Le marché des médicaments
Plusieurs médicaments risquent de disparaître prochainement du marché roumain, tandis que le spectre de linsolvabilité plane au-dessus de certaines compagnies pharmaceutiques, met en garde lAssociation des producteurs de médicaments de Roumanie.
Florin Orban, 10.03.2015, 14:44
Selon Laurenţiu Mihai, directeur exécutif de cette association, cela s’explique par la taxe connue sous le nom de clawback (remboursement), en vigueur depuis 2010, qui prévoit l’obligation des fabricants de médicaments délivrés sur ordonnance de verser au budget public une contribution trimestrielle dont le montant varie en fonction de la valeur des ventes réalisées. Laurenţiu Mihai: : « Je m’attends à ce que, dans six mois tout au plus, nous ressentions les conséquences de cette mesure tout à fait désastreuse qu’est l’application du clawback en Roumanie. Nous allons constater la disparition d’un nombre encore plus grand de médicaments sur le marché local et des licenciements. Fin 2014, nous faisions déjà état de 200 ruptures de contrat de travail à l’initiative de l’employeur et d’une situation d’insolvabilité. »
Vasile Ciurchea, président de la Caisse nationale d’assurances maladie, affirme, pour sa part, qu’au dernier trimestre de l’année dernière, la taxe de clawback a augmenté en raison d’une consommation accrue de médicaments due aux maladies de saison : « Cette augmentation s’explique notamment par la vente de médicaments de saison et de produits pharmaceutiques chers prescrits contre la grippe et les pneumonies. Les fabricants de médicaments sont dans leur droit de contester, mais nous avons toutes les données que nous pouvons mettre à leur disposition. Tout repose sur une formule de calcul stricte. Aucune possibilité, donc, de gagner davantage ou d’enregistrer des déficits. »
Début février, la taxe de clawback dépassait 25% du profit des compagnies pharmaceutiques, contre 21%, antérieurement, a fait savoir Dan Zaharescu, directeur exécutif de l‘Association roumaine des producteurs internationaux de médicaments : « La taxe clawback a atteint un niveau inquiétant, puisqu’elle n’est plus soutenable d’un point de vue économique. En plus, sa hausse de 21% à 25% ne se justifie pas par la croissance du marché spécialisé ou de la consommation de médicaments. En fait, ce marché n’a pas connu d’augmentation. Voilà pourquoi accroître de 20% cette taxe est une mesure inexplicable, à mon sens. L’argument avancé par le président de la Caisse nationale d’assurances maladie selon lequel cette hausse serait engendrée par la consommation accrue de médicaments délivrés contre les maladies de saison ne tient pas debout. En 2014 les autorités avaient fourni la même explication pour une augmentation tout aussi spectaculaire de cette taxe, laquelle était passée de 15% à 20%, au dernier trimestre de l’année précédente. Seulement, voilà que cette croissance soi-disant saisonnière s’est perpétuée jusqu’à la fin 2014 et ainsi de suite. Cela fait que nous nous retrouvions devant un chiffre économiquement impossible à supporter. »
« La majoration de la taxe ne produira pas d’effets sur les prix, contrôlés par l’Etat, des médicaments délivrés sur ordonnance. Le problème qui apparaît — a signalé Dan Zaharescu — est lié à ce que l’on appelle l’exportation parallèle vers d’autres pays de l’UE, qui pourrait faire son apparition, vu que les médicaments en question ne pourront plus être mis en vente. » Néanmoins, précise le ministre de la santé, Nicolae Bănicioiu, les prix des médicaments sont même de 20% plus élevés en Roumanie que dans les pays voisins, une réalité qui pointe le besoin de redéfinir le marché spécialisé et d’actualiser les prix chaque année: «Les prix sont plus élevés que ce qu’ils devraient être et cela grève de beaucoup le budget de la santé et donc des patients. Nous estimons plus de 200 millions d’euros d’économies. Tout le monde doit comprendre que nous prenons des mesures pour limiter l’exportation parallèle, pour que ces médicaments restent sur place ; mais nous prenons aussi des mesures pour que la loi soit respectée et surtout pour que le droit essentiel des patients de ne pas payer plus que dans d’autres pays soit respecté ; l’argent ainsi économisé financera des traitements innovants, que nous attendons tous depuis autant d’années. »
Le ministère roumain de la santé a demandé aux producteurs de médicaments de procéder à une mise à jour de tous les prix, une démarche qui entraînera des baisses jusqu’à 20% pour certains produits. Dans le même temps, les 23 médicaments dont le gouvernement a approuvé en novembre dernier l’introduction sur la liste des médicaments remboursés ou gratuits pourraient être délivrés après le 15 avril prochain. Ce retard s’explique par le fait que des protocoles thérapeutiques existent seulement pour 17 des 23 produits. Les commissions spécialisées ne se sont pas encore constituées. Enfin, notons que, du point de vue des ventes en Roumanie, le top 10 des producteurs pharmaceutiques n’a pas bougé.
(trad. Ileana Taroi, Mariana Tudose)