Le commerce extérieur roumain sous la loupe des spécialistes
Les véhicules et les équipements de transports ont occupé la place la plus importante, sur l'ensemble des produits roumains commercialisés à l'étranger en 2015.
Florin Orban, 29.03.2016, 14:01
En 2015, le déficit commercial de la Roumanie s’est monté à 8,37 milliards d’euros, un chiffre supérieur de 2,31 milliards à celui rapporté en 2014, informe l’Institut national des Statistiques. Le volume des exportations a augmenté de 4,1%, jusqu’à 54,6 milliards d’euros, tandis que les importations ont connu une hausse de 7,6%, totalisant presque 63 milliards d’euros. En ce qui concerne les échanges intracommunautaires de biens, il convient de mentionner qu’en 2015, leur valeur a légèrement dépassé les 40 milliards d’euros à l’expédition et approché les 49 milliards d’euros à l’introduction, représentant 73,7% sur le total des exportations et 77,2% sur celui des importations. Par ailleurs, en 2015 le montant des échanges extracommunautaires a été de 14,36 milliards d’euros à l’exportation et de 14,38 milliards d’euros à l’importation, soit 26,3% du total des exportations et 22,8% de celui des importations.
Sur l’ensemble des produits commercialisés l’année dernière, les véhicules et les équipements de transports ont occupé une place importante, selon l’analyste économique Aurelian Dochia: « Depuis quelques années, on assiste à un ralentissement du rythme des exportations ce qui est absolument normal étant donné l’actuel contexte européen. Du coup, la Roumanie devrait booster sa consommation interne afin que son influence positive sur l’économie soit comparable à celle des exportations. On constate que cette consommation a rempli son devoir puisque la dynamique de la croissance est significative. Quant aux exportations, je vous invite à remarquer la performance enregistrée par la Roumanie dans le domaine des services, notamment dans le secteur des transports, dont le taux de croissance est des meilleurs. Cela veut dire que la Roumanie est devenu dernièrement un fournisseur de services important au sein de l’UE. C’est un grand pas en avant surtout pour un pays qui, il y a quelques années, enregistrait un déficit en matière de services de commerce extérieur. Or, il est important d’enregistrer un excédent dans ce domaine aussi ».
Par ailleurs, l’économiste en chef de la Banque centrale de Roumanie, Valentin Lazea, pense que dans le cas de la Roumanie, le modèle économique à succès devrait s’articuler autour des atouts mis à profit par les pays de Visegrad pour surmonter plus facilement la crise économique: « Les pays qui sont sortis victorieux de la dernière crise économique sont ceux dont les exportations sont plus diversifiées, qui exportent non seulement des biens mais aussi des services. Ce pays – là ont connu un fort surplus de compte courant, grâce à un volume des exportations supérieur à celui des importations. Au pôle opposé, on retrouve les grands perdants de la crise, représentés par les Etats qui ont affiché un déficit de compte courant significatif, tels le Brésil, le Nigeria ou d’autres pays exportateurs de matières premières. Dans le camp des gagnants, on retrouve la Pologne, la Hongrie et d’autres pays du groupe de Visegrad. A mon avis, la Roumanie se trouve à mi – chemin entre les deux catégories. Pour rejoindre les gagnants, il faudrait que Bucarest accepte l’idée d’avoir un surplus de compte courant – une idée rejetée jusqu’à présent par les élites politiques roumaines. On pourrait devenir, comme d’autres pays de Visegrad le sont, l’atelier de production de l’Allemagne ou de l’Autriche ou de certains autres pays occidentaux. C’est un chemin déjà emprunté par nombre de pays. »
Aux dires de Valentin Lazea, pour faire de la performance économique, la Roumanie devrait encourager les exportations et les investissements et non pas la consommation interne, sinon elle risque de tomber dans le piège du revenu moyen, d’assister à la détérioration de son compte courant et de se heurter à des difficultés de financement. La plupart des pays pris à ce piège sont ceux qui ont augmenté le revenu moyen par tête d’habitant de 2000 dollars à 8000 – 12000 dollars et qui se contentent d’une telle performance sans faire d’efforts pour booster leur compétitivité.
Le secrétaire général de l’Association nationale des exportateurs et importateurs de Roumanie, Mihai Ionescu, a présenté les mutations survenues pendant la crise économique en ce qui concerne la structure des exportations: «Cette crise a donné une bonne leçon à la Roumanie. Elle a tout d’abord conduit à la restructuration de l’offre commerciale. En clair, après la crise, la métallurgie, la pétrochimie et l’industrie légère, les trois secteurs d’excellence de l’économieroumaine, ont cédé la première marche du podium aux industries électrique et électronique et aux technologies de l’information, suivies par les constructions automobiles et la production d’équipements et outillages pour la construction de machines. Cette même crise nous a ramenés à la réalité. Nous avons donc compris que la Roumanie ne pouvait rester indéfiniment et entièrement dépendante du marché européen, lequel absorbe les trois quarts de ses exportations. Par conséquent, les entreprises publiques et privées se sont orientées vers d’autres marchés, la Roumanie étant devenue compétitive dans bien des régions du monde. Nos ressources n’ont pas tari. Nous continuons à viser les marchés non – européens : la Russie, la Chine, l’Afrique, l’Asie du Sud-Est, autant de zones à grand impact pour les produits roumains. »
Les exportations roumaines vont principalement vers l’Allemagne, l’Italie, la France, la Turquie, la Hongrie, la Bulgarie, la Grande Bretagne et l’Espagne. La Roumanie importe surtout de pays tels l’Allemagne, l’Italie, la Hongrie, la France, la Chine, la Fédération de Russie, l’Autriche et les Pays-Bas. (trad. Ioana Stancescu, Mariana Tudose).