Le budget d’Etat 2017
Arguements pour et contre les décisions du gouvernement.
Florin Orban, 28.02.2017, 13:42
Construit sur une prévision de croissance de 5,2% d’un PIB de 181 milliards d’euros, sur un déficit public inférieur à 3% et sur une hypothèse d’inflation moyenne annuelle de 1,4%, le budget d’Etat 2017, récemment adopté par le Parlement de Bucarest, suscite de vifs débats.
Dans une interview à Radio Roumanie, l’analyste économique, Aurelian Dochia affirmait: « Dans ses prévisions, la Commission européenne table sur un taux de croissance de 4,4%. Un rythme alerte pour l’Europe, on est bien d’accord, mais qui se trouve pourtant en dessous des prévisions avancées par le gouvernement de Bucarest et des chiffres autour desquels se construit le budget voté par notre Parlement. Du coup, une question s’impose: comment la Roumanie pourra-t-elle clôturer l’année économique 2017, vu qu’un rythme de croissance inférieur à celui prévu par le gouvernement impliquera automatiquement des recettes budgétaires inférieures à celles attendues? Concrètement, à la fin de l’année, le pays pourrait afficher soit une hausse du déficit- aspect prévu déjà par Bruxelles, soit des économies sur les dépenses. Voilà. On risque donc, cette année aussi, de voir les investissements sacrifiés et encore, cela ne suffirait pas pour résoudre la situation. Je n’entrevois aucune solution pour réduire les dépenses sur les salaires, les retraites ou la sécu, ce qui fait que le taux de déficit dépasse le plus probablement les 3% d’ici la fin de l’année. »
Des prévisions plutôt pessimistes que partage l’analyste économique Radu Sovianu. A son avis, le scénario de croissance économique sur lequel repose le budget est surréaliste : « Personnellement, j’ai eu la curiosité de jeter un coup d’œil sur les prévisions pour 2017 avancées par la Commission nationale chargée de la Prévision et, rien qu’à voir de quoi se nourrit cette croissance économique de 5,2% stipulée par le gouvernement, je me permets de la qualifier de beaucoup trop optimiste. Rien qu’un exemple: selon les prévisions de ladite commission, on s’attend à ce que la contribution de l’industrie à la croissance économique soit deux fois plus élevée en 2017 qu’en 2016. D’où cette idée? Qu’est-ce que l’industrie roumaine a-t-elle fait de notable pour que la production ait une contribution de 50% supérieure à celle de l’année précédente? »
En réplique, le premier ministre Sorin Grindeanu affirme que son gouvernement s’attend à une relance des investissements: « Les prévisions de dépenses d’investissements se montent à 4,8% du PIB, soit 0,9 points de pourcentage de plus qu’en 2016. On a majoré les enveloppes budgétaires destinées à plusieurs ministères tels celui de la Défense, qui s’est vu alloué 2% du PIB ou encore celui de l’Education nationale – 2,2%, le Ministère de la Santé auquel on a accordé une majoration budgétaire de 18%, la Sécu qui a reçu de 10,3% de plus qu’en 2016, l’Agriculture qui s’est vu allouée une enveloppe de 83,2% supérieure à la précédente ou encore les Transports, 60,5% de plus qu’en 2016. »
Le nouveau budget d’Etat prévoit également une majoration salariale de 15% dans le système sanitaire et dans l’éducation, une révision à la hausse du point retraite à partir du 1 juillet, la majoration du salaire minimum et du minimum retraite, la finalisation de 90 kilomètres d’autoroute, la fin des travaux de modernisation de 272 kilomètres de routes nationales, la signature de contrats pour la construction de 2500 maternelles et 2000 établissements scolaires.
De l’avis du député social-démocrate, Leonardo Badea, les prévisions budgétaires témoigne d’une confiance accrue en l’économie roumaine. En plus, dit-il, les nouvelles mesures gouvernementales encourageront la consommation. D’ailleurs, l’actuelle construction budgétaire repose sur la majoration des revenus de la population, sur la hausse des investissements dans l’infrastructure et la baisse des taxes.
Leonardo Badea: « Le budget, tel qu’il se présente actuellement, prône un virage vers la prospérité dans la vie des Roumains. Il est d’ailleurs le plus important indicateur de la justesse des politiques publiques assumées. Cette vision s’appuie sur des mécanismes fondés sur l’impact des majorations salariales sur la demande, à travers la consommation. Il faudrait que la Roumanie abandonne un modèle économique fondé principalement sur la main d’œuvre bon marché, pour adopter celui privilégiant la main d’œuvre qualifiée. »
En réplique, le sénateur libéral Florin Câțu a annoncé que son parti a rejeté l’actuel projet de budget car il reposerait sur des chiffres faux: « Tel qu’il a été conçu par le Parti Social-Démocrate (PSD), l’actuel budget n’est pas capable d’assurer la croissance économique du pays. Il ne va pas offrir plus d’argent aux Roumains, il poussera le déficit budgétaire au-dessus de la barre fixée et ne permettra la moindre évolution économique du pays en fin d’année. Le PSD nous présente un budget susceptible de contenter la clientèle politique et de rassurer les non avisés. »
A la fin, rappelons que selon les données de l’Institut national de la statistique, la croissance économique de la Roumanie a été de 4,8% du PIB, en 2016. (Trad. Ioana Stancescu)