Le budget de l’Etat pour 2016
Le budget de la Roumanie pour 2016 a été rapidement adopté par le Parlement de Bucarest à la mi-décembre 2015, sous la pression du temps.
Florin Orban, 19.01.2016, 14:07
Installée en novembre au Palais du gouvernement, l’équipe menée par l’ancien commissaire européen Dacian Ciolos s’est attelée à la tâche, travaillant sur un projet déjà esquissé par le gouvernement qu’elle venait de remplacer. Le budget, absolument nécessaire pour entamer l’année 2016, s’appuie très concrètement sur une croissance estimée de 4,1%, sur un déficit de 2,95% d’un Produit intérieur brut nominal (qui prend en compte l’inflation), estimé, lui, à 746,6 milliards de lei (environ 166 milliards d’euros).
Les recettes attendues devraient dépasser de 1,6% les entrées de 2015. Le chapitre « dépenses » inclut les mesures adoptées, l’année dernière, par le gouvernement et par le parlement, principalement la majoration salariale dans le secteur public, avançant un chiffre de 13 milliards de lei (quelque 2,9 milliards d’euros) plus élevé qu’en 2015. Les investissements atteindront les 5,1% du PIB, contre 4,7% l’année dernière ; les dépenses pour l’assistance sociale resteront quasi inchangées tandis que les dépenses de personnel passeront de 7,3% du PIB l’année passée à 7,7%, à cause justement des majorations salariales appliquées.
De même, les dépenses de santé, d’éducation et de recherche et développement connaîtront une évolution à la hausse. Interviewé par Radio Roumanie, l’analyste économique Adrian Mitroi explique : « Nous avons des données économiques très optimistes. C’est un budget honorable, qui tient les promesses et les attentes de la société civile. Un budget du compromis, un budget politique, et là je commence d’emblée par quelques critiques. Ce budget ne tient pas compte du fait que nous avons l’obligation de penser aussi à nos enfants, et pas seulement à nous. C’est un budget de l’immédiat, fondé sur des financements bon marché, sur des considérants de pétrole, de gaz meilleur marché, sur des taux d’intérêts moindres, un taux de change stable, une croissance économique importante. Tout cela, ce sont de très bonnes choses et des attentes positives, mais c’est un budget assez facile, qui ne nous fait pas vraiment travailler, ni ne nous punit pour nos compétences limitées, pour attirer des fonds européens, par exemple, qui ne nous punit pas non plus pour notre incapacité chronique parce que depuis 25 ans nous ne sommes pas censés construire des autoroutes. C’est donc un budget du compromis. Le contexte est favorable, nous sommes des performers économiques. C’est un budget qui se tourne aussi vers nous, les opérateurs économiques, les holdings, les individus. Nous avons de bons bénéfices et avec une imposition moindre, nous avons des salaires à la hausse, et je le répète, c’est un budget qui nous concerne nous, et pas nos enfants. »
L’année 2016 sera plus difficile que 2015 du point de vue économique, selon certains analystes. Adrian Mitroi : Se plaçant autour de 3%, le déficit risque tout le temps de dépasser les limites acceptables. Je suis parfaitement conscient qu’un tel problème existe, mais d’autre part, l’économie roumaine est plus performante, plus souple et plus flexible. Malheureusement, l’absence chronique de l’infrastructure bloque la relance économique du pays. Nous, on devrait progresser plus que nos compétiteurs puisqu’on a besoin d’une convergence réelle vers un meilleur niveau de vie. Bien que j’essaie de voir la bouteille à moitié pleine, j’ai quand même un aspect à reprocher au budget actuel – le fait qu’il représente l’actuel gouvernement, c’est-à-dire un gouvernement à court terme. Quoique le contexte actuel nous soit légèrement défavorable, je pense que nous occupons une position privilégiée grâce aux performances économiques soutenues des trois dernières années qui ont fait de nous les champions d’Europe. Nous avons donc besoin de partager des fruits de notre croissance économique. »
Le milieu privé exigeait un plus de prédictibilité et une meilleure priorisation des investissements, deux aspects qui, selon l’analyste Adrian Mitroi, se reflètent dans le budget actuel: « Il est vrai et j’apprécié beaucoup cela. D’autre part, la structure des recettes budgétaires implique plus d’argent pour le secteur privé. Il s’agit concrètement de quelque 2 milliards d’euros que le milieu privé peut consommer et investir. Il faut bien comprendre que nous, les hommes d’affaires du secteur privé, avons la responsabilité de la performance dans le domaine des investissements. »
A parler de l’exécution budgétaire sur 2015, il convient de mentionner que le montant des recettes collectées au budget, l’année dernière, a dépassé de 3,1 milliards d’euro celui sur 2014, se chiffrant à quelque 43,3 milliards d’euros. « En 2016, on restera fidèles au principe de tolérance zéro pour l’évasion fiscale. Il ne faut pas oublier que parmi nos principes phares, il y en a un qui dit que l’on doit continuer à assurer les ressources nécessaires à la mise en place d’une politique fiscale non contraignante qui permette la prospérité du milieu des affaires » a affirmé Gelu Stefan Diaconu, président du Fisc.