protection de l’environnement et dans le respect de la sécurité de tous ceux qui sont impliqués dans les activités d’extraction en haute mer ».
L’association avait récemment commandé à la compagnie Deloitte une étude sur la place des investissements de type offshore, déroulés en mer Noire, dans l’économie roumaine. Les conclusions de cette étude, présentées par l’ancien ministre de l’Energie, Răzvan Nicolescu, actuellement expert chez Deloitte, met en exergue les possibles retombées de l’exploitation de ces ressources pour la Roumanie, qui pourrait ainsi rejoindre le top des pays européens les moins dépendants d’un point de vue énergétique. Ecoutons Răzvan Nicolescu:
« Des 28 Etats membres de l’UE, il n’y a que l’Estonie et le Danemark qui seraient capables de faire mieux. Et même cette 3e place, qui est déjà plus qu’honorable, on pourrait, je crois, l’améliorer. »
Selon des responsables de l’Agence nationale des ressources minières de Bucarest cités par Răzvan Nicolescu, le sous-sol de la mer Noire recèlerait près de 200 milliards de mc de gaz. L’étude commanditée par les concessionnaires réunis estimait quant à elle ce potentiel à 170 milliards de mc. Le document précise que près de 65% de cette quantité serait destiné à couvrir les besoins internes, alors que les 35% restants serait exportés, ce qui raffermirait la place qu’occupe la Roumanie sur le marché énergétique européen. Quoi qu’il en soit, jusqu’en 2040, l’année de référence du rapport, les retombées économiques attendues semblent plus que prometteuses. Mais, car il y a toujours un « mais » dans ce genre d’affaires, pour exploiter ces ressources, des investissements conséquents sont à prévoir, détaille Răzvan Nicolescu, spécialiste chez Deloitte.
« Nous prévoyons qu’avec un investissement de 15 milliards, on pourrait atteindre une production de 170 milliards de mc. 8,9 autres milliards devraient être investis dans des travaux, disons, collatéraux, en lien avec l’exploitation, mais pas dans l’exploitation elle-même. Les retombées de ces investissements réunis seraient de 42 milliards de dollars, à étaler sur cette période de 23 ans, et à rajouter au PIB roumain sur la période. »
Mais pour pouvoir atteindre ces objectifs, au-delà de certains impondérables, tels la quantité de gaz qui sera réellement exploitée et les prix fluctuants du marché, d’autres facteurs sont à prendre en considération, tel le cadre législatif, qui devrait garantir une sécurité accrue aux investissements consentis, et puis la capacité de l’économie roumaine à tirer au mieux profit de la manne gazière.
Trad. Ionut