La terre arable – investissement profitable
Depuis le 1-er janvier 2014 la Roumanie accorde aux citoyens étrangers le droit dacheter directement des terrains agricoles...
România Internațional, 22.07.2014, 13:14
Depuis le 1-er janvier 2014 la Roumanie accorde aux citoyens étrangers le droit d’acheter directement des terrains agricoles. Avant cette date, les étrangers ne pouvaient faire des acquisitions de terrains agricoles que s’ils inscrivaient une firme roumaine. Les spécialistes avertissent que les acquisitions de terrains agricoles augmenteront et qu’un strict contrôle est nécessaire de la part de l’Etat. Pendant 14 ans seulement, on a acheté en Roumanie 3 millions dhectares de terrain fertile ce qui veut dire un tiers des terrains arables à l’échelon national possédés désormais par des Italiens, des Allemands, des Danois, des Anglais, des Norvégiens, des Hollandais, des Hongrois et des Libanais. Officiellement, les compagnies à capital étranger ont d’ores et déjà acheté 1 million dhectares de terrain arable et s’occupent en métayage des travaux sur d’autres deux millions.
Laurentiu Baciu, président de LAPAR (Ligue des Producteurs Agricoles Roumains) dit que les étrangers cultivent le terrain dans notre pays profitant de la terre fertile, du petit prix par hectare et de la main d’œuvre peu chère mais vendent la récolte dans leurs pays d’origine. Le blé roumain y est transformé par des spécialistes ou utilisé comme fourrage pour animaux qui, ensuite, sont importés en Roumanie et vendus à des consommateurs roumains à des prix sensiblement plus grands que ceux possibles si la transformation était faite en Roumanie.
Laurentiu Baciu: « Nous devons partir d’une réalité que nous devons d’abord accepter. Nous avons une agriculture privée depuis 20 ans. Ceux de l’extérieur viennent de l’histoire. Nous entamons les premiers pas dans l’exploitation agricole, dans leur modernisation pour pratiquer une agriculture performante. Les sources financières sont ce qu’elles sont. Les banques de Roumanie nous appliquent un certain taux d’intérêt et avec les firmes mères de leurs pays respectifs on pratique un autre niveau d’intérêt, justement où nous trouvons ces acheteurs. Ils bénéficient des taux d’intérêt préférentiels de 1-2 % pour l’achat des terrains dans l’Europe de l’Est et de facilités des gouvernements des pays respectifs. Chez nous, c’est différent. Il y a des superficies dont nous savons qu’elles n’appartiennent pratiquement à personne. Lors de la réforme de 1991 on a remis la terre aux anciens propriétaires sans leur demander s’ils en ont ou pas besoin, s’ils ont la possibilité de travailler cette terre et maintenant ils se trouvent dans la situation de se débarrasser de ces terrains en les vendant au premier acheteur. Dans d’autres pays, les prix des terrains agricoles sont 4-5 fois plus grands qu’en Roumanie car , si chez nous , on parle de 2,5 milliers d’euros par hectare en moyenne, en Belgique ce prix est de 28-30 milliers d’euros par hectare, en France 20 à 25 milliers. C’est la raison pour laquelle ils se bousculent à acheter des terrains en Roumanie. »
La plupart des investisseurs étrangers sont entré en possession des terrains fertiles de Càlàrasi, de Ialomita ou de Banat. Les Italiens ont acheté les superficies les plus étendues, plus de 250 milliers dhectares, les plus nombreuses situés dans l’ouest du pays. On cherche, en général, des terrains compacts et productifs. La réticence des propriétaires des terrains, des paysans de vendre leurs petits lots de terrain hérités de leurs parents fait que les prix des terrains arables montent constamment et sûrement. Par exemple, dans la commune Intorsura du département de Dolj le prix du terrain arable a augmenté de 600 euros, il y a quelques années, à 1500 euros dans les zones plus pauvres et jusqu’à 2000-3000 euros dans les zones de terrain hautement productif.
Les maires exhortent les gens à ne pas vendre leurs terres pour ne pas se priver du pain quotidien. Constantin Camen, maire de la commune de Intorsura confirme : « Les investisseurs étrangers sont venus et j’ai dit aux gens de ne pas vendre leurs terrains maintenant car il vont le regretter plus tard. Le prix des terrains va augmenter, seuls ceux qui ont des problèmes graves vendent. »
Dumitru Dobrescu, édile de Lipovu, à son tour, exhorte les gens du village à ne pas vendre : « C’est un Italien qui a acheté ici à Lipovu 650 hectares. Il y a des associations telles CERVINA qui possède quelques 246 hectares en métayage, il y a encore trois autres sociétés d’environs 100 hectares. La société CERVINA a élevé le prix cette année jusqu’à 6000 lei tandis qu’il y a deux ans celui-ci n’était que de 2500 lei mais ils l’ont accru pour acheter le plus possible de terrains. Et c’est dommage que les gens vendent tout le terrain et ce pays restera dépourvue de terrain agricole. »
Les terrains agricoles de Moldavie et de Transylvanie de nord-est sont moins chers mais trop morcelés pour qu’un grand investisseur puisse acheter des superficies étendues. C’est, peut-être, la raison pour laquelle dans la zone de Sàlaj, par exemple, il n’y a pas de grandes exploitations agricoles et les plus grands fermiers sont les étrangers qui dans les années ’90 avaient acheté des superficies étendues. Nous apprenons de maire Vasile Lazàr de la commune de Màieriste du département de Sàlaj quelle est la situation de cette zone : « C’est une firme roumaine qui a pour actionnaire un citoyen italien qui a acquis en quelques années une certaine superficie de terrain. C’est une société agricole qui travaille la terre et a, aussi, pris en métayage, d’autres terrains des habitants de notre commune. Il s’agit de quelques 500 hectares dont 100 hectares ont été achetés ce dernier temps, le prix offert étant de quelques 80 lei, 100 lei par aire, ce qui veut dire 8000-10000 lei par hectare (jusqu’à 2500 euros). »
A partir de ce mois , les terrains agricoles seront vendus selon de nouvelles règles. Ainsi, il y a un total changement de la manière dont un Roumain peut vendre son terrain. Toute annonce doit se faire prioritairement à la mairie et la transaction ne peur se faire à moins d’un délai d’un mois. Le vendeur doit également préciser le prix et la mairie doit afficher ce papier au tableau des avis et notifier les co-propriétaires et les personnes apparentées, les métayers, les voisins et l’Etat. Tous ceux-ci ont prioritairement le droit de préemption pour acheter le terrain en question. La Roumanie détient quelques 14 millions dhectares de terrain agricole dont 10 millions de terrain arable. (trad.: Costion Grigore)