Bilan 2015 du secteur bancaire
Fin septembre, 15 établissements bancaires du pays enregistraient des pertes, alors que 24 déclaraient avoir réalisé du profit.
Florin Orban, 15.12.2015, 13:47
Le profit enregistré par les banques de Roumanie les neuf premiers mois de 2015 s’est chiffré à environ 500 millions d’euros. Un bilan positif est attendu pour la fin de l’année aussi, mais le niveau du profit dépendra des provisions que les banques sont tenues de constituer , a déclaré Nicolae Cinteză, chef de la Direction de surveillance dans le cadre de la Banque centrale. Fin septembre, 15 établissements bancaires du pays enregistraient des pertes, alors que 24 déclaraient avoir réalisé du profit. Le taux de prêts non performants a continué à régresser jusqu’à 12,33% en septembre dernier, selon la méthodologie de l’Autorité bancaire européenne, soit le plus élevé d’Europe, mais le taux de couverture par des provisions est, lui aussi, le plus élevé, soit 58,05%.
Le directeur Nicolae Cinteză affirme que les banques de Roumanie sont très bien capitalisées, les 18,7% de capitaux propres représentant un niveau « incroyablement grand et non profitable pour les banques ». Le président de l’Association roumaine des banques, Sergiu Oprescu, estime que le problème de l’absence de profit dans l’activité des banques de l’après – crise semble avoir été résolu en 2015: « La quasi-totalité des banques s’attendent au retour du profit en 2015, mais la question qui se pose est de savoir si le système bancaire s’est débarrassé des prêts non performants des années 2007-2008. A regarder cette période, on constate la croissance la plus significative du crédit non gouvernemental, surtout pour ce qui est des crédits à la consommation, des crédits non garantis, lesquels à cette époque-là étaient accordés sur 6 à 10 ans. 2015 marque la fin de ce cycle. En tout cas, je crois que l’on a résolu le problème de l’excès de non performance et je pense que c’est aussi l’avis de la Banque centrale de Roumanie. »
Le président de l’Association roumaine des banques précise que la dynamique encore faible de l’activité de prêt est influencée y compris par la diminution de l’appétit des entreprises et des personnes éligibles pour les crédits. A son tour, le vice gouverneur de la Banque centrale de Roumanie, Bogdan Olteanu, considère que cette situation cessera bientôt, au fur et à mesure que les effets des décisions d’allègement fiscal se feront sentir. Il a réaffirmé que le système bancaire est solide, mais qu’il souffre suite à des processus visant à nettoyer les bilans des crédits non performants: « Le système bancaire est bien capitalisé, il dispose de liquidités, mais le niveau de son activité de prêt est plus faible, d’où la nécessité de relancer le crédit. Cela suppose aussi une évolution de l’économie réelle et des banques, lesquelles doivent faire en outre un effort d’adaptation, dans le sens d’un rapprochement les unes des autres. Bien sûr qu’après une crise financière profonde, le volume des prêts non performants a beaucoup augmenté, mais le nettoyage a été fait dans une grande mesure. Quant au taux d’intérêt, il évoluera en fonction du marché monétaire. On va voir le niveau de l’inflation sur le moyen et le long terme et quelles seront les attentes en la matière. »
L’activité de prêt dépendra aussi des évolutions de l’économie, a précisé Bogdan Olteanu, en ajoutant que si la tendance actuelle se poursuivait, la Roumanie pourrait atteindre son potentiel de croissance au cours de la première moitié de 2016. Les prévisions de croissance de la Roumanie en 2016 ont été révisées à la hausse tant par le Fonds monétaire international (3,9%), que par la Commission européenne qui table sur un niveau de 4,1%. Le président de l’Association romaine des banques, Sergiu Oprescu, s’attend à une relance des crédits dans la période suivante, sur la toile de fond d’un revirement de tendance pour la consommation et les investissements privés. Selon son analyse, la croissance sera de près de 5% en 2016: « Le crédit non gouvernemental augmentera en 2016 jusqu’à 5%. Cette estimation prend en compte les tendances enregistrées depuis 2014 et qui se sont accentuées en 2015, à savoir la relance de la consommation en général et du marché de l’immobilier en 2015. En plus, je crois qu’en 2016 nous allons assister aussi à un volume accru des crédits contractés par les entreprises, notamment des crédits d’investissements. »
De l’avis de Sergiu Oprescu, on a pu observer ces derniers temps un rééquilibrage entre les demandes de prêt en devises et celles de crédits en monnaie nationale. On assiste actuellement à la hausse du poids des prêts en lei, une tendance positive et soutenue par l’Association roumaine des banques. Le secteur bancaire de Roumanie se caractérise par un taux de concentration faible à moyen, signe d’un niveau élevé de concurrence, révèle un rapport du Conseil de la concurrence.
Les deux plus grandes banques du pays, à savoir la BCR, membre du groupe autrichien Erste, et la BRD – Groupe Société Générale, ont connu ces six dernières années des parts de marché de 18 à 20% et respectivement de 14 à 16%. Même si toutes les deux s’inscrivent actuellement sur une pente descendante, elles continuent de dominer le secteur bancaire roumain, est-il souligné dans le rapport du Conseil de la concurrence. Troisième banque importante du pays, la Banque Transilvania a une part de marché de près de 10%.
Elle a repris cette année la filiale roumaine de Volksbank, qui occupait la 9e place dans le classement, au moment de l’acquisition. Enfin, Raiffeisen Bank, UniCredit Bank et la Caisse d’épargne (CEC Bank, à capital d’Etat majoritaire), détiennent des parts de marché quasi égales, entre 7 et 8%. « Les parts de marché restantes sont très fragmentées entre les 34 autres banques », précise encore le rapport du Conseil de la concurrence. (trad. Mariana Tudose)