Estimations économiques pour l’année 2017
Selon les différentes sources le taux de croissance du pays ira de 3,7 à 5,2% du PIB.
Florin Orban, 17.01.2017, 13:19
Après une année économique clôturée en force et marquée par un taux de croissance allant jusqu’à 5,2% du PIB, voilà que la Roumanie s’apprête à redescendre la pente de la relance économique. Selon les prévisions de la Commission européenne pour 2017, le taux de croissance de l’économie roumaine serait de seulement 3,9%. Un pourcentage autour duquel gravitent aussi les prévisions des autres grands bailleurs de fonds: la Banque Mondiale et le FMI tablent, pour leur part, sur un taux de croissance de 3,8%, tandis que la BERD et l’agence de notation Moody’s véhiculent une croissance de seulement 3,7%, après le chiffre enregistré en 2016. Seule la Commission nationale de la prospective préserve son optimisme et estime un taux de 4,2% avant la fin de l’année. «Bien que l’on s’attende à une majoration du prix du brut et à un retour de l’inflation, ce sera toujours à la consommation privée de booster la croissance économique» peut-on lire dans un rapport élaboré par l’agence Moody’s. Selon cette source, «si la Roumanie poursuit sa politique fiscale expansionniste en 2017 aussi, en supprimant aussi bien la taxe sur les constructions spéciales et l’accise supplémentaire sur les carburants qu’en réduisant sa TVA, sa position fiscale en souffrira».
L’agence s’attend également à ce que le déficit fiscal de la Roumanie dépasse les 3% du PIB, puisque les mesures qui conduisent à sa majoration compenseront une croissance économique solide. Pourtant, Moody’s tire la sonnette d’alarme et avertit qu’une détérioration significative de sa position fiscale et l’impact de celle-ci sur sa dette pourrait coûter à la Roumanie une baisse de sa notation de crédit. Invité au micro de RRI, le président du Conseil fiscal, Ionut Dumitru, avertit que cette année, le rythme de la croissance économique sera plus lent que l’année dernière : «Une situation prédictible dans le contexte d’une stimulation de la fiscalité par la baisse de la TVA de 24 à 20% depuis le 1er janvier 2016. Ce fut là le principal facteur qui a relancé la consommation. Or, encourager la consommation par des stimuli fiscaux, cela débouche généralement sur une croissance économique à court terme.»
Selon Ionut Dumitru, le niveau des revenus fiscaux en 2017 sera le plus faible des 20 dernières années en raison de la baisse des taxes et des impôts stipulée par le nouveau Code fiscal:SON: «Un tel Etat a du mal à survivre. Par rapport à une moyenne européenne de 40%, on s’attend à ce qu’en Roumanie, les recettes fiscales obtenues des taxes et des impôts ne se montent qu’à 25,4% du PIB. Un écart énorme entre nous et le reste de l’Europe en matière de ressources budgétaires.
Même la Bulgarie voisine se porte mieux, puisque le niveau de ses recettes fiscales est de 30% du PIB, soit 4 points de pourcentage de plus que nous».L’expert économique Constantin Rudnitchi a pour sa part affirmé : « La bonne nouvelle est que selon les statistiques, le poids des investissements est de plus en plus important dans la croissance économique, ce qui conduit à un rééquilibre du rapport entre les investissements et la consommation. Mais pour le reste, il faut faire attention au budget de l’État, et je dirais que c’est notamment le gouvernement qui doit veiller à ce que le déficit n’aille pas au-delà du seuil de 3% du PIB stipulé par le Traité de Maastricht. Pour la Roumanie, les prévisions ne sont pas des meilleures, surtout que le reste de l’Europe semble se préoccuper surtout du renforcement budgétaire et de la baisse du déficit. Or nous, on fait tout le contraire. Nos engagements vis-à-vis de Bruxelles concernant le respect de ce seuil ne suffisent pas pour calmer les investisseurs qui craignent un dérapage de l’économie roumaine à tout moment. Bien qu’à court terme la situation semble maîtrisée grâce à la croissance économique et à la consommation, les choses peuvent changer à moyen et à long terme quand l’économie roumaine risque de dérailler. Il vaudrait donc mieux emprunter un chemin plutôt conservateur, à même de nous aider à préserver les équilibres macroéconomiques, ce qui permettrait aux citoyens de cueillir les fruits des investissements. Car il est important que cette croissance économique se reflète dans le quotidien des citoyens, qu’ils soient salariés ou retraités ».
Selon les prévisions de la Commission européenne, le déficit de compte courant de la Roumanie devrait s’accroître de 2,2% du PIB en 2016 à 2,6% cette année avant d’atteindre les 2,8% en 2018. Pour l’année en cours, Bruxelles prévoit que l’inflation s’établisse à 1,8% après sa forte chute de l’année dernière, à moins 1%. Selon l’Exécutif communautaire, les pressions inflationnistes s’accumulent suite à l’effacement des effets des baisses précédentes des taxes, d’un renforcement de la demande intérieure et de la majoration des salaires. De ce fait, on s’attend à ce que le taux moyen d’inflation affiché par la Roumanie en 2018 se monte à 2,9%. (Trad. Ioana Stancescu)