Une première sur la scène politique roumaine
Le long de plus de trois décennies de démocratie post-communiste roumaine, les politiciens autochtones ont expérimenté presque tout en matière de gouvernance : cabinets monocolores, de gauche ou de droite, dont certains minoritaires, mais soutenus par le Parlement, plus ou moins ouvertement, coalitions reposant sur des critères doctrinaires ou tout simplement sur des intérêts de conjoncture, grandes coalitions réunissant plusieurs partis. L’actuelle coalition, constituée par le PSD et le PNL à laquelle est venue s’ajouter aussi l’UDMR, est une telle alliance inattendue, puisqu’elle réunit la gauche à la droite. Ce n’est pourtant pas une première, puisqu’en 2012 l’Union social-libérale créée par les mêmes partis écrasait ses compétiteurs aux élections et arrivait à contrôler politiquement tant l’exécutif que le législatif.
Ştefan Stoica, 13.06.2023, 11:00
Le long de plus de trois décennies de démocratie post-communiste roumaine, les politiciens autochtones ont expérimenté presque tout en matière de gouvernance : cabinets monocolores, de gauche ou de droite, dont certains minoritaires, mais soutenus par le Parlement, plus ou moins ouvertement, coalitions reposant sur des critères doctrinaires ou tout simplement sur des intérêts de conjoncture, grandes coalitions réunissant plusieurs partis. L’actuelle coalition, constituée par le PSD et le PNL à laquelle est venue s’ajouter aussi l’UDMR, est une telle alliance inattendue, puisqu’elle réunit la gauche à la droite. Ce n’est pourtant pas une première, puisqu’en 2012 l’Union social-libérale créée par les mêmes partis écrasait ses compétiteurs aux élections et arrivait à contrôler politiquement tant l’exécutif que le législatif.
Mais la première absolue dans la politique roumaine n’allait arriver que plus tard : une rotation entre le Parti national libéral et le Parti social démocrate au niveau de la direction du gouvernement. Aux termes de l’accord conclu entre les deux poids lourds de la politique roumaine en novembre 2021, après une année et demi durant laquelle le gouvernement de coalition est dirigé par le leader libéral Nicolae Ciuca, celui-ci doit démissionner en faveur de son partenaire, le leader social-démocrate Marcel Ciolacu. Cette démission était initialement prévue pour la fin mai, mais les décideurs politiques ont choisi d’ajourner cette rotation afin de solutionner la crise générée par la grève générale de l’enseignement préuniversitaire.
Lundi, après la suspension de la grève, Nicolae Ciuca a finalement dépose son mandat. Le prochain gouvernement devrait être investi jusqu’à jeudi, ou du moins c’est ce que les partis de la coalition gouvernementale se sont proposées. Nicolae Ciucă: « Les procédures pour la rotation ont démarré au sein de la coalition. Ce qui est important de souligner c’est que juste après un gouvernement par intérim prendra le relais, pour fonctionner jusqu’à l’investiture d’un nouveau gouvernement, espérons-le à la fin de la semaine. Nous nous sommes proposés d’investir le gouvernement avant jeudi, afin de nous occuper toujours des problèmes prioritaires figurant dans le programme de gouvernance et à l’agenda du gouvernement. » a déclaré Nicolae Ciuca.
Le professeur des Universités Andrei Taranu affirme que la rotation gouvernementale se produira malgré les voix des quelques sceptiques qui rappellent que de nombreux engagements et arrangements politiques ont échoué à travers le temps. Andrei Ţăranu: « Elle se produira le plus probablement, autrement toute la construction politique des derniers temps deviendra caduque. La Roumanie a été disons pionnière en Europe centrale et de l’est pour avoir imaginé cette construction, insolite en quelque sorte. » affirme le professeur Andrei Taranu. Selon lui, le modèle roumain de la rotation pourrait s’avérer un modèle à succès, surtout pour les Etats de la région et il serait dommage que la Roumanie l’abandonne à la mi-chemin. Depuis l’Opposition, l’Union Sauvez la Roumanie affirme sans équivoque que la rotation des premiers ministres n’est pas une solution à tous les problèmes des citoyens. D’ailleurs, la presse internationale note aussi que le cabinet Ciuca n’a pas réussi à mener à bien aucune des réformes importantes, figurant dans le plan de redressement par le biais duquel la Roumanie se voit accorder des fonds européens.