L’année 2017 pour le marché automobile
Les relents de la crise internationale de 2008 ont affecté aussi les ventes de voitures neuves. Néanmoins, la situation semble en train de se redresser.
Florin Orban, 05.12.2017, 18:06
Si l’industrie auto roumaine représente un secteur économique important pour l’économie nationale, tant au regard de sa contribution au PIB qu’à l’égard de son poids dans les exportations roumaines, on doit néanmoins observer l’évolution plutôt sinueuse du marché auto interne cette dernière décennie. En effet, les relents de la crise internationale de 2008 ont affecté aussi les ventes de voitures neuves. Néanmoins, la situation semble en train de se redresser, comme le remarque Marius Tudor, le secrétaire général de l’Association des producteurs et des importateurs automobiles (APIA) : « En 2017, le marché auto roumain a poursuivi sur sa lancée de croissance, remarquée déjà dès 2014. On est néanmoins encore loin des volumes enregistrés en 2007, l’année de référence dans la vente des véhicules neufs. On est entre 35 et 38% des chiffres enregistrés en 2007, l’année de gloire du marché automobile. Si à ce moment, l’ensemble des constructeurs arrivait à écouler plus de 300 mille voitures sur le marché roumain, en 2017 on préconise d’arriver à en faire autant pour un peu plus de 120 mille voitures. Sur les dix premiers mois on remarque toutefois un accroissement de 13% par rapport à l’année passée, ce qui dépasse la moyenne européenne. Nos estimations font état d’une croissance de 10 à 12% du marché automobile roumain sur l’ensemble de l’année 2017 par rapport à l’année passée. »
Mais quels sont les domaines qui ont enregistré la plus forte croissance ? Marius Tudor: « Je remarquerai d’abord une croissance accélérée du segment des SUV, de près de 26%, c’est-à-dire le double de la croissance moyenne enregistrée du secteur. On constate également une croissance soutenue du segment des voitures écologiques ou à propulsion mixte. La vente des voitures électriques a pratiquement doublé de volume cette année. Certes, la subvention de 10.000 € accordée par l’Etat via le Fonds pour l’environnement lors de l’acquisition d’une voiture électrique, et de 4.500 € à l’achat d’une voiture hybride y est pour beaucoup. C’est un soutien important ; il s’agit pratiquement de la subvention publique la plus importante en termes de valeur dans un pays membre de l’UE. Si les aides continuent en 2018, si les fonds seront toujours disponibles pour ce faire, je suis persuadé que les volumes des ventes des voitures électriques et hybrides nous réserveront des belles surprises. Mais pour que cela devienne une histoire à succès, les subventions publiques seules ne seront pas suffisantes. Les producteurs devront eux aussi prendre leur part à l’effort et surtout, il est indispensable de développer le réseau d’alimentation de ce type de véhicules. Cela ne sert à rien d’avoir un véhicule électrique si on ne peut pas recharger aisément sa batterie. L’infrastructure dédiée à ces nouvelles formes de mobilité devrait continuer à se développer. »
Ne soyons pas dupes néanmoins. Si les volumes de vente des voitures électriques ont doublé cette dernière année en Roumanie, les chiffres en termes absolus demeurent modestes par rapport à ceux enregistrés dans les pays à tradition de l’Union européenne. En France ou en Allemagne, les producteurs réussissent à écouler des dizaines de milliers de voitures électriques chaque année, alors que les chiffres en Roumanie sont de l’ordre de quelques centaines.Le secteur automobile contribue de façon conséquente aux exportations roumaines, et les tendances sont à la hausse. Toujours selon Marius Tudor, le secrétaire général de l’Association des producteurs et des exportateurs auto roumains : « L’industrie auto est un exportateur important, contribuant de façon conséquente au budget de l’Etat, c’est pourquoi il faudrait accorder une attention particulière à cette industrie. Nous sommes persuadés que les exportations augmenteront en volume, tant dans le segment des ventes automobiles que dans celui des composantes. Car il faut savoir que pas mal de voitures assemblées dans d’autres Etats membres de l’Union européenne comprennent des composantes fabriquées en Roumanie. Par ailleurs, la valeur de l’exportation de ces dernières dépasse l’exportation des véhicules, et on comprend bien là l’importance de cette industrie. »
Un sérieux défi est néanmoins représenté par l’augmentation accentuée des immatriculations de véhicules usagés, grâce notamment à la suppression au mois de février dernier de la taxe environnementale. Par ce biais, les véhicules d’occasion étaient taxés principalement en fonction de leur année de fabrication, de la cylindrée ou encore du degré de pollution engendré. A l’heure actuelle, de par la suppression de cette taxe dissuasive, l’acquisition des véhicules usagés et polluants s’est trouvée encouragée… Marius Tudor, le secrétaire général de l’Association des producteurs et des exportateurs auto roumains, précise : « Il est fort probable que le nombre d’immatriculations de ce type de véhicule atteigne les 500 mille cette année, par rapport à 300 mille l’année passée. Cela fera une hausse de 70%, alors que la plupart de ces véhicules sont vieux de dix ans, respectant des normes anti-pollution nettement inférieures à celles en vigueur actuellement. Si 75% des ventes des voitures neuves commercialisées l’année dernière respectait les normes de pollution Euro 4, 5 et 6, le pourcentage des voitures respectant ces normes est passé cette année en dessous de la barre de 60% des nouvelles immatriculations. Il y a bien sûr aussi les problèmes engendrés par l’arrivée brutale d’un nombre si important de ces voitures dans le trafic quotidien, déjà sur encombré. Mais le taux de pollution représente un problème autrement plus important, affectant l’état de santé de la population dans son ensemble. Selon les données publiées par l’Agence européenne pour l’environnement, on estime à 28.000 le nombre de décès prématurés provoqués par la pollution engendrée par le trafic automobile en 2015 en Roumanie. »
Qui plus est, l’importation des véhicules usagés, souvent le fait de commerçants indélicats et qui réalisent ce trafic à titre privé plutôt qu en tant que société commerciale, va en éludant les taxes et les impôts dus à l’Etat. De surcroît, ils font par ce biais de la concurrence déloyale aux représentants des fabricants automobiles.