La radio, en pleine évolution numérique
Radio Roumanie Internationale figure parmi les premières stations à avoir adopté le système DRM.
Eugen Cojocariu, 10.10.2017, 13:50
Cela fait déjà plus de dix ans que l’humanité assiste à un essor sans précédent des médias. Il suffit de penser à la télévision qui depuis quelques années déjà fait la promotion d’une nouvelle norme de qualité ou encore à Internet, considéré comme un outil d’information et de communication privilégié. Quant à la radio, malgré ses cent années d’existence, elle reste un moyen incontournable pour faire passer l’information véritable, tout en étant une source de sensibilisation et de divertissement de l’auditoire.
Pourtant, à la différence d’autres secteurs, elle s’est mise plus difficilement au numérique. Par souci de gagner en qualité d’écoute et en simplicité d’utilisation, la radio a fini par élargir, elle aussi, ses moyens de diffusion. C’est ce qui explique sa présence sur Internet ou encore ses différents moyens de diffusion dont les plus importants sont: le DAB ou le Digital Audio Broadcasting qui a été lancé dans les années ’80 du XXe siècle afin de remplacer la radio analogique sur les ondes ultra-courtes; s’y ajoute le HD Radio – un système américain rétro-compatible avec les émissions actuelles en bande FM et le DRM qui est un standard mondial pour la diffusion numérique en ondes courtes, moyennes et longues, étant compatible avec les émissions en bande FM.
Radio Roumanie Internationale figure parmi les premières stations à avoir adopté le système DRM. Présidente du Consortium DRM et ancienne journaliste d’expression roumaine à la BBC, Ruxandra Obreja passe en revue les principaux avantages et défis de ce type de diffusion: «Le DRM est un moyen censé effacer les perturbations sur les ondes courtes et moyennes afin d’offrir à notre ancien récepteur un standard de qualité proche de celui en bande FM. Il permet aussi de diffuser des contenus sonores ou textuels repris sur Internet, pour enrichir un contenu jusqu’alors audio. Pourquoi la Roumanie a-t-elle décidé d’adopter ce système? Et bien, il convient de préciser que les grands pays n’arrivent pas à mettre en place des milliers de petits émetteurs censés couvrir chaque localité. C’est pourquoi le DRM représente une solution. Or la Roumanie est un grand pays, le deuxième pays d’Europe de l’Est après la Pologne, ce qui fait que le seul moyen pour couvrir une étendue géographique aussi importante, en lui offrant un contenu numérique, de qualité, reste le DRM».
Comment fait-on pour assurer un bon passage de l’analogique au numérique? A l’heure où l’on parle, seule la Norvège s’est donné comme délai 2017 pour éteindre sa radio analogique. Les autres pays prennent leur temps avant de basculer au tout-numérique. Ruxandra Obreja: «Il y en a qui se sont fixé comme objectif 2022 ou encore 2027. Il y en a qui envisagent un passage rapide et d’autres qui préfèrent une transition plus lente. Quelle que soit la situation, une chose est sûre et certaine: nous avons déjà un écosystème numérique. Du coup, il deviendra de plus en plus coûteux de préserver de petites oasis analogiques dans un contexte mondial numérique. Un émetteur est capable de couvrir tout un pays. Or, à l’heure où l’on parle, on est tous d’accord que la transmission terrestre reste le meilleur moyen de faire parvenir l’information auprès de tous les citoyens. Bien que le nombre de récepteurs DAB en Europe se monte à plusieurs millions, les pays du Vieux continent sont différents et chacun a sa propre vitesse de passage à ce nouveau système. En plus, le DAB s’avère efficace dans les grandes villes plutôt que dans les petites localités de province. Disons que même si à Varsovie il marche parfaitement, il suffit de se déplacer dans un village polonais ou dans une petite ville dotée de seulement deux stations locales de radio pour qu’il ne fonctionne plus.»
Parmi les inconvénients de la radio en DRM, le plus important reste le coût élevé des récepteurs. Alors que le prix d’un récepteur DAB se monte à 20 euros, celui d’un poste de radio en DRM est 4, 5 fois plus élevé. Une des raisons serait la complexité de ces appareils. Ruxandra Obreja: « Les récepteurs DRM ont succédé à ceux en système DAB. Ils offrent une vision différente, puisqu’ils sont dotés de tous les standards. Il ne faut pas changer de récepteur à chaque fois que l’on change de standard. C’est pourquoi, nous, on a choisi cette solution. En plus, on vient de lancer sur le marché un nouveau modèle de récepteur DRM moins cher, qui ressemble à une tablette, permettant d’écouter aussi bien la radio analogique que numérique, quel que soit le standard».
Pour promouvoir les postes de radio numérique, de plus en plus de constructeurs automobiles ont décidé d’équiper leurs modèles haut de gamme de récepteurs DAB. Quant au système DRM, il vient de faire son entrée sur le marché automobile. Ruxandra Obreja: «Les constructeurs automobiles font installer dans leurs voitures des autoradios compatibles avec le système en place dans le pays respectif. Si la Roumanie transmet en DRM, les voitures qui lui sont destinées seront équipées de récepteurs DRM. Plus intéressant encore est le fait que las de faire leur choix entre DRM et DAB, les grands producteurs automobiles ont fini par installer les deux».
A l’heure où l’on parle, la radio numérique terrestre est fortement concurrencée par Internet accessible sur les ordinateurs, les tablettes ou encore les portables de dernière génération. Pourtant, Internet a ses propres limites d’ordre technologique, affirme Ruxandra Obreja, à la tête du Consortium DRM: « Internet permet un flux d’informations entre vous et moi. Donc, pour un bon fonctionnement, il faut assurer de nombreux flux de ce genre. Or, cette bande qui nous soutient tous est une ressource limitée qui s’épuise vite. Prenons un exemple: le programme radiophonique le plus prisé en Grande Bretagne est celui diffusé entre 6 et 8 heures du matin. On a fait un calcul pour voir ce qui se passerait si le même nombre d’auditeurs écoutait l’émission sur Internet. Hé bien, le réseau britannique serait en panne au bout de quelques minutes. D’ailleurs, l’écoute de la radio en ligne représente seulement 10% de l’écoute de la radio en général».
L’évolution des technologies numériques peut toujours nous surprendre. Même si le rythme est plutôt lent, le passage de la radio au tout-numérique est une réalité sûre et certaine partout dans le monde.