Le milleu d’affaires roumain – progrès et défis…
... selon un rapport de la Banque Mondiale.
Florin Orban, 15.11.2016, 13:56
Sur les 190 économies passées au crible par les équipes de la Banque Mondiale dans son rapport Doing Business 2017, la Roumanie s’en tire plutôt bien. Elle se classe 36e avec un total de 74,26 points, devançant des pays comme la Bulgarie – 39e, la Hongrie – 41e, la Belgique – 42e, l’Italie – 50e ou encore la Turquie – 69e. Pourtant, dans l’édition 2017 du rapport de la Banque Mondiale qui évalue chaque année la facilité à faire des affaires d’un pays à un autre, la Roumanie est devancée par des pays tels la Pologne – 24e, la Tchéquie – 27e, la Slovénie – 30e, la Slovaquie – 33e ou encore le Kazakhstan – 35e. Bien qu’avec un score pour 2017 de 0,14 points de moins par rapport à l’année dernière, la Roumanie n’a perdu qu’une seule position parmi les pays pris en compte par la Banque Mondiale.
Selon les experts de cette dernière, la Roumanie a enregistré des progrès dans le domaine des taxes, ce qui l’a propulsée de 4 positions par rapport à l’année dernière, tandis que les problèmes visant les facilités pour lancer une entreprise lui ont fait perdre 11 positions. Dans ce cas, la procédure s’est alourdie notamment après une majoration du temps nécessaire à faire enregistrer la TVA», peut-on lire dans le rapport de la Banque Mondiale. Par ailleurs, selon le rapport Global Entrepreneurship Monitor qui a décortiqué l’activité entrepreneuriale dans 60 pays, en Roumanie, «un entrepreneur a besoin de presque 12500 dollars en moyenne pour démarrer une affaire, une somme supérieure à celle requise en Pologne, Suède, Bulgarie, Croatie ou Hongrie, mais inférieure à celle investie en Allemagne, Italie ou Norvège ». Or, ce niveau élevé des coûts explique souvent le nombre limité des PMEs qui représentent partout le souffle d’une économie. La Roumanie compte seulement 30 PMEs par millier d’habitants, ce qui la place en avant-dernière position parmi les autres pays communautaires où la moyenne est de 54 entreprises par millier d’habitants, peut-on lire dans un rapport de Ziarul financiar.
Le premier ministre Dacian Ciolos précise: « Nous avons mis en place des schémas d’aides d’État visant la création d’emplois dans les petites entreprises. On pense notamment aux sociétés roumaines qui encouragent la création d’emplois ou aux sociétés nationales travaillant avec des partenaires étrangers. On prépare aussi un schéma d’aide d’État à mettre en place d’ici l’année prochaine, que l’on financera jusqu’en 2020 à hauteur de 200 millions d’euros environ du budget public. C’est un schéma qui visera surtout les investissements moyens d’un montant d’un à cinq millions d’euros et qui, espérons-le, attirera de plus en plus de sociétés roumaines à même de se développer.»
Par ailleurs, pour la première fois depuis 2009, l’assureur crédit COFACE a réévalué positivement la Roumanie de B à A4 dans le domaine du risque du milieu des affaires. Pourtant, l’amélioration découle d’un excès de consommation, ce qui risque de provoquer de grands déséquilibres. Le qualificatif A4 indique de possibles fragilités économiques et financières dans un contexte politique tendu et dans un milieu des affaires en proie à des lacunes législatives. N’empêche, la probabilité de défaut de paiement dans le cas des entreprises atteint un niveau raisonnable. Dans la catégorie recommandée aux investisseurs, A4 représente l’indicateur le plus bas.
Malgré cette réévaluation positive, le représentant de Coface Roumanie, Eugen Anicescu, tire la sonnette d’alarme quant aux risques associés à une croissance fondée sur la consommation : « La relance aussi bien du milieu économique que de celui des affaires et des liquidités découle principalement d’une évolution positive du PIB fondée sur la consommation. Les dernières hausses du salaire moyen, l’allègement fiscal, tout cela a alimenté la consommation, en injectant de l’argent sur le marché. Les compagnies en tirent profit, cela est sûr, le milieu se revitalise, mais le danger est là parce qu’il n’existe aucune évolution des investissements. La consommation s’associe surtout aux importations. Or, puisque la baisse de la TVA a déjà eu lieu et les majorations salariales se sont déjà produites, en l’absence d’un élément supplémentaire à même de booster la croissance, on risque une sorte de stagnation économique ».
Selon COFACE, les points forts de la Roumanie renvoient aux dimensions de son marché intérieur, à la main d’œuvre bon marché et qualifiée, aux réserves en devises – significatives -, à la monnaie nationale relativement stable, au taux d’endettement public en dessous de la moyenne européenne et à un taux de dépendance énergétique assez faible sur le plan extérieur. En revanche, la Roumanie affiche une population en baisse, des recettes gouvernementales en chute libre, une infrastructure plutôt faible, un taux de corruption inquiétant et un esprit d’entreprise assez vague. (Trad. Ioana Stancescu)