Une nouvelle ministre de l’Education
Pendant les 32 ans de postcommunisme, en Roumanie l’éducation a été le domaine sur lequel la plupart des changements, souvent perturbateurs, ont été appliqués. L’instabilité politique continue a projeté à la tête du ministère beaucoup de personnages, tous désireux d’innover et de rester dans l’histoire comme des réformateurs. Comme ils n’ont pas réussi à garder leurs fonctions pendant longtemps, en fin de compte ils n’ont fait qu’annuler les réformes promues par leurs prédécesseurs. Après trois décennies d’innovation continue, les résultats sont visibles. Pourtant, ils ne sont pas des meilleurs.
Bogdan Matei, 04.10.2022, 15:10
Pendant les 32 ans de postcommunisme, en Roumanie l’éducation a été le domaine sur lequel la plupart des changements, souvent perturbateurs, ont été appliqués. L’instabilité politique continue a projeté à la tête du ministère beaucoup de personnages, tous désireux d’innover et de rester dans l’histoire comme des réformateurs. Comme ils n’ont pas réussi à garder leurs fonctions pendant longtemps, en fin de compte ils n’ont fait qu’annuler les réformes promues par leurs prédécesseurs. Après trois décennies d’innovation continue, les résultats sont visibles. Pourtant, ils ne sont pas des meilleurs.
Les élèves et les parents blâment la confusion causée par le changement de règles pendant le jeu. Les Roumains qui en ont les moyens préfèrent envoyer leurs enfants étudier à l’étranger. Les diplômés les plus brillants choisissent, à leur tour, de quitter le pays. L’enseignement technique ne produit plus beaucoup. Il est, donc, de plus en plus difficile de trouver un plombier ou un mécanicien qualifié. A cause du stress et des salaires, même le métier d’enseignant n’est plus recherché, et c’est pourquoi à la campagne et dans les petites villes, il y a de plus en plus d’enseignants suppléants. Même si les chiffres ne sont pas toujours cohérents, toutes les études spécialisées attestent un taux élevé d’analphabétisme fonctionnel parmi les diplômés des écoles roumaines. Dans ce contexte-là, la rentrée universitaire a commencé, lundi, sans un ministre à pleins pouvoirs.
Le libéral Sorin Cîmpeanu avait démissionné, quittant le portefeuille du gouvernement PSD (Parti Social-Démocrate) – PNL (Parti National Libéral) -UDMR (Union Démocratique Magyare de la Roumanie) dans un concert de critiques sur les réformes qu’il voulait imposer et, ce qui est pire, après qu’une journaliste ait démontré son plagiat.A la place de Sorin Cîmpeanu, PNL a nommé au ministère de l’éducation Ligia Deca, conseillère du président Klaus Iohannis. Conformément à la présentation sur le site Internet de l’administration présidentielle, elle est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et a publié de nombreux articles et études dans des revues prestigieuses dans le domaine des politiques éducatives. Ligia Deca a également coordonné le développement du projet « La Roumanie éduquée », que le président Klaus Iohannis tient au cœur. En tant que ministre, elle promet de faire de son application une priorité.Entre temps, la nervosité et la frustration dans le système sont évidentes, comme le prouve une étude réalisée par l’organisation World Vision.
Deux enseignants roumains sur trois soulignent que le programme scolaire est encore trop chargé et que le décrochage demeure un problème non résolu cette année non plus. A cause de la pauvreté, 35% des adolescents n’ont pas assez de fournitures et de livres pour l’école. Un parent sur dix est obligé de retirer au moins un enfant de l’école, temporairement ou définitivement, pour faire face aux dépenses. La moitié des enseignants sont découragés par le manque d’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants. 65% disent qu’il faut plus d’argent pour les laboratoires scolaires et pour les espaces dédiés aux activités sportives. Bref, un tableau déprimant de la « Roumanie éduquée » promise par le président Klaus Iohannis, lui-même professeur de physique, à Sibiu (centre de la Roumanie), avant d’entrer en politique.