L’apiculture roumaine
Après un début de récolte marqué par des températures plus basses que dhabitude, les apiculteurs roumains affirment quen 2014 loffre ne couvrira pas la demande à lexportation.
Florin Orban, 19.08.2014, 13:43
La récolte de miel de cette année, qui se ressent des températures inférieures à la normale, ne suffira pas à couvrir la demande d’exportation, affirment les apiculteurs roumains. Plus de la moitié de la production mellifère de la Roumanie est exportée surtout dans les pays de l’UE. Le prix d’un kilo de miel va de 2,2 à 3,4 euros, en fonction de la qualité.
Détails avec Ioan Fetea, président de l’Association des éleveurs d’abeilles: « Bien que l’hiver ait été propice au développement des colonies d’abeilles, la météo capricieuse de ce printemps, marquée par un temps plutôt froid, des pluies et du vent, a empêché, dans certaines zones du pays, le bon déroulement de la récolte du pollen par les abeilles. Dans des conditions normales, la production moyenne de miel s’élève à 18 ou 20 mille tonnes par an. En 2014, nous allons nous situer en dessous de la moyenne pluriannuelle, qui est de 20, voire 23 mille tonnes. Si les résultats de l’agriculture dépendent de toute une année ou d’un été, ceux du secteur apicole tiennent aux quelques jours de récolte, qui s’avèrent décisifs. »
L’Union Européenne, dans son ensemble, prête une attention particulière à l’apiculture. Ioan Fetea: « Comme l’abeille joue une rôle important dans la stabilité écologique et biologique, l’UE s’applique à préserver la biodiversité et un environnement sain. Aux côtés des spécialistes français, nous menons un programme de recherche visant à la refonte de la biodiversité dans le nord de la France. L’UE reconnaît le rôle extrêmement important de l’abeille. 73% de la production alimentaire et près de 82% des plantes dépendent de la pollinisation effectuée par les abeilles. Aux Etats-Unis, par exemple, il y a eu de gros problèmes de pollinisation, ces dernières années, engendrés par la réduction de plus de la moitié des effectifs d’abeilles en raison de l’utilisation des pesticides. Bien sûr qu’il y a d’autres facteurs aussi qui contribuent à ce dépeuplement, mais les traitements phytosanitaires sont les plus incriminés. En Europe, ce phénomène est à mettre aussi sur le compte des changements climatiques, des traitements médicamenteux ou de l’absence de traitements alternatifs, des organismes génétiquement modifiés. Voilà pourquoi l’UE a décidé de suspendre, deux ans durant, à compter de décembre 2013, l’usage des néonicotinoïdes, substances que l’on utilise dans le traitement des graines de certaines espèces végétales recherchées par l’abeille, dont notamment le tournesol, le colza et les blés. »
Adoptée en début d’année, la nouvelle loi réglementant l’apiculture mécontente les spécialistes du domaine. Ioan Fetea, président de l’Association des éleveurs d’abeilles de Roumanie, explique : « C’est une loi hybride, à mi-chemin entre la variante du ministère et celle des spécialistes. Elle contient toute sorte de nouvelles contraintes, dont l’obligation de faire partie d’une association, mais alors là, où vont se retrouver les jeunes apiculteurs amateurs ? Il y a ensuite une douzaine d’amendes, certes modiques, mais que nous considérons comme inappropriées pour ce secteur, si propre de tous les points de vue. Enfin, on a annulé le règlement, très bien mis au point d’ailleurs, qui régissait l’apiculture pastorale ( n.tr. la transhumance des ruches) à l’échelle nationale. »
Le président de l’Association des éleveurs d’abeilles de Roumanie, Ioan Fetea, nous a parlé également des principaux marchés vers lesquels le miel roumain est exporté : «Le miel roumain est d’une qualité extraordinaire, reconnu et primé à tous les congrès, foires et réunions apicoles du monde. La demande en est, par conséquent, très grande. Nous collaborons avec tous les importateurs et tous ceux qui souhaitent acheter du miel roumain, qu’ils soient de Chine ou des Etats-Unis. Mais c’est l’UE qui est notre partenaire commercial le plus important, notamment l’Allemagne. Malheureusement, la production ne peut pas couvrir la demande. Et il y a aussi un autre paradoxe : les Roumains consomment très peu de miel, c’est pourquoi nous exportons plus de la moitié de la production interne. Malheureusement, les statistiques montrent que la Roumanie se classe dernière en matière de consommation de miel, à savoir : 450 — 500 grammes par habitant. Alors que dans les pays nordiques ou occidentaux, tels que l’Allemagne, l’Italie ou la France, la consommation varie entre 1,5 jusqu’à 2, voire 2 kg et demi par habitant. »
Dans les 3 prochaines années, les apiculteurs bénéficieront d’une aide financière de 44,5 millions de lei (soit quelque 10 millions d’euros) ; ces fonds proviennent du budget du ministère roumain de l’Agriculture et du Développement Rural, dans le cadre du Programme national apicole pour la période 2014 — 2016, ainsi que des fonds structurels européens. Plus concrètement : l’aide financière est destinée à 5 mesures, à savoir : la création d’un système informatique d’identification des ruches, l’achat de médicaments, l’achat de reines d’abeilles, d’essaims sur rayons de miel ou de familles d’abeilles, l’achat de ruches dans le but de renouveler celles usées ou encore le remboursement des analyses physiques et chimiques attestant la qualité du miel. La Commission européenne participe au financement de ce Programme en couvrant 50% des dépenses, hors TVA, effectuées par la Roumanie pour chacune de ces mesures.
Notons aussi qu’en 2013, plus de 7000 apiculteurs roumains ont bénéficié du soutien du Programme national apicole, les fonds alloués s’élevant à 7 millions d’euros, dont 3,4 millions de la part de la Commission européenne. Mentionnons enfin que la Roumanie compte à présent 1,47 millions de familles d’abeilles et quelque 40.000 apiculteurs, dont plus de la moitié sont membres de l’Association des Eleveurs d’Abeilles. (Trad. Mariana Tudose, Valentina Beleavski)