La Roumanie face à une aggravation de son déficit commercial
Le déficit de la balance commerciale de la Roumanie s’aggrave et devient, selon les experts, un problème chronique pour l’économie nationale.

Sorin Iordan, 14.03.2025, 12:35
Le déficit commercial de la Roumanie a enregistré une envolée préoccupante de 38,5 % en janvier 2025 par rapport à la même période l’année précédente, dépassant ainsi les 40,8 milliards d’euros, selon les dernières données de l’Institut national de la statistique. Cette détérioration s’explique par une croissance déséquilibrée des échanges : si les exportations ont progressé de 2,4 %, les importations ont bondi de plus de 10 %. En 2024, la Roumanie avait exporté des marchandises pour un total de 92,6 milliards d’euros, tandis que ses importations atteignaient 133,4 milliards d’euros, creusant ainsi un écart commercial toujours plus large.
Selon Vladimir Alexandrescu, chef de cabinet du président de l’Institut national de la statistique, les principaux partenaires commerciaux de la Roumanie restent l’Allemagne et l’Italie, qui représentent ensemble près d’un tiers du commerce total du pays. Côté importations, la Chine détient le plus grand déficit bilatéral, représentant 5,4 % du total. Parmi les secteurs les plus vulnérables figure le commerce des produits agricoles et alimentaires, où la Roumanie continue d’exporter majoritairement des matières premières, tout en important des produits finis. Vladimir Alexandrescu :
« En 2024, les exportations ont atteint 6,5 milliards d’euros, contre 11,4 milliards d’euros d’importations, générant un déficit de près de 5 milliards d’euros. Pourtant, avec ses ressources naturelles, la Roumanie pourrait inverser cette tendance, à condition d’opérer une mutation dans la structure de ses échanges. Il est impératif de dépasser le stade où nous exportons des produits agricoles bruts pour importer des produits transformés. Par tradition, la Roumanie dispose d’un potentiel considérable dans ce domaine. »
Malgré ce tableau contrasté, la Roumanie enregistre également des excédents commerciaux. Fait surprenant, son premier partenaire bénéficiaire est le Royaume-Uni, qui représente 1,6 % du total des excédents, suivi par la République de Moldova et les États-Unis.
Une dépendance accrue aux importations
Les données statistiques confirment également une dépendance croissante de l’économie roumaine vis-à-vis des importations complémentaires, notamment en matière de matières premières, de matériaux et de sous-ensembles, souligne Mihai Ionescu, président exécutif de l’Association nationale des exportateurs et importateurs de Roumanie. Selon lui, un autre défi majeur réside dans le manque de financement alloué par l’exécutif pour soutenir la présence des entreprises roumaines sur la scène internationale. Mihai Ionescu :
« Cette année, nous avons épuisé l’ensemble des fonds destinés à financer la participation des entreprises aux foires et expositions internationales. Depuis juin dernier, il n’y a plus de budget disponible, alors que près de 100 événements internationaux étaient prévus, notamment l’Exposition universelle d’Osaka. Sans un déblocage urgent de ce programme, plus aucune entreprise ne pourra représenter la Roumanie à l’étranger, ce qui ne fera qu’aggraver le déficit commercial. »
Ce dernier a également insisté sur la nécessité pour le gouvernement de réorienter les aides d’État et les fonds européens vers les secteurs capables de réduire durablement le déséquilibre de la balance commerciale. Une stratégie plus proactive permettrait ainsi de renforcer la compétitivité des entreprises roumaines sur les marchés internationaux et d’atténuer la pression exercée par l’augmentation des importations.